Produits forestiers Résolu aux abois
L'usine de Produits Forestiers Résolu de Clermont. Archives
Il est encore trop tôt pour mesurer les impacts économiques sur l’industrie forestière des grands feux qui grugent sa matière première, mais on sait déjà que les scieries, comme les usines de pâtes et papier, en goûteront amèrement les contrecoups.
Chez Produits Forestiers Résolu (PFR), toutes les activités forestières sont suspendues. L’arrêt du transport du bois a un impact direct sur toutes les opérations. « Sans transport, les cours se vident », résume Louis Bélanger. Les usines de pâtes et papiers ne seront pas épargnées. « Éventuellement, il peut y avoir des impacts au niveau pâtes et papier, parce que si on ne scie pas, y’a pas de copeaux, et s’il n’y a pas de copeaux, il n’y a pas de papier. »
Il est trop tôt pour dire si l’usine de Clermont devra interrompre ses opérations, mais le spectre d’une fermeture temporaire liée à un approvisionnement insuffisant plane ici comme ailleurs.
Pour le moment, on ne peut qu’anticiper l’ampleur des impacts de ce printemps dévastateur puisque le feu fait encore rage.
« Il faut attendre que les équipes du ministère soient allées sur le territoire et nous donnent une carte avec des contours très précis des unités d’aménagement où le feu s’est rendu, quelles superficies ont brulé ou pas… Il peut y avoir des trouées, des secteurs non atteints, mais il est trop tôt pour savoir tout ça », indique Louis Bouchard, directeur principal affaires publiques et gouvernementales de PFR pour le Canada.
Quoi qu’il en soit, les pronostics ne laissent présager rien de bon. « On est dans un mode où on monitore à la seconde l’évolution des feux dans les différentes régions. Des cellules de crise ont été mises en place pour s’assurer qu’on comprend bien l’évolution de tout ça. C’est du jamais vu», indique-t-il.
Les opérations de récolte et de transport du bois sont en pause depuis plus d’une semaine et pour une période indéterminée, avec les impacts sur la chaîne d’approvisionnement que l’on imagine.
« On avait du bois déjà récolté qui était sur le bord des chemins, prêt à être transporté. On n’est pas encore en mesure d’aller le chercher, mais c’est quelque chose sur quoi on travaille avec les autorités, notamment sur la Côte-Nord où la situation s’est améliorée », explique M. Bouchard.
Réapprovisionner les scieries, dont celle de Pointe-aux-Outardes, est une priorité, mais pas aux dépens de la sécurité des travailleurs. « On ne va pas s’aventurer en forêt tant qu’on n’aura pas le ok des autorités.»
PFR a mis sa machinerie à la disposition de la SOPGEU. « On essaie de rapatrier la machinerie qui est en forêt et qui pourrait servir à lutter contre les incendies, faire des coupe-feux, creuser des tranchées, et ça, à la grandeur du Québec », précise M. Bouchard.
Les inventaires de bois diffèrent d’une scierie à l’autre. «On a déjà interrompu les opérations à La Doré et Girard parce qu’on n’a plus de bois à scier. À Senneterre et Comtois aussi, mais c’est parce que les feux entourent la ville. »
Un été dans la “schnoutte”
Les prochains mois seront consacrés à la récolte de bois brûlé, avant que celui-ci ne soit affecté par le longicorne noir.
« Ça fait partie de nos permis de récolte, c’est une obligation. À partir du moment où le MRNF nous demande de récolter post-sinistre, on doit le faire. C’est beaucoup plus long, parce qu’il faut nettoyer les têtes de scie qui se remplissent de suie. Les parterres de coupes sont morphologiquement différents, modifiés par le feu. C’est une logistique tout à fait différente, c’est le jour et la nuit. Et à la scierie, c’est la même chose. La qualité du bois d’œuvre n’est pas la même, il faut nettoyer les équipements, c’est beaucoup plus cher… »
Il demeure possible de transformer du bois brûlé en bois de sciage.
« Mais il faut intervenir rapidement avant que le longicorne se mette dedans. Le longicorne va manger le bois brûlé et quand il est piqué, il n’a plus de valeur économique. C’est pour ça qu’on abandonne nos plans de bois vert une fois qu’on a l’ordre de récolter le bois brûlé », indique Louis Bouchard.
L’été s’annonce salissant et difficile pour l’industrie. « On va passer l’été dans la “schnoutte”! N’ayons pas peur des mots. Ça va très très mal. Ajoutez le caribou et on va avoir un bel été…», évoquant les aires protégées destinées à cet animal.
Impossible, pour le moment, de préciser le plan pour la suite des choses.
« Nos ingénieurs forestiers voient les cartes de la SOPFEU et ce sont des cartes relativement générales. On est capable d’extrapoler sur certains secteurs qu’on s’apprêtait à récolter et faire certains plans de contingence, mais ça demeure théorique. On est habitué de gérer des feux de forêt, mais une situation comme celle-là, mes collègues qui sont là depuis plus longtemps que moi n’ont pas vu ça en 35 ans… », indique Louis Bouchard. La fin des feux est attendue et espérée. « Là, on souhaite que les gens arrêtent de mettre le feu. On a encore quatre feux d’origine humaine qui ont été déclenchés à Senneterre… Il y a encore des gens qui n’ont pas compris! »
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