Une innovation pour prévenir l’empêtrement des baleines noires

Par Johannie Gaudreault 8:00 AM - 2 septembre 2023
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Voici l’innovation qui permet d’empêcher les baleines noires de s’empêtrer dans les filets de pêche au crabe. Photo Martin Toulgoat, Merinov

Il sera maintenant moins risqué pour les baleines noires de l’Atlantique du Nord de s’empêtrer dans les engins de pêche au crabe des neiges. Une équipe de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) a conçu une innovation prometteuse pour la survie de ce cétacé faisant partie des espèces en péril depuis 2005. 

Le professeur en génie mécanique, Noureddine Barka, et son équipe, ont développé un maillon faible à double seuil pour réduire le risque d’empêtrement. 

« Lorsque des baleines sont repérées dans une zone de pêche, celle-ci est fermée et les pêcheurs n’ont que quelques heures pour aller retirer tous les casiers qu’ils y ont posés. Diverses stratégies ont été tentées afin de poursuivre la pêche dans ces zones, comme des cordages ayant un seuil de rupture de 1700 livres ou des bouées jaillissantes, qu’on appelle des bouées pop-up, mais ces solutions sont soit trop fragiles, soit trop coûteuses », explique le professeur.

Grâce à l’invention des ingénieurs de l’UQAR, les baleines qui sont prises au piège peuvent se libérer en quelques minutes seulement. 

« Le maillon faible à double seuil a été conçu pour qu’une baleine se libère en 5 à 6 minutes sous 1 700 livres de tension. Il résiste en outre à des tensions pouvant atteindre 3 500 livres pendant au moins 3 minutes, ce qui permet aux pêcheurs de remonter leurs casiers en toute sécurité sans changer leur façon de pêcher », poursuit M. Barka.

Le développement de cette innovation a nécessité plus de quatre années de travail depuis 2019.

« Nous avons développé trois versions de prototype. Le principal défi était de créer un dispositif qui résiste à de fortes tensions pour que les pêcheurs puissent remonter leurs cages sans les perdre si le maillon se détache trop tôt. En revanche, il fallait que le dispositif se détache rapidement si une baleine s’empêtre dans le cordage », précise Noureddine Barka.

Après plusieurs essais de solidité en laboratoire à l’UQAR, le maillon faible à double seuil a été testé lors de sorties en mer dans la baie des chaleurs, en Gaspésie. « Notre système a le grand avantage de modifier le moins possible les activités de pêche. Le dispositif est facile d’utilisation, sécuritaire, réutilisable et procure une grande autonomie aux pêcheurs qui le manipulent », observe le professeur en génie mécanique.

Mentionnons que M. Barka a été accompagné par l’auxiliaire de recherche Slim Mougou pour toutes les étapes de développement depuis l’automne 2020. Plusieurs partenaires se sont aussi joints au projet de recherche afin de le rendre possible. 

Un groupe d’investisseurs a montré son intérêt à commercialiser le maillon faible à double seuil développé par l’équipe de l’UQAR.

Une espèce en péril

Selon le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), on dénombre environ 400 baleines noires dans le golfe du Saint-Laurent.

Depuis quelques années, Pêches et Océans Canada et Transports Canada ont mis en place des mesures pour réduire le risque d’empêtrement dans les filets de pêche et de collision avec les navires, dont la fermeture de zones de pêche fréquentées par la baleine noire.

Le professeur Noureddine Barka entouré de Jérôme Laurent, chercheur industriel chez Merinov, et de Daniel Desbois, président de l’Association des crabiers gaspésiens et président des Industries Fipec. Photo Martin Toulgoat, Merinov