Aires protégées pour le caribou: “Pas de quoi sabrer le champagne” 

Par Émélie Bernier 1:12 PM - 26 avril 2023 Initiative de journalisme local
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On connaîtra enfin les tenants et aboutissants de la stratégie de protection du caribou forestier et montagnard. Courtoisie: Peuple Loup

Le ministre de l’Environnement Benoît Charette a laissé entendre que de nouvelles aires de protection du caribou seront annoncées dans les prochaines semaines, évoquant notamment le Pipmuacan. Mais cette annonce ” n’en est pas une “, selon le vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit, Jérôme Bacon St-Onge.

L’information a été transmise mardi par le ministre dans le cadre de l’étude des crédits budgétaires du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et Le Devoir l’a relayée.

” Il y aura des aires protégées de confirmées dans les prochaines semaines. Je ne commencerai pas à les nommer, […] mais il y aura aussi des mesures de protection du côté du Pipmuacan “, sont les mots prononcés par le ministre Charette.

Jérôme Bacon St-Onge n’y voit pas l’occasion de célébrer. ” Ce que les gens qualifient d’annonce, on l’accueille avec réserve parce que ce n’en est pas une comme telle. On n’a pas vraiment été consultés par le ministre depuis l’envoi de nos mises en demeure, nos sorties publiques, toutes nos démarches pour en venir à l’inscription de nos aires protégées pour le Pipmuacan. Il n’y a pas de quoi sabrer le champagne “, insiste-t-il.

Rappelons que la communauté innue de Pessamit a déposé en novembre 2020 une demande officielle pour la création de l’aire protégée Pipmuacan en vue de protéger non seulement le territoire, mais également les caribous qui l’occupent.

Devant “l’inaction” du gouvernement caquiste, le Conseil des Innus de Pessamit a acheminé en mai 2022 une mise en demeure au gouvernement du Québec pour le presser d’agir dans ce dossier.

L’heure n’est plus aux discussions, mais à l’action, insiste M. Bacon St-Onge.

“On a dit notre vision pour territoire, pour le caribou, le fédéral et le provincial se sont chicanés, mais on n’est plus à l’heure des chicanes de compétences… L’heure est à l’action! La communauté scientifique est unanime : le caribou est l’espèce la plus étudiée au Canada et on parle d’une précarité alarmante, d’un danger d’extinction”, clame-t-il.

Si rien ne bouge rapidement, des actions plus drastiques pourraient-elles être entreprises? La question se pose dans la communauté.  

” On continue de maintenir qu’il faut y aller de façon politcally correct, mais on va peut-être devoir durcir le ton. On n’a pas l’intention de bloquer des routes, mais si c’est ce que ça prend pour faire bouger les gouvernement, on va le faire. La société québécoise saisit le message. Si on en vient à devoir perturber la circulation sur la 138, les gens vont comprendre que c’est parce que ça fait un an qu’on se soulève et qu’il ne se passe rien “, concède le vice-chef. 

La SNAP Québec réagit

La Société pour la nature et les parcs (SNAP) Québec a également réagi à la “non-annonce”, espérant que celle-ci se concrétise promptement. ” On est content de ce qui est sorti dans Le Devoir. On pousse pour que les aires protégées fassent partie de la nouvelle stratégie de protection du caribou et, oui, on avait des inquiétudes, mais là, on a un signal clair que ce sera utilisé. Le secteur Pipmuacan est sur la table depuis 2020 et c’est une priorité “, indique Pier-Olivier Boudreault, directeur de la conservation à la SNAP. 

Les détails seront attendus. ” On comprend que c’est une annonce d’intention, mais c’est un très bon signal. Le gouvernement s’est engagé à soutenir les initiatives autochtones et, pour nous,  c’est un pas dans la bonne direction.” 

” On va se réjouir la minute qu’ils vont annoncer concrètement que notre projet de protéger le Pipmuacan va de l’avant “, conclut pour sa part M. Bacon.

La stratégie pour les caribous forestiers et montagnards doit être rendue publique d’ici la fin juin. 

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