« Retour d’Ukraine » : Un témoignage de guerre bouleversant à Baie-Comeau

Par Charlotte Vuillemin 12:00 PM - 9 mai 2024
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Jacky Lebas devant les ruines d’une école à Jytomyr, bombardée par les frappes russes. Photo Jacky Lebas

« Les images que je montre n’ont rien à voir avec ce que vous connaissez de la guerre. » Jacky Lebas, 70 ans, réalisateur de films et reporter de guerre en Ukraine, sera à la bibliothèque Alice-Lane de Baie-Comeau le 12 mai pour y présenter son film Retour d’Ukraine. À travers son œil, il montrera comment ce pays s’accroche à la vie face à tant de haine et de barbarie.

Un film poignant et empreint de vérité où monsieur Lebas a fait le choix de montrer le quotidien que vit le peuple ukrainien depuis plus de 2 ans face aux immondices Russes. Un film visible par tous et pour tous (voir la bande annonce du film en fin d’article).

« Les premiers hélicoptères russes sont passés sur ma maison, ce sont les premières images du film. 13 h 15, trois énormes hélicoptères chargés de missiles passent et 30 secondes après, à la fenêtre de mon balcon, l’aéroport explose. J’étais le témoin privilégié de tout ça. J’avais des messages tous les jours de l’ambassade pour rentrer, mais j’ai répondu négatif. Je veux vraiment rester jusqu’au dernier jour », raconte le cinéaste.

Dans son film, il dévoile l’envers du décor que peu de médias ont montré. Une démarche de vérité qui tient à cœur à Jacky Lebas, qui souhaite exposer au reste du monde ce que subit ce peuple.

Des ruines parmi tant d’autres sur le paysage ukrainien. Photo Jacky Lebas

Une démarche marginale

« J’ai décidé de ne pas parler de la guerre comme les autres télévisions avec beaucoup de destruction, beaucoup d’images et d’explosions, mais de me mettre au service très marginal des civils, de ceux qui subissent la guerre. Les images que je montre n’ont rien à voir avec ce que vous connaissez de la guerre. J’ai suivi les civils tous les jours, ce qu’ils subissent. La nature complétement détruite pour un siècle à cause des explosions. Je suis dans un sujet complétement marginal », souligne M. Lebas avec beaucoup d’émotions.

Un film visible par tous, où les enfants sont les bienvenus. « Je n’avance pas au point de montrer les cadavres au sol. En France, je fais beaucoup de projection dans les écoles, pour les enfants. J’évoque la guerre en toute pudeur. Ma démarche est très vaste », confie le réalisateur.

« On entend à trois reprises dans mon film où je parle sur une scène de guerre, et les sirènes arrivent. Le 31 décembre, par exemple, je suis dans la rue, les gens font des achats pour un semblant de réveillon. Il est 13 h, les sirènes se mettent à résonner et tous les magasins ferment pour toute la journée et c’en est fini », une description limpide et authentique de ce que ce peuple vit chaque jour, au son des sirènes et des explosions maintenant communes.

Les impacts d’une bombe à fragmentation, arme interdite, sur la carcasse d’une voiture. « Il faut imaginer dans quel état est le corps qui est dedans. Ces bombes sont interdites. » Photo Jacky Lebas

La voix d’un pays

« Je suis celui qui communique la voix de l’Ukraine. Je n’y connais rien en politique, je ne m’y connais pas beaucoup plus en armée. Moi, ce que je dis, c’est du vécu. Je ne raconte pas une histoire qu’on me raconte. Parfois, mes images sont très dures. Je les recadre parfois pour qu’on ne voit qu’un visage en larmes », explique-t-il.

« Dans mon film, il y a le visage d’une femme qui pleure dans ses mains. Ça met tout le monde en émotion, mais il ne voit pas les secondes d’après où la caméra fait un travelling où il y a le cercueil ouvert de son fils à qui il manque la moitié de son corps », confie-t-il, les larmes aux yeux.

« Je fais tout mon travail bénévolement, je ne me fais payer pour aucune image. » Photo Jacky Lebas

Un message pour la Côte-Nord

Porteur d’un message au cœur du monde, Jacky Lebas souhaite montrer à tous la vérité qu’est la sienne depuis 2 ans.

« Ce que j’aimerais dire à la Côte-Nord, c’est de ne pas vous montrer impuissant. Aider l’Ukraine, c’est déjà ne pas l’ignorer. Racontez que vous avez vu des images, entendu des choses, que c’est la vérité. Que demain quelque part dans le monde, notre vie peut changer avec simplement le comportement complément hystérique et fou d’un individu. Que des peuples qui étaient simplement dans leurs champs de labour à travailler la terre ont été décimés, massacrés. Et que ça peut arriver à tout le monde demain et il ne faut pas se dire que ce n’est pas notre histoire. »

Retrouvez Jacky Lebas ce dimanche à la bibliothèque Alice-Lane de Baie-Comeau. Il sera présent en personne pour vous dévoiler son film et échanger avec vous.

Voici la bande-annonce :

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