Estelle Trudel Borgia lance son livre à Baie-Comeau

Par Johannie Gaudreault 7:02 PM - 3 Décembre 2023
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Estelle Trudel Borgia, entourée par tous ceux qui ont participé au lancement de son livre le 2 décembre.

Le 2 décembre, c’était le grand jour pour Estelle Trudel Borgia. La première policière de Hauterive livre ses mémoires avec authenticité et sincérité dans son livre Sur la banquette arrière, lancé à la Bibliothèque Alice-Lane de Baie-Comeau.

« Ce livre se veut un partage de mon vécu et non pas un règlement de compte à l’égard de mes anciens collègues », a-t-elle précisé à la cinquantaine de personnes présentes pour l’occasion. 

La réalisation de ce projet d’écriture a été un concours de circonstances pour Mme Borgia. Les étoiles étaient alignées pour qu’elle y vienne à bout, du début à la fin. Quand elle a commencé à écrire ses mémoires, après avoir déterré des souvenirs bien enfouis dans un bac de rangement au sous-sol, « ça ressemblait davantage à un rapport de police », a-t-elle raconté en riant. 

C’est à ce moment que la co-autrice Marie-Chantal Tanguay est entrée en jeu. « Coïncidence ou synchronicité ? Quand on a trouvé le nom de Marie-Chantal dans un recueil de pigistes et qu’on a vu qu’elle était sur la Côte-Nord, on lui a écrit sur Messenger alors qu’elle pensait elle-même à nous contacter », s’est surpris l’ex-policière. 

Par la suite, s’est ajouté l’éditrice Sophie Rouleau, qui « a réalisé un travail de deux ans en deux mois », a précisé Mme Borgia, reconnaissante. « J’ai une maladie incurable qui fait en sorte que je n’ai pas le temps d’attendre », a-t-elle divulgué. 

Soutenue également par sa fille Karine Trudel, Estelle Borgia peut dire mission accomplie. Écrire son histoire, quand elle comporte « une descente aux enfers », n’est pas de tout repos. « On a ri, mais on a pleuré aussi », a commenté l’autrice, dont le parcours fera aussi l’objet d’un documentaire.

Un peu d’histoire

La carrière policière d’Estelle Borgia est truffée de faits marquants. Pensons d’abord à la contestation qu’a provoquée son embauche en 1976 chez les autres policiers de son équipe. « Les gars ne veulent rien savoir d’une femme ici », lui a-t-on dit à son premier jour au boulot.  Malgré qu’elle déboursait des cotisations syndicales sur sa paie chaque semaine, elle ne pouvait assister aux réunions de la Fraternité des policiers. On lui refusait l’accès. 

Les remarques misogynes, il est impossible de les compter. À l’École nationale de police du Québec, un instructeur a même lancé que « les femmes dans la police, c’est juste bon la nuit sur le siège arrière de l’auto-patrouille », d’où le titre de son livre. 

La saga médiatique qu’a engendrée Mme Borgia en raison des pressions exercées par les policiers de Hauterive pour la faire congédier l’a menée sur la liste des femmes à éliminer de Marc Lépine. L’auteur de la tuerie de la Polytechnique la voyait comme une féministe. 

Après une carrière de neuf ans comme policière à Hauterive et être devenue la première femme capitaine de police au Canada, Estelle Borgia a quitté la région et le métier. Aujourd’hui, elle espère aider d’autres femmes à faire leur place dans un monde d’hommes. 

Une cinquantaine de personnes étaient présentes au lancement tenu à la Bibliothèque Alice-Lane.

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