Drame de Portneuf-sur-Mer : « Il y a un avant et un après »
Le 3 juin 2023, cinq personnes ont perdu la vie à Portneuf-sur-Mer. Photo Johannie Gaudreault
Le 3 juin 2023, le fleuve Saint-Laurent a emporté cinq vies, laissant derrière lui des familles éplorées et une population affligée par un drame sans précédent dans la région. Keven Girard et ses deux garçons, Patrick et Jérôme Girard, ainsi que Logan et Mavrick Dufour ont fermé leurs yeux pour toujours cette soirée-là. La sortie de pêche au capelan en famille a tourné au cauchemar sur le banc de sable de Portneuf-sur-Mer. Un an plus tard, tous se rappellent…
« Il y a un avant et un après. Chose certaine, le drame de Portneuf-sur-Mer n’est pas tombé dans l’oubli. » C’est ce que martèle la préfète de la MRC de La Haute-Côte-Nord, Micheline Anctil, appuyée par le maire de Portneuf-sur-Mer, Jean-Maurice Tremblay.
Chaque région a sa propre tragédie qui marque son histoire. Pour Mme Anctil, ce qui s’est passé dans le petit village de 579 habitants l’an dernier est sans aucun doute celui de la Haute-Côte-Nord.
« C’est un drame marquant parce qu’il s’est produit lors d’une activité qui existe depuis 50 ans, une activité de loisirs familiale connue et reconnue, avec des résidents qui vivent à proximité de la mer, mais qui se sont fait aussi surprendre par la mer. C’est marquant et avec des enfants, ça nous marque encore plus, ça nous atteint au cœur. Toute perte de vie est un drame, mais quatre enfants en même temps, c’est encore plus marquant », témoigne l’élue.
« On vit à proximité de la mer, c’est magnifique, mais elle comporte des risques, alors il faut sensibiliser les gens aux activités nautiques qui ont des risques. Il ne faut pas avoir des comportements téméraires, il faut être plus prudent que moins », poursuit-elle.
Passer à l’action
Au conseil de la MRC de La Haute-Côte-Nord, les élus autour de la table ont tous été bouleversés par les événements qui se sont produits cette nuit-là. Un an plus tard, la préfète affirme que le drame n’a toujours pas été oublié. Une des premières actions qui a été entreprise par les maires est de rencontrer la Garde côtière canadienne.
Il y a quelques mois, l’organisation fédérale s’est rendue dans les bureaux de la MRC pour une discussion en bonne et due forme. « C’est très clair que c’est leur responsabilité le sauvetage nautique. On a essayé de se faire expliquer comment ça fonctionne habituellement et comment ça s’est déployé. C’est certain qu’eux ils travaillent avec des gardes auxiliaires, ç’a été tout leur déploiement, mais c’est leur responsabilité », divulgue Micheline Anctil.
L’idée d’intégrer un service de sauvetage nautique à travers les services de sécurité incendie n’a pas encore fait son chemin, pour le moment.
« On ne peut pas s’approprier la responsabilité de l’autre, mais il faut travailler ensemble pour faire en sorte que si on a besoin de sauvetage, que le déploiement soit là. Mais on ne pourrait pas penser avoir des unités de sauvetage à chacun de nos quais, ce n’est pas pertinent et ce n’est pas possible », soutient la préfète.
Le rôle des municipalités se fera davantage au niveau de la sensibilisation et de la conscientisation. Des panneaux seront installés dans chacune des localités du territoire pour rappeler les dangers des marées.
« On pense souvent juste à nos visiteurs, mais il faut penser à notre propre population. Un rappel que la mer et les marées, ça peut surprendre. Prudence, vigilance, on ne peut pas être téméraire dans des activités nautiques. On pense qu’il faut ramener à la population un moment de réflexion avant d’utiliser la mer », explique la mairesse de Forestville.
Un total de 16 pancartes sera fabriqué et chaque village déterminera combien il en a besoin et décidera où il veut les installer.
« On s’entend que Colombier qui a des anses, c’est différent peut-être de Tadoussac. Les panneaux vont être sous l’égide de la MRC, ça va être gratuit, la MRC va payer pour en fournir à chacune des municipalités », précise Mme Anctil.
Le contrat pour la conception, la fabrication et la livraison des panneaux a été octroyé lors de la dernière séance du conseil des maires à la firme SIGNIS au montant de 52 700 $. Les nouvelles affiches devraient être installées vers la fin juillet. « On veut que ça soit le plus vite possible », fait savoir l’élue.
« L’eau, ça peut surprendre et ça ne pardonne pas. Ça, c’est notre rôle au niveau des municipalités. Sensibilisation, conscientisation, au moins par cette première action », continue Micheline Anctil précisant que d’autres initiatives seront probablement enclenchées par le conseil des maires « parce qu’on reste préoccupés par l’utilisation de la mer ».
Portneuf-sur-Mer mise sur la prévention
Le maire de Portneuf-sur-Mer, Jean-Maurice Tremblay, est convaincu que la sensibilisation a un grand rôle à jouer pour éviter qu’un autre drame de cette ampleur se produise. « On ne souhaite pas se remémorer ces mauvais souvenirs, mais l’aspect prévention est très important », témoigne-t-il.
Selon l’élu, les changements climatiques ont apporté avec eux des marées plus importantes et des vents qui changent la donne quant à l’utilisation du fleuve Saint-Laurent. « Ce n’est pas seulement les touristes qu’il faut sensibiliser, ce sont nos gens aussi », croit M. Tremblay qui veut diminuer les risques d’être prisonniers de la rive.
Il y a 50 ans, quand le maire était plus jeune, le banc de sable n’était pas accessible à marée haute. « Avec le temps, c’est devenu une presqu’île. Il y a des parties qui sont immergées dans l’eau. C’est comme un piège », explique-t-il.
Deux panneaux de sensibilisation seront installés près de la mer d’ici la fin juillet. Les endroits restent à déterminer, mais la Pointe-des-Fortin et l’accès derrière le kiosque touristique sont ciblés. « Le drame de l’an dernier a fait souvent l’objet de discussions à la table de la MRC. Tout ce qu’on veut, c’est éviter que ça se répète », conclut Jean-Maurice Tremblay.
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