Bonne chance pour trouver de la crevette ce printemps

Par Emy-Jane Déry 2:27 PM - 7 février 2024
Temps de lecture :

La crevette nordique risque de se faire plus rares dans les présentoirs des poissonneries ce printemps. Photo Facebook

« La journée que vous allez voir de la crevette fraîche dans une poissonnerie, sautez dessus, parce que vous n’en verrez pas souvent », a lancé Patrice Élément, directeur de l’Office des pêcheurs de crevettes du Québec. 

Cette préoccupation est cependant loin dans l’esprit de Patrice Élement, qui doit composer actuellement avec des crevettiers en route vers la faillite. Les annonces récentes et « mises au point » de la ministre des Pêches et Océans, Diane Lebouthilier n’ont en rien convaincu les pêcheurs d’un avenir prometteur.

« Il n’y a rien de bon pour nous là-dedans », a-t-il résumé. 

À la Poissonnerie Soucy de Sept-Îles, on ignore si l’on pourra fournir la clientèle en crevettes fraîches ce printemps, tandis que bon nombre de crevettiers risquent de cesser leurs opérations faute de rendement. 

On est bien loin de l’époque des années 60′ où Monsieur Clément Soucy pêchait ses premières crevettes au large de Sept-Îles, avant de les offrir gratuitement aux passants sur le quai pour leur faire découvrir. 

« On ne sait pas si les pêcheurs vont sortir », a affirmé l’un des quatre propriétaires de l’entreprise, Jean-François Fournier. 

C’est que les quotas annoncés ont fondu, mais les coûts fixes d’un bateau de pêche, eux, resteront les mêmes. Le défi sera de rendre l’opération rentable. 

« On ne veut pas non plus monter un prix au comptoir à 15 $ la livre », a-t-il dit. 

Le poissonnier est en démarche auprès du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, afin de voir s’il serait possible d’obtenir de l’aide financière.  

Quant au retour de la pêche au sébaste, M. Fournier souligne que ce n’est pas une espèce encore très connue dans les assiettes de la Côte-Nord.  

« Ça fait d’excellents filets qu’on pourrait faire découvrir tranquillement dans nos restaurants, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain. »

De la crevette de l’Estuaire

Roberto Desbois est pêcheur depuis une quarantaine d’années. Ce printemps, il ira pêcher un peu de crevettes dans l’estuaire. La saison dernière, elle était quasi absente dans le golfe. Finie l’époque où le capitaine de crevettier pêchait, cuisait et débarquait directement la crevette au quai à Sept-Îles. Il devra faire parvenir les rares livres de sa récolte par camion, jusqu’à destination. 

L’homme a été particulièrement frappé par la hausse de température des eaux à travers le temps, qui explique en partie la diminution des stocks de crevettes. 

« On le voit sur nos instruments. Du 6,8 degrés Celsius, c’est du jamais-vu. Généralement, on est autour de 3,5 », illustre-t-il. 

Le pêcheur qui approche la retraite s’en fait pour la nouvelle génération. 

« Ils vont en arracher c’est sûr et certains et il y en a qui vont faire faillite », a-t-il déploré. « Mais la pêche, ça a toujours été comme ça, c’est une montagne russe. Quand tu es en haut de la côte, prépare-toi, parce que tu vas redescendre. »