Que restera-t-il de nos forêts?

Par Emelie Bernier 8:19 AM - 8 juin 2023
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Au moment d’écrire ces lignes, à 8h le jeudi 8 juin, 637 970.9 hectares de forêt québécoise avaient été affectés par des incendies en 2023, bien devant la moyenne des 10 dernières années de 1 319 hectares à pareille date. Nul doute, l’industrie forestière québécoise sera profondément bouleversée par ces feux sans précédent.

En novembre 2021, le Forestier en chef rendait publiques les possibilités forestières pour la période 2023 à 2028, soit deux ans avant leur entrée en vigueur. Les incendies qui déciment des centaines de milliers d’hectares de forêt rendront-ils ces chiffres caducs? Tant que les feux brûlent encore, il est trop tôt pour obtenir une réponse définitive, mais une révision n’est pas écartée.

Au Québec, les possibilités forestières, soit le volume maximum annuel qu’il est possible de récolter dans un objectif d’aménagement durable,  sont présentement établies à 34 916 800 mètres cubes de bois, un chiffre qui a été ajusté pour prendre en compte de la désignation de nouvelles aires protégées. Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts est responsable d’attribuer ces mètres cubes aux compagnies forestières.

Suite à l’importante perturbation en cours,  une révision des possibilités forestières 2023-2028 pourrait être envisagée par le Forestier en chef.

L’approvisionnement des usines de sciage sera forcément affecté par les feux. Photo archives.

« Lorsqu’il y a une perturbation naturelle, la capacité forestière peut effectivement en être affectée. Il devient alors nécessaire de diminuer la récolte de bois pour éviter qu’une récolte excessive soit déployée dans les territoires forestiers qui n’ont pas été affectés par les feux de forêt », indique Lise Guérin, responsable des communications au Bureau du forestier en chef

Il incombe à ce dernier la « responsabilité de réaliser un nouveau calcul des possibilités forestières lorsque des perturbations naturelles représentent un risque pour la pérennité de la forêt », précise-t-elle.

Avant de décider s’il faudra entreprendre ce nouveau calcul, le Forestier en chef aura besoin d’un portrait précis de la situation «post-feu ».

Une cartographie de l’ensemble des unités d’aménagement touchées par les feux de forêt sera réalisée en premier lieu.  Des plans d’aménagement spéciaux seront établis afin de récupérer des bois affectés par les feux de forêt.

« Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts devra entreprendre l’élaboration de ces scénarios une fois que les incendies de forêt seront derrière nous. À ce moment pour chaque territoire, la planification régulière de la récolte devrait être modifiée et la récolte des bois affectés par les feux sera priorisée pour maximiser leur récupération», indique Mme Guérin.

Les contrats qui lient les compagnies forestières au Forestier en chef imposent que celles-ci s’affairent à récolter le bois brûlé récupérable pour le sciage dans un délai rapide après les incendies, afin d’éviter que celui-ci soit corrompu par le longicorne noir.

Les feux, bien que dévastateurs, pourraient laisser derrière eux des parties intactes dans certains territoires affectés, mais il est trop tôt pour en connaître l’étendue.

Selon le chercheur en écologie forestière du Service canadien des forêts Yan Boulanger, ramener une forêt brûlée en exploitation prendra au bas mot entre 60 et 70 ans. « Ça va dépendre de la productivité des sites et bien sûr, il va y avoir un couvert avant ça, mais on parle d’au moins 60 ans pour avoir un couvert récoltable, être capable de la couper de nouveau. »

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