“À chaque fois, ils font la promesse que ça va améliorer le réseau” 

Par Charlotte Paquet 12:03 PM - 30 mars 2023
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Guillaume Tremblay, le président du Conseil central Côte-Nord – CSN, craint le climat d’instabilité et de démobilisation qu’entraînera la création de Santé Québec.

Le projet de loi 15 visant la création de Santé Québec est loin d’être applaudi par le milieu syndical, c’est plutôt le contraire.

Au Conseil central Côte-Nord – CSN, le président, Guillaume Tremblay, n’en revient pas qu’on s’apprête encore une fois à brasser les structures du réseau de la santé et des services sociaux sous prétexte que ça va l’améliorer.

“À chaque fois, ils font la promesse que ça va améliorer le réseau. On n’a pas le temps de se remettre d’une réforme qu’on nous en annonce une autre”, soupire M. Tremblay. Il fait cependant remarquer que les temps d’attente dans les urgences et les heures supplémentaires n’ont pas diminué et l’accès aux médecins de famille est toujours aussi difficile.

Ces grands brassages créent de l’instabilité et de la démotivation chez les travailleurs du réseau, selon lui. “C’est toujours pareil. Ils nous disent que ça va changer et on n’y croit plus”.

Le fait de passer de 34 employeurs à 1 et de 136 conventions collectives à 4 n’a rien pour l’encourager non plus. 

Anciennetés fusionnées

Un autre aspect qui inquiète beaucoup Guillaume Tremblay, c’est la fusion des anciennetés et le risque de voir la région se vider de ses travailleurs de la santé.

“Je ne pense pas que quelqu’un qui a de l’ancienneté et travaille au CHU de Québec veuille venir travailler à l’Hôpital Le Royer à Baie-Comeau”, indique-t-il, en soulignant que le contraire risque cependant de se produire, surtout que des postes vacants, il y en a un peu partout en raison de la pénurie de main-d’oeuvre.

Enfin, le président de la CSN sur la Côte-Nord considère que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, devrait réellement se poser des questions sur sa réforme quand il voit l’ancien ministre libéral de la Santé, Gaétan Barrette, s’en réjouir, lui qui a réalisé la dernière réforme, celle créant les CISSS et les CIUSSS en 2015.

Mauvais départ pour l’APTS

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) n’est pas plus tendre envers le projet de loi 15. Dans un communiqué, sa représentante nationale sur la Côte-Nord, Maude Fréchette, dénonce une démarche qui part sur de bien mauvaises bases avec l’absence de consultation des salariés et autres acteurs sur le terrain avant son dépôt.

“Ça fait des décennies que les gouvernements successifs répètent les mêmes erreurs. Centraliser toujours plus et consulter toujours moins, c’est la recette parfaite pour aggraver la situation », avertit Mme Fréchette.

Tout en faisant remarquer que “le gouvernement poursuit les travaux de la réforme Barrette plutôt que d’apprendre de ses erreurs”, elle dit aussi craindre les conséquences de la fusion des listes d’ancienneté sur l’instabilité des équipes de travail et les tensions entre collègues. Déjà difficile, la rétention du personnel risque également d’écoper, selon elle.

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