Cinq fois plus de cas de tuberculose sur la Côte-Nord en 2023
Des femmes innues de Mingan en traitement au Sanatorium Ross de Gaspé, quelque part entre 1949 et 1960. Photo BAnQ Sept-Îles, Fonds Pauline Laurin
En date du 13 septembre, c’est cinq fois plus de cas de tuberculose qui ont été déclarés sur la Côte-Nord, qu’en 2022. Cette maladie infectieuse contagieuse qui affecte principalement les poumons et les voies respiratoires touche particulièrement les communautés autochtones de la région.
« Au total, 10 cas ont été déclarés dans la région, comparativement à deux cas en 2022 », rapporte Pascal Paradis, responsable des communications du CISSS de la Côte-Nord.
Les cas ont été répertoriés par lieu de résidence. Sept-Îles et Kawawachikamach comptent un cas chacun. On en recense deux par endroit à Uashat Mak Mani-Utenam, Pessamit, Mingan et Matimekush-Lac John.
On compte aussi un décès.
Une recrudescence de cas est donc observée dans la région.
« Les cas qu’on note sont en lien avec une réactivation », rapporte le directeur de la Santé publique de la Côte-Nord, Dr Richard Fachehoun. « Ce sont des gens qui ont été exposés à des cas de tuberculose par le passé, mais qui n’ont pas eu le traitement préventif, ou n’ont pas pris leurs médicaments. Donc, dans les deux ans qui suivent cette exposition, ou quand les gens vont subir une perte de leur système immunitaire (diabète, immunosuppression…), les microbactéries vont se multiplier et la personne va devenir contagieuse », explique-t-il.
« De 2019 à 2020, la moyenne annuelle était de quatre cas. En 2021 et 2022, on a eu deux cas par année », précise le Dr Fachehoun.
Selon un document rédigé par Santé Canada, le taux de tuberculose est 40 fois plus élevé chez les membres des Premières Nations vivant dans les communautés que chez les non-Autochtones nés au Canada.
Dans ce même document intitulé La tuberculose dans les communautés autochtones, on peut lire que les facteurs qui augmentent les chances de développer une tuberculose active sont : les maisons surpeuplées et mal ventilées, l’insécurité alimentaire, le tabagisme et avoir d’autres maladies comme le diabète.
Maladie sociale
Même si les faits démontrent une présence marquée de cas dans les communautés autochtones, le Dr Richard Fachehoun tient à souligner que la tuberculose est une « maladie sociale » qui ne leur est pas unique.
« J’insiste sur le fait que c’est une maladie sociale, ce n’est pas juste dans les communautés », ajoute-t-il. « Ces facteurs sont partout. On les a chez les allochtones et les autochtones. Tous les enjeux sociaux, de logements peuvent contribuer à la transmission. »
Nouveau traitement
Un nouveau traitement facilite la prise du médicament. L’ancienne méthode était une fois par jour pour une période de quatre mois.
« Les gens n’adhèrent pas toujours à ça », dit le Dr Fachehoun.
Le traitement actuel est une seule fois par semaine, pour une durée de douze semaines.
« Ça simplifie vraiment la prise. »
Plan d’action complexe
La Santé publique travaille actuellement avec les communautés pour l’élimination de la tuberculose dans la région.
Une partie du protocole est en cours, mais n’est pas complètement déployée.
« Vu qu’on a des cas maintenant dans la communauté, on se concentre sur les cas et les contacts », précise-t-il.
Il explique que le but est d’identifier très rapidement les cas de tuberculose active et de les traiter pour limiter la propagation. Ensuite, à moyen terme, dépister tous ceux qui sont à risque dans la population.
Les gens âgés de deux ans et plus qui n’ont pas eu de tests récents pourront alors savoir s’ils ont été en contact et s’ils ont une tuberculose latente, qui pourrait s’activer lors d’un affaiblissement de leur système immunitaire.
« Si on voit quelqu’un qui a une infection latente, on va lui offrir le traitement », dit-il.
Le protocole pour les gens qui ne sont pas des cas contacts sera déployé dans les prochaines semaines, ou les prochains mois. Avant de débuter, il faudra beaucoup de planification.
« Il faut planifier le nombre de personnes à dépister. Sur ce nombre, il faut s’attendre à avoir des gens qui seront positifs, donc il faut planifier le corridor de services, ou les radiographies à faire et nous assurer que les gens soient traités avec le nouveau protocole », précise Dr Fachehoun.
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