L’itinérance sur la Côte-Nord : un intervenant de la Manicouagan se prononce 

Par Anne-Sophie Paquet-T. 8:00 AM - 26 septembre 2023
Temps de lecture :

Une chambre pour un utilisateur de la résidence St-Joseph à Pointe-aux-Outardes. Photo : Louka Tremblay

Louka Tremblay est intervenant auprès des personnes en situation d’itinérance depuis deux ans. Il côtoie de près la souffrance humaine tous les jours. Il a accepté de se confier au journal le Manic afin de faire un portrait de cette triste réalité dans la région. 

« Tout d’abord, c’est bien que pour une première fois, on puisse reconnaître que l’itinérance existe aussi sur la Côte-Nord », exprime d’entrée de jeu Louka Tremblay, parlant du rapport provincial sur le dénombrement de personnes en situation d’itinérance dans l’ensemble du Québec.

« La réalité, c’est que les personnes en situation d’itinérance, il y en a de plus en plus depuis la dernière année. Il y a beaucoup d’itinérance cachée », précise-t-il. 

Selon l’intervenant, l’augmentation du prix des loyers, des services et du prix de la facture d’une épicerie a défavorisé les Nord-Côtiers qui n’ont plus d’adresse fixe en date d’aujourd’hui. La pénurie de logements et la privatisation de logis pour prioriser les chambreurs de l’extérieur sont un véritable fléau pour la population, selon M. Tremblay. « Si une personne est sur l’aide sociale, les propriétaires refusent de leur louer un logement disponible. C’est une nouvelle réalité », raconte Louka Tremblay.

La clientèle typique de la résidence St-Joseph est des hommes âgés de 40 à 50 ans qui sortent de détention ou qui n’ont plus de logement par expulsion. Des problèmes de toxicomanie et de santé mentale s’ajoutent au portrait selon l’intervenant.

Même si la situation d’itinérance de la classe moyenne se fait sentir dans l’ensemble de la province, M. Tremblay ne voit pas encore cette réalité. « Il va y avoir de plus en plus dans cette situation, mais elle fait partie de l’itinérance cachée. Ils ne sont pas encore rendus à la dernière étape, soit celle d’être hébergé chez nous », confie-t-il.

Un besoin de financement urgent 

« Les solutions concrètes seraient l’accessibilité à des logements subventionnés de petites unités comme des uns et demi », fait valoir Louka Tremblay. Les critères de l’Office municipal d’habitation sont trop sévères selon lui. 

Évidemment, financer les deux maisons d’hébergements sur la Côte-Nord qui ont de la place pour accueillir les personnes dans le besoin tout en les accompagnant dans leur processus de réhabilitation social serait une priorité. M. Tremblay explique être en mesure d’accueillir seulement six résidents sur 15 par manque de financement. « Nous avons déjà été dans l’obligation de refuser des personnes et ils se retrouvent dans la rue avec un sac à couchage », conclut M. Tremblay.

Partager cet article