Coupe d’arbres : une première manche gagnée pour les citoyens de Pointe-Lebel

Par Charlotte Paquet 11:48 AM - 16 mai 2023
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Le citoyen André Foster, qui habite en face du boisé à protéger, s’est fait entendre.

Plus de 80 citoyens de Pointe-Lebel ont envahi la salle du conseil municipal, en début de soirée lundi, pour crier leur opposition à des travaux de coupe à blanc lancés par la MRC de Manicouagan sur leur territoire. Grâce à l’appui de leurs élus, ils ont réussi à gagner une première manche avec une demande de suspension immédiate de l’abattage.

Devant le tollé créé par le lancement des travaux de récolte au début de mai, travaux qui doivent se poursuivre sur une année, la municipalité de Pointe-Lebel a organisé une séance d’information à 18 h lundi. Les deux représentants de la MRC sur place pour expliquer la raison d’être du projet de récolte ont subi les foudres des gens.

Une fois terminée la séance d’information particulièrement houleuse, la réunion du conseil municipal qui a suivi a permis l’adoption d’une résolution en trois volets. Elle demande la suspension immédiate des travaux de récolte, la création d’un comité composé d’élus et de citoyens et, finalement, la sollicitation d’une rencontre avec la MRC pour lui transmettre leurs doléances.

Plus de 80 personnes étaient présentes à la séance d’information.

Une tempête destructrice

Faut-il rappeler que la tempête de vent du 23 décembre 2022 a causé d’énormes ravages à la forêt à Pointe-Lebel, mais ailleurs aussi dans la péninsule Manicouagan. D’innombrables arbres ont été renversés.

Un survol des territoires affectés en hélicoptère, en janvier, a permis à la MRC, gestionnaire des forêts publiques pour le compte du ministère des Ressources naturelles, d’évaluer le travail de récolte à faire et les zones à rubanner.

En avril, un contrat a été accordé à une entreprise des Bergeronnes pour la récolte et la vente du bois, comme le veut la pratique sur les terres publiques. 

Bois renversé et bois debout

La furie des Lebelois s’explique principalement par le fait qu’il n’y a pas uniquement le bois renversé qui doit être abattu, mais aussi des arbres sains tout autour.

Philippe Poitras, directeur de la gestion foncière à la MRC et forestier de formation depuis 30 ans, assure que les arbres à proximité ne survivront pas. Il juge que ce serait irresponsable de laisser en place des arbres qui tomberont de toute façon d’ici deux ans en raison de la faiblesse de leur système racinaire. Il parle également des risques d’incendie et d’infestation de longicornes si rien n’est fait.

M. Poitras n’a pas manqué de souligner que des travaux de reboisement sont prévus.

Citoyens en furie

Des arguments contre le projet d’abattage, les citoyens en avaient une panoplie à fournir. Ça a été principalement le cas pour ceux qui habitent dans le secteur de Pointe-Paradis et qui craignent le désastre causé à un boisé grandement fréquenté par des amateurs de randonnée, de motoneige et de ski de fond, entre autres choses.

Mais il y a plus. Les gens craignent d’être à nouveau envahis par les poussières provenant de la tourbière de Premier Tech, tout comme c’était le cas il y a une vingtaine ou une trentaine d’années. La pousse des arbres avec les années assurent une protection.

Les citoyens voient aussi se profiler à l’horizon d’innombrables lames et bancs de neige directement sur la rue Granier avec la disparition de la végétation qui formait un mur en période de grands vents.

Certaines personnes ont parlé des risques pour la nappe phréatique si l’abattage des arbres se réalise comme prévu. Et au-delà de tout ça, il y a leur qualité de vie qui sera grandement affectée.

Fourbir les armes

Les Lebelois sont bien déterminés à se faire entendre. “Si une machine vient dans mon coin, je vais aller faire un tour et ils vont revirer de bord”, a prévenu en substance André Foster, qui habite justement en face du boisé que les gens veulent protéger.

M. Foster a ajouté qu’un résident s’est même dit prêt à bloquer la route si la MRC ne change pas son fusil d’épaule. 

À suivre.

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