Avez-vous remarqué comme il est facile de prendre une décision difficile lorsqu’on n’est pas concerné ? La réponse du ministre Dubé au dossier des agences privées en santé me donne cette impression de déjà-vu.
Est-ce que les agences privées en santé c’était une bonne affaire ? Une réponse nuancée à cette question, ce serait : peut-être au début, pour répondre à des problèmes pointus et passagers dans le réseau, le temps de mettre en place des correctifs adéquats et permanents. Et des problèmes occasionnels dans un réseau aussi vaste, il en arrive communément. Donc l’idée d’une force restreinte et efficace pour colmater les trous ici et là, le temps d’ajuster le tir… pourquoi pas.
Mais il fallait être bien naïf pour penser que cette offre privée n’allait pas exploser. Non seulement je ne crois pas un instant que ça s’est passé naturellement, mais je suis persuadé que lorsque s’est ouvert la porte au privé en santé, il y avait une intention avouée de lui faire beaucoup de place.
Surprise… pas vraiment. Ces agences qui se sont proliféré, coûtent une fortune. Si c’est une surprise pour vous, pas pour moi ! Comment pouvait-on s’imaginer que de faire déplacer des travailleurs d’une région à l’autre et en continu allait s’avérer une opération à bon marché ?
Notre top gun est à peine arrivée qu’elle administre la grande saignée… le remède de cheval. Pensez-vous sérieusement qu’à peine arrivée, elle soit en maîtrise de ce dossier ? Poser la question c’est y répondre. Depuis le début, on nous vante l’intérêt d’une agence privée avec des gestionnaires de très haut niveau qui auront une capacité d’analyse et d’intervention hors du commun. Mais surtout, on nous promettait une distance entre cette agence et le politique qui n’existe tout simplement pas. Pire encore, cette décision de sortir l’artillerie lourde est purement comptable et dénudée de tout discernement, du moins, pour tout ceux et celles qui verront leurs soins de santé mis sur pause.
Comprenez-moi bien : je n’ai jamais été pour la prolifération de ces agences privées, pas plus que je ne crois dans cette super agence privée qui deviendra un dédoublement du ministère de la Santé, un genre d’alter ego pour dépêtrer le ministère, à en croire le ministre Dubé.
Cependant, je ne peux pas approuver cette façon de procéder, complètement irresponsable et qui équivaut à opérer sans diagnostic et les yeux bandés, en espérant que le patient va repartir en courant.
Justement, pourquoi se refuse-t-on à parler du diagnostic ? Pourquoi les infirmières et les infirmiers ont-ils quitté pour le privé ? Pourquoi cette difficulté à recruter en région ? Les réponses à ces deux questions n’ont rien de complexe, mais les solutions à mettre en place, elles, demandent un peu plus d’effort, d’imagination, des mesures ciblées, de la négociation et un peu de courage politique, mais surtout de la vision.
Renversez donc l’équation une seule fois ; demandez aux gens de Québec s’ils viendraient se faire soigner sur la Côte-Nord.
Et de la vision, il semble que le gouvernement en ait peu pour les régions comme la nôtre. Encore une fois, on règle le problème à Québec… pour Québec ! Vous n’aurez qu’à venir vous faire soigner au CHU. Renversez donc l’équation une seule fois ; demandez aux gens de Québec s’ils viendraient se faire soigner sur la Côte-Nord.
Les décisions du ministre Dubé sont purement économiques et vont mettre à risque la santé de notre population, même s’il promet de tout faire pour que ça n’arrive pas.
Une attitude responsable aurait été de mettre en place une table de travail avec les acteurs du milieu, pour réfléchir à des solutions durables, pour redonner le goût aux infirmières et infirmiers de réintégrer le secteur public et surtout, s’installer en région. Parlant d’acteurs du milieu, nos députés se terrent dans un silence qui laisse entendre qu’ils approuvent, ce qui d’ordinaire, n’est pas de bon augure.
On a de plus en plus l’impression que le résultat de tous ces efforts menés par nos prédécesseurs pour doter la Côte-Nord de soins de santé modernes et adéquats sont en train de nous glisser entre les doigts. Les remèdes de cheval… parfois ça tue !
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