Le président de TREQ sort du silence

Par Vincent Rioux-Berrouard 11:45 AM - 17 janvier 2024
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Pour l’ex-maire de Sept-Îles Réjean Porlier, le Plan québécois québécois de transport aérien régional va mettre sérieusement du plomb dans l’aile du projet de la coop TREQ.

Le président de la Coopérative de Transport Régional du Québec (TREQ) sort du silence et assure encore que le projet, qui a récolté 150 000$ auprès de la population en quote-part à ses débuts, est toujours actif.

La Coop TREQ a été lancée à la fin de l’année 2020. Une tentative à ce moment pour répondre aux nombreux problèmes du secteur aérien en région. 

Depuis plus d’un an, les signes de vie de la Coop TREQ se font rares, voire inexistants. De plus, le directeur général de la Coop, Serge Larivière, a quitté ses fonctions à la fin de l’année 2022, tout comme certains membres du conseil d’administration. 

« M. Larivière était dans la réalisation, il était convaincu. Quand le gouvernement a pris une position différente, ça l’a découragé », a expliqué Éric Larouche, président de la coopérative. Dans un rare entretien accordé au Nord-Côtier, ce dernier a clamé encore haut et fort que « TREQ est bel et bien vivant ».

« Il [Serge Larivière] ne voulait pas s’enligner pour un huit ans à attendre, il avait aussi une entreprise à faire fonctionner et c’est bien correct », a-t-il poursuivi.

La position du gouvernement du Québec a refroidi plusieurs intervenants dans le milieu aérien et a nui au lancement de la coopérative, croit son président. Rappelons qu’en 2022, le ministre l’Économie, Pierre Fitzgibbon, avait émis des doutes quant au plan d’affaires de la Coopérative TREQ.

Quand on présente un modèle d’affaires et que le gouvernement dit non, c’est sûr que ça envoie un signal aux investisseurs. Ça devient plus difficile à vendre.

Éric Larouche

« Quand on présente un modèle d’affaires et que le gouvernement dit non, c’est sûr que ça envoie un signal aux investisseurs. Ça devient plus difficile à vendre », a affirmé Éric Larouche. 

La coopérative avait pour plan d’utiliser des avions Q400 de 78 places et d’offrir une grille tarifaire à prix abordable. Pour M. Larouche, il y a encore un besoin dans le transport régional aérien pour une initiative comme TREQ.

« Il n’y a pas une semaine qui se passe sans que je reçoive un téléphone des gens qui veulent savoir comment fonctionne la Coop. Maintenant, à savoir quand ça pourrait être mis en place, ça, je ne peux pas vous le dire. »

Silence radio

Il y a un an, Éric Larouche affirmait que les membres allaient être convoqués pour l’assemblée générale annuelle de la coopérative « dans les prochaines semaines ». Or, cette AGA n’a toujours pas eu lieu. La dernière publication de TREQ sur les réseaux sociaux remonte à décembre 2021. 

Il évoque des raisons techniques et administratives pour justifier le report de l’assemblée, ajoutant que les détails à ce propos allaient être donnés lors de sa tenue, d’ici la fin février.

Un nouveau conseil d’administration sera alors formé. Certains membres du CA vont demeurer, d’autres ont annoncé leur intention de quitter. 

« Ils sentent qu’ils ne peuvent pas aider plus le modèle d’affaires, considérant ce qui s’est passé avec le gouvernement. Donc, ça prend d’autres personnes pour venir aider avec différentes compétences », a dit M. Larouche. 

La réunion permettra aussi de faire le point avec les quelque 15 000 membres de la Coop TREQ. Rappelons que ceux-ci ont payé une quote-part de 10 $ pour en être membres. Cet argent a été investi par la Coop, précise M. Larouche, dans des choses comme la centrale de réservation, le site web, les frais d’avocat, le plan d’affaires, la demande de licence au fédéral et bien d’autres. Il réitère que des détails sur l’utilisation de leur argent seront donnés aux membres, lors de l’assemblée générale qui n’a toujours pas de date précise.

Éric Larouche croit que le silence radio de TREQ, dans la dernière année, lui aura finalement été bénéfique.

« Qu’est-ce qu’on aurait pu dire ? Le gouvernement du Québec a été renouvelé pour un mandat de 4 ans », a-t-il lancé. 

Cette période de temps aura laissé la chance à Québec, qui n’a pas embarqué dans TREQ, de démontrer un meilleur modèle pour régler les problèmes de transport aérien régional. 

« Est-ce que vous trouvez sur la Côte-Nord que ce qui a été fait par le gouvernement ça vient vous aider? C’est plus ça qu’il faut juger, ce n’est pas TREQ », a dit M. Larouche. « Est-ce qu’il y a un meilleur modèle d’affaires, actuellement, qui vient battre celui de TREQ ? Est-ce qu’on est mieux desservi, est-ce qu’il y a plus de vols, à meilleur prix ? Selon ce que les gens qui m’appellent me disent, non. » 

Toujours l’alternative

Pour l’ancien maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, bien au fait du dossier du transport régional aérien, la coopérative TREQ est loin d’avoir trépassé. Pour lui, TREQ est encore la solution.

Lorsqu’il regarde la présente situation dans le transport régional aérien, avec la mise en place du programme des billets à 500 $, il estime que les besoins des régions ne sont pas satisfaits.

« Il [le gouvernement] investit quelques millions et met en place un programme pour essayer de répondre aux besoins, mais on ne change absolument rien au problème fondamental. Alors, oui, pour moi, la solution c’est TREQ », indique M. Porlier. « On a un réseau hyperdéficient et qui fonctionne tout croche, avec de petits avions à droite et à gauche et il faut des subventions énormes du gouvernement. D’un autre côté, il y a TREQ, qui propose une solution qui coûterait beaucoup moins cher au gouvernement », croit-il.

Yves Montigny, député de René-Lévesque et adjoint gouvernemental responsable du volet du transport aérien régional, a décliné notre demande d’entrevue à propos de la Coopérative TREQ, préférant ne pas faire de commentaire.

-Avec Emy-Jane Déry

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