La résolution de mieux s’informer

Par Anne-Sophie Paquet-T. 1:15 PM - 10 janvier 2024
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Quelle importance donnez-vous à l’information et surtout, l’information régionale ? Photo Istock

En cette nouvelle année, je nous souhaite évidemment de la santé et du bonheur à profusion, mais je nous souhaite également de la confiance, du jugement et une bonne bordée de rigueur. Pourquoi ne pas prendre ces résolutions ensemble? Allons-y en levant notre verre de smoothie protéiné!

En tant que journaliste, je dois avouer que 2023 n’a pas été facile pour la majorité des médias. Je parle ici du blocage de contenus canadiens sur les plateformes de Meta (Instagram et Facebook) et des centaines de suppressions de postes à coup de machette dans la mauvaise herbe.

Il y a aussi la disparition des circulaires qui arrivera en mai 2024 et de la récente disparition de six journaux quotidiens en format papier dans la province, impliquant évidemment une centaine de mises à pied.  

« La question que je me pose tout le temps », pour citer Karl Tremblay. Est-ce que l’information est réellement au cœur des priorités des gens? Je parle de l’information émanant d’une source fiable, vérifiée, validée et travaillée. 

Se pourrait-il que la désinformation soit plus attrayante, plus accessible? Que la mésinformation règne et que les pratiques de « piège à clics » soient de plus en plus populaires au détriment de la qualité et de la précision? Ok, oui c’est plus qu’une question.

À qui la faute?

À Meta, qui bloque le contenu des médias canadiens? Le nombre de fois que j’apprends cette nouvelle aux gens qui me demandent pourquoi nous ne partageons plus nos articles sur Facebook, je ne les compte plus. Au risque de me répéter, nous ne pouvons plus partager de nouvelles, que ce soit en publication ou en lien. 

Aux médias, qui ont perdu la confiance de plusieurs Québécois, tel que démontré dans un sondage léger commandé par l’UQAM? En effet, les résultats démontrent que 44 % des Québécois croient que les médias traditionnels manipulent l’information qu’ils diffusent. 

Sur ce point, je ne peux pas parler au nom de tous les journalistes, mais chose certaine, sa valeur première doit être l’impartialité. 

À monsieur et madame Tout-le-Monde qui souhaitent participer à voix haute aux « ça l’air que… » en propageant des rumeurs non validées au lieu de se fier à un article vérifié par plus d’une source?

Et si c’était un peu de tout ça? Si l’on se disait qu’en 2024, on apprend à bien s’informer, on choisit nos professionnels de l’information, on ne propage pas de ouï-dire sans source sûre et on tente de mettre nos lunettes de rusé? 

Ce serait un véritable cadeau que l’on pourrait se faire. Pas seulement personnel, mais collectif.

Le journalisme régional 

Peut-être que vous faites partie des fidèles lecteurs qui consultent notre média régulièrement pour vous tenir informer. Si oui, tout d’abord je tiens à vous dire merci. Merci de consommer de l’information régionale, de nous donner cette importance et de nous faire confiance. 

L’information régionale, ce n’est pas juste « important », c’est essentiel. Pourquoi? Parce que si nous ne parlons pas de notre région, qui va le faire?

Les salles de presse régionales sont souvent de minuscules équipes qui travaillent d’arrache-pied pour bien informer leur population. 

Je vais parler pour mon équipe d’information, soit celle du journal Le Manic des Éditions Nordiques.

On a soif de savoir, de comprendre, de valider l’information, de parler à un maximum de personnes pour bien vous informer. On ne se base pas sur des « ça l’air que ». Les ouï-dire, on les vérifie et contre-vérifie avant d’écrire quoi que ce soit. 

Lors de la rédaction d’un article, on doit fouiller pour avoir les deux côtés de la médaille. Ici, je ne parle pas seulement de l’endos et de l’envers, mais aussi de la circonférence, de la couleur, de la grandeur et de la pertinence de celle-ci. C’est du temps, beaucoup de temps.

Pourquoi n’en parlez-vous pas? 

Malgré ce travail rigoureux, on ne peut pas cacher que nous faisons face à la critique de certains citoyens. Nous recevons à l’occasion des messages tels que : « pourquoi n’en parlez-vous pas? » LA question.

Laissez-moi vous expliquer mon travail derrière une nouvelle et même derrière le désir de sortir un scoop.

Je vais donner quelques exemples de rumeurs exhaustives sur le crime organisé à Baie-Comeau qui sont venus à mes oreilles, il y a quelques semaines.

Attention cœurs sensibles, je me lance… Meurtre dans une voiture dans le stationnement d’une épicerie, membres humains retrouvés dans un coffre de véhicule et attaque d’un homme dans un boisé situé au cœur de la ville. Je vous entends jusqu’ici me dire : « Pis, c’est-tu vrai? »

Avant de vous donner cette réponse, j’ai dû vérifier ces informations auprès d’un agent aux communications de la Sûreté du Québec et poser des questions. Je suis allée encore plus loin en interrogeant des sources, des témoins, des victimes et en consultant des documents juridiques et des avocats. Bref, comme j’ai dit plus haut, le maximum de personnes ont été rejointes pour ce sujet. 

Ce que je peux affirmer aujourd’hui, selon des informations validées, c’est qu’il y a eu 29 arrestations de personnes liées au crime organisé sur le territoire de la Côte-Nord. Je peux également vous dire qu’il n’y a pas eu de meurtre, mais une personne a malheureusement choisi de s’enlever la vie. Aucun membre humain n’a été retrouvé dans un coffre de voiture et aucune attaque dans un boisé n’est survenue à Baie-Comeau même.  

Alors voilà, pour 2024, prenons le temps de s’intéresser à l’information et vérifions nos sources. Merci de m’avoir lu et bonne année!

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