Les écrans chez les enfants de 1 à 3 ans nuisent au développement de leur langage
Sur cette photo du vendredi 21 octobre 2011, Frankie Thevenot, 3 ans, joue avec un iPad dans sa chambre chez lui à Metairie, en Louisiane. Environ 40 pour cent des enfants de 2 à 4 ans (et 10 pour cent des enfants plus jeunes) que cela) ont utilisé un smartphone, une tablette ou un iPod vidéo, selon une nouvelle étude du groupe à but non lucratif Common Sense Media. (Photo AP/Gérald Herbert)
Parler avec ses enfants peut sembler une activité simple et facile, mais le rythme de vie mouvementée des familles et la présence des écrans dans les foyers compliquent les choses. Présenter un écran à son jeune enfant est souvent une solution pour les parents, mais ils devraient s’en méfier davantage, selon une nouvelle étude qui a d’abord été publiée dans la revue JAMA Pédiatre.
Le fait d’être devant un écran pour les enfants âgés d’un à trois ans interfère avec les occasions de parler et d’interagir dans leur environnement familial, indique l’étude.
Des preuves bien établies montrent des associations positives entre l’exposition précoce au langage par rapport au développement du langage des enfants, le développement socio-émotionnel, le QI et la fonction cérébrale, souligne l’étude à laquelle 220 familles australiennes ont participé.
Elle met en évidence trois aspects précis du langage qui déclinent en fonction du temps passé devant un écran. Il s’agit des mots prononcés par un adulte, des verbalisations de l’enfant et de la conversation bidirectionnelle parent-enfant.
Dans le cadre de cette recherche, des enfants âgés d’un à trois ans ont porté un chandail spécial qui enregistrait leurs verbalisations et les mots prononcés par les parents étaient aussi captés.
Les résultats sont clairs. Ils montrent que l’exposition des jeunes enfants selon le temps passé devant un écran affecte négativement les occasions de parler et d’interagir à la maison.
Par exemple, à 18 mois, pour chaque minute supplémentaire passée devant un écran, les enfants entendaient 12 mots d’adultes en moins.
«Si l’enfant a un écran, le parent utilise moins de mots, donc son environnement de vie est appauvri. (…) Et on sait qu’un enfant, plus il entend de mots – ça ne veut pas dire qu’il va les dire tout de suite – mais il les capte dans son cerveau», a déclaré en entrevue le Dr Jean-François Chicoine, pédiatre au CHU Sainte-Justine.
Il ajoute que la lecture à haute voix est recommandée justement pour enrichir l’environnement de l’enfant. Plus on lui lit des mots, plus il les enregistre et il peut ensuite les utiliser.
Trouble et retard de langage
«Que ce soit au niveau cognitif, la connaissance même du mot ou du niveau des sensations et des émotions que peut déclencher un mot, il y a moins d’occasions de réagir puisqu’il entend moins de mots», prévient Dr Chicoine. La connaissance des mots va aussi influencer la syntaxe et la construction d’une phrase, dit-il.
Un environnement moins propice à la conversation peut favoriser un trouble de langage chez l’enfant ou un retard de langage, indique le pédiatre.
Avec une exposition plus riche aux mots et à leur fréquence, l’enfant pourra améliorer son retard de langage.
Lorsque l’enfant se retrouve dans un nouveau milieu plus stimulant, par exemple un centre de la petite enfance (CPE), il y a beaucoup d’effets positifs sur le niveau de langage, affirme Dr Chicoine. «Parce que dans une journée entière l’enfant entend des mots que normalement il n’entendrait pas à la maison», fait valoir le médecin.
Le fait que les écrans peuvent nous suivre partout a accentué les problèmes, selon Dr Chicoine. Il mentionne que dès qu’il y a un médiateur entre l’écran et l’enfant, «on vient de tout changer».
Entre trois et six ans, il ne s’alarme pas qu’un enfant soit devant un écran pendant une période ne dépassant pas une heure. Surtout si le parent est près de l’enfant et qu’il interagit avec lui par rapport au contenu.
Son avis est plus tranché lorsqu’il s’agit de jeunes enfants. «En bas de l’âge de trois ans, il n’y a aucun avantage à présenter un écran à un enfant et il y a beaucoup de désavantages à le faire, affirme Dr Chicoine. Donner un téléphone à un enfant d’un an et demi pour qu’il se calme dans une salle d’attente, c’est comme lui donner du poison, selon moi.»
Il s’inquiète que les effets néfastes des écrans soient relativement répandus dans la société, mais que les problèmes persistent.
Il a déclaré que les enfants qui sont très exposés aux écrans «ont de la difficulté avec l’organisation sensorielle et spatio-temporelle, avec leur émotion, leur régulation, leur attention, et ils ont aussi de la difficulté avec leur langage».
Cela peut rendre les enfants de trois ou quatre ans surexcités, anxieux ou avec des troubles de comportement.
«(Ils) sont au Canada surdiagnostiqués comme ayant des problèmes de TDAH alors qu’ils ont tout simplement un problème environnemental relié à l’utilisation trop précoce, trop soutenue ou mal intentionnée des écrans», affirme Dr Chicoine. Il estime qu’un meilleur langage permettrait aux jeunes enfants d’avoir une meilleure relation avec les autres.
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