Des médecins de la Côte-Nord craignent pour la sécurité des patients
Centre hospitalier régional de Sept-Îles.
Dimanche, la Côte-Nord deviendra « essentiellement un immense territoire québécois sans réseau de santé fonctionnel capable de prendre en charge les besoins de sa population », dénoncent 22 médecins de la région, qui craignent pour la sécurité des patients.
Le groupe de 22 omnipraticiens, spécialistes, pharmaciens et présidents de conseils professionnels pratiquant sur la Côte-Nord soulève l’enjeu de sécurité lié à la pénurie de main-d’œuvre et au plan de contingence annoncé par le CISSS de la Côte-Nord.
Dans une lettre co-signée, les médecins disent être témoins d’une crise sans précédent dans le système de santé régional.
« Cette fois, il s’agit bel et bien d’une crise précipitée par notre gouvernement », mentionnent-ils.
Le CISSS de la Côte-Nord était déjà durement touché par la pénurie de main-d’œuvre. « Depuis des années, nous vivons un effritement de nos effectifs au CISSS de la Côte-Nord », soulignent-ils.
Des professionnels ont quitté le réseau pour rejoindre les agences privées.
« La main-d’œuvre indépendante a progressivement remplacé les départs à la retraite et les départs dans un réseau épuisé et sous pression jusqu’à occuper plus de 60 % des postes dans nos hôpitaux », précisent-ils.
Même s’il déplore le recours chronique à la main-d’œuvre indépendante, le groupe de professionnels de la santé mentionne qu’ils sont essentiels.
« La santé de notre population et la capacité de nos salles d’urgence à accueillir des malades et à les soigner en dépendent maintenant entièrement. On ne peut s’en passer ».
Ils espèrent que ces professionnels qui n’habitent pas la région réintègrent le réseau et viennent s’établir dans la région.
Conséquences dangereuses
Dès le 19 mai, les nouvelles règles mises en place par le ministère de la Santé et des Services sociaux feront en sorte que la main-d’œuvre indépendante cessera en bloc de venir travailler dans la région.
« Ces mesures visent la réintégration des professionnels dans le réseau, mais elles sont inapplicables et dangereuses sur la Côte-Nord », déclarent-ils. Selon eux, les solutions ne peuvent être les mêmes dans l’ensemble du réseau, partout au Québec.
« Cette crise est accélérée inutilement par des décisions politiques et un manque d’écoute face à notre réalité régionale. »
Cette main-d’œuvre indépendante se tournera vers des milieux près de leur domicile, ce qui laissera « un trou béant dans les services essentiels des Nord-Côtiers ».
Le groupe de signataires croit que le gouvernement devra mettre en place des incitatifs pour que la main-d’œuvre indépendante s’installe dans la région et y demeure.
Dès dimanche, ce sont donc près du tiers des lits de santé physique qui seront fermés dans les hôpitaux de Sept-Îles et Baie-Comeau. Le bloc opératoire connaîtra une réduction de plus de 50 % des activités planifiées. Les salles d’urgence, qui en plus de ne fonctionner qu’à une fraction de leur capacité, n’auront plus de soupape de débordement.
Ces coupures de services causeront des transferts inutiles de patients vers les grands centres. Ils devront se faire soigner à des centaines de kilomètres de chez eux. Cela engendra « des coûts faramineux et des délais de transferts évitables », en plus d’occasionner un stress supplémentaire aux autres établissements.
« L’enjeu de sécurité et les risques de conséquences délétères sont réels pour les patients », affirment les signataires.
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