La présence de modèles est importante pour favoriser la place des femmes en sciences
Dans cette photo d'archive du 28 janvier 2009, la scientifique Andrea Ippolito prépare une expérience sur l'effet des médicaments envisagés pour être utilisés dans des stents recouverts de médicaments sur les cellules cardiovasculaires, au laboratoire de recherche et de développement scientifique de Boston à Natick, Massachusetts. Photo AP/Josh Reynolds
Si les femmes sont de plus en plus présentes sur les bancs d’école dans les domaines scientifiques, plusieurs mesures doivent toujours être mises en place pour assurer leur place sur le marché du travail et dans le secteur de la recherche. La représentation de davantage de modèles féminins fait partie des pistes de solution, selon une professeure.
À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, dimanche, la professeure au département de chimie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Zoé Joly-Lopez, indique que des obstacles demeurent pour les femmes dans le milieu scientifique, en particulier envers celles qui ont ou qui souhaitent avoir des enfants.
Mme Joly-Lopez a d’abord réalisé des études en biologie à l’Université McGill. «À l’époque, on avait quand même une bonne représentation de femmes dans la cohorte au baccalauréat là-bas. Je pense que c’est ce qui m’a aidée à poursuivre mes études en sciences», affirme-t-elle.
«J’ai fait des stages à l’étranger sous le mentorat de femmes (et) je pense que ça m’a un peu inspirée. Je travaillais pour une étudiante au doctorat, pour une superviseure au Smithsonian au Panama, qui est un centre de recherche américain», a-t-elle ajouté.
Après avoir complété un doctorat en biologie à l’Université McGill, Mme Joly-Lopez a fait un postdoctorat à l’Université de New York, où elle a perçu que le fait d’être une femme en recherche et d’aspirer à avoir des enfants était mal vu.
«Ça a été un peu une influence, je me suis dit que je voulais essayer d’être un mentor moi-même [par] la suite en étant professeure, parce que quand j’ai eu mon poste et qu’en même temps j’étais enceinte de mon premier enfant, pendant la transition, à de nombreuses reprises je me suis fait dire : ta carrière allait décoller», raconte la professeure.
«Ça avait été un peu un choc de débuter et de me dire : mon Dieu, est-ce que je pars déjà avec un désavantage?»
Selon les domaines scientifiques, plusieurs femmes se trouvent dans les cohortes au baccalauréat, à la maîtrise et au doctorat. Dans des secteurs comme la biologie ou les sciences de la santé, le ratio homme-femme peut atteindre le 50 %, indique Mme Joly-Lopez.
«Mais il y a une séparation. C’est vraiment au moment où on passe au doctorat à poursuivre en recherche académique ou en position de pouvoir, je dirais dans l’industrie, on parle de cadre sénior, etc.», nuance la professeure.
«On a vu sur différentes statistiques, c’est les moments où les femmes pensent à avoir des enfants, ont des enfants, et c’est là qu’il y a un ralentissement des fois insurmontables pour certaines personnes, ou les femmes ont l’impression de devoir mettre les bouchées triples ou quadruples pour aller au même niveau que les hommes, qui même s’ils ont des congés de paternité, ne vivent pas les mêmes réalités», explique-t-elle.
Selon Statistique Canada, en 2016, 34 % des titulaires d’un baccalauréat en sciences, technologies, génie et mathématiques et sciences informatiques étaient des femmes, et elles représentaient 23 % des travailleurs en sciences et technologie.
Même si elle voit différentes mesures mises en place dans les dernières années pour favoriser la place des femmes en sciences, comme l’instauration de bourses ou de quotas lors du recrutement, du travail reste à faire dans le domaine, selon la professeure.
«Je dirais qu’en ce moment on est en phase de transition, où on n’a pas encore été en mesure de voir les effets bénéfiques de certaines de ces mesures», souligne Mme Joly-Lopez.
Elle estime que la présentation de modèles féminins réalistes dans le domaine des sciences peut encourager les femmes à poursuivre sur cette voie.
«Je peux être transparente en disant que je suis mère avec deux jeunes enfants. Donc c’est un peu comment concilier tout ça. Mes étudiantes apprécient ça, parce que ça leur montre que c’est possible de faire les deux», même si ce n’est jamais parfait, indique-t-elle.
«Même moi d’avoir eu quelques mentors comme ça m’a aidée, donc moi j’essaie de faire la même chose en retour.»
Amener la science sur les réseaux sociaux
La microbiologiste Chloé Savard partage pour sa part sa passion pour les sciences sur les réseaux sociaux. Vous la connaissez peut-être mieux sous le nom de «tardibabe» sur Instagram, où elle publie des vidéos dans lesquelles elle présente ses découvertes faites à l’aide de son microscope.
Pour la Journée des femmes et des filles en sciences, Mme Savard a offert une conférence au Centre des sciences de Montréal, samedi.
«J’ai l’impression d’un peu représenter les femmes queers en sciences, dit-elle. Je pense que c’est la bonne place pour essayer de donner la piqûre pour la science.»
Mme Savard a commencé à s’intéresser à la biologie lorsqu’elle a vu des vidéos sur la microscopie sur les réseaux sociaux.
«Ça coïncidait en même temps avec la pandémie, et ça m’a donné un peu la piqûre pour la microbio, et en même temps je me suis inscrite au bac en (microbiologie)», à l’Université de Montréal, raconte-t-elle.
«En parallèle, j’ai travaillé sur ma page, et j’ai tellement travaillé fort que je n’ai pas eu besoin de chercher d’emploi après avoir terminé mon bac, je travaillais déjà de contrats qui découlaient de ma page», ajoute Mme Savard.
La microbiologiste a notamment réalisé des images pour des musées, ou des compagnies comme Apple et Meta. Elle a aussi obtenu des contrats pour des magazines, et a même réalisé une image pour un album de musique.
Elle recommande aux filles et aux femmes qui s’intéressent au domaine des sciences «d’essayer d’avoir du fun» et de rester curieuses, en plus d’essayer plusieurs choses dans cet univers qui est large.
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