Le Cégep de Sept-Îles veut construire une clinique médicale

Par Emy-Jane Déry 5:05 AM - 25 octobre 2023
Temps de lecture :

Photo iStock

Le Cégep de Sept-Îles espère construire des locaux pour accueillir en ses murs un groupe de médecine de famille universitaire, ce qui serait une première au Québec pour un établissement collégial.

Il y a deux ans que le Cégep de Sept-Îles travaille à développer son projet de groupe de médecine de famille universitaire (GMF-U), en collaboration avec le CISSS de la Côte-Nord et différents partenaires. 

Selon les dernières estimations vieilles d’un an, le projet est évalué à 12M$. On construirait un troisième étage à un pavillon déjà existant du cégep. L’idée est audacieuse, mais elle n’entre par dans les critères habituels des projets du genre, ce qui lui donne du fil à retorde. Comme ça ne s’est jamais fait, au niveau de l’administration du ministère, c’est un peu plus compliqué. 

En général, les GMF et GMF-U vont être installés dans des locaux commerciaux loués.

« Quand tu regardes le prix de construire un nouveau bâtiment par rapport à une location commerciale à Montréal ou à Terrebonne, ce ne sont pas les mêmes prix », illustre David Beaudin, directeur général du Cégep de Sept-Îles. « C’est un enjeu financier. Nous devons prouver la légitimité de le faire et d’avoir un prix plus élevé qu’ailleurs au Québec. » 

En revanche, les arguments ne manquent pas. Les 16 étudiants en médecine de l’Université Laval qu’on voudrait y accueillir, ainsi que les autres stagiaires et résidents, pourraient profiter des différents services du collège (gym, cafétéria), en plus d’être en contact avec les étudiants et chercheurs du cégep.

Tout le département de la technique en sciences infirmières pourrait également venir profiter naturellement de ce nouveau milieu.

« Ça peut devenir un milieu de stage pour nos étudiants et étudiantes en sciences infirmières. En 2025, on démarre aussi une nouvelle cohorte en technique de physiothérapie, ça aussi, ça peut devenir un lien naturel qui va se créer, en plus du dispensaire urbain qui va ouvrir bientôt dans le pavillon Alouette », fait valoir M. Beaudin. 

Développer les soins aux Premières Nations

Un autre plus au projet serait la mise en place d’une clinique satellite du côté de Mani-utenam, où les médecins en résidence pourraient aller travailler et développer une expertise en communauté. On y retrouve une partie de clientèle dite « vulnérable ». 

Dans un document de présentation du projet GMF-U Sept-Îles, on note à ce propos que 40% de la population y est âgée de moins de 14 ans, qu’elle est deux à trois fois plus à risque pour le diabète, cinq fois plus pour le suicide et que l’espérance de vie y est en général de six à sept ans en moins. 

« C’est un besoin d’avoir une préparation différente pour les médecins qui vont avoir à intervenir dans les communautés et ça n’existe pas présentement au Québec », dit le directeur du Cégep de Sept-Îles. 

Le projet septilien se distingue par « son souci de sécurisation culturelle », indique-t-on dans son document de présentation. 

« À l’exception du Grand-Nord, l’est de la Côte-Nord représente la plus grande concentration de population autochtone au Québec, soit environ 15% de la population totale répartie dans six communautés innues (13 000 h.) et une communauté naskapie (850 h.) », peut-on y lire. 

Le programme de formation viserait « les réalités autochtones et le développement d’une approche médicale adaptée et sécuritaire auprès des patient.e.s membres de la communauté ».

Un appel de projets sera lancé prochainement par le CISSS Côte-Nord, dans le but de s’assurer que la proposition du Cégep de Sept-Îles est « la meilleure » pour le territoire septilien. 

« Tout le monde [les partenaires] veut que ça arrive, maintenant, c’est de trouver la façon de le faire passer », dit M. Beaudin. 

Une révision du coût financier du projet est également prévue en janvier. 

« On espère avoir des bonnes nouvelles d’ici le printemps, c’est l’objectif », affirme-t-il. 

Partager cet article