CSSSM : Les absences liées à la santé mentale inquiètent

24 avril 2013
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Baie-Comeau – Cette année, les employés du Centre de santé et de services sociaux de Manicouagan (CSSSM) se sont absentés pendant 16 799 heures de plus que l’an dernier, pour des causes liées à la santé mentale. Cette augmentation représente des coûts de 341 114 $ supplémentaires pour l’établissement.

Marlène Joseph-Blais

Au total, le CSSSM a perdu 55 881 heures en assurance-salaire pour des absences motivées par des problèmes de santé mentale, pendant l’exercice financier 2012-2013 qui s’est terminé le 31 mars. Les coûts liés à ces absences ont donc grimpé en flèche, passant de 850 756 $ en 2011, à 1 191 870 $ pour la plus récente année. «C’est un dossier important qui préoccupe tous les gestionnaires. C’est beaucoup d’argent, mais au-delà des dollars, c’est le coût social derrière ça. Les personnes qui reviennent, ce n’est pas facile à gérer, elles sont dans un état différent», indique le directeur des ressources humaines au CSSSM, Réal Gagnière.

Les problèmes liés à la santé mentale ont progressé de façon importante en un an. Alors que ce facteur était derrière 41 % des absences en 2011-2012, il est désormais en cause dans 56 % des cas. M. Gagnière tient cependant à spécifier que les origines d’un tel problème sont multiples. «Ce n’est pas la réalité de dire que j’ai 50 % de mes employés sortis en assurance-salaire parce que les conditions de travail sont mauvaises. Dans 70 % des cas, c’est lié à des facteurs de stress contributifs à caractère personnel», fait-il remarquer.

Il importe également de mentionner que les employés qui bénéficient actuellement de l’assurance-salaire en raison d’un trouble relatif à la santé mentale proviennent de tous les départements, incluant les préposés aux bénéficiaires, les professionnels de la santé et le personnel de bureau. «Sur les 30 dossiers ouverts présentement, 10 concernent les infirmières et les infirmières auxiliaires. C’est 30 % des dossiers, donc ça correspond à notre ratio d’emploi», explique-t-il.

En conférence de presse, jeudi, le Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires de Baie-Comeau (SPSICRBC) s’est inquiété de la situation de l’assurance-salaire au Centre de santé. La présidente Marie-Patricia Tremblay et l’agente syndicale Isabelle Hall ont évoqué un climat de travail empreint de «stress» et d’«anxiété», en lien avec la pénurie de main d’œuvre et la difficulté de négocier avec la direction, notamment.

Agir et prévenir

En tenant compte du fait que les problèmes de santé mentale peuvent être rattachés autant à des facteurs professionnels que personnels, le directeur des ressources humaines au CSSSM croit qu’il sera complexe de remédier à la situation. «Lorsqu’on se rend compte que c’est aussi des causes personnelles, ça devient un problème de société. Il va falloir qu’on gère ça en tant que région éventuellement. On devra quand même mettre en place des solutions à l’interne», soutient M. Gagnière, citant en exemple la possibilité de dégager un budget en prévention.

Au Centre de santé, on affirme que ce phénomène a pris de l’ampleur partout au Québec et qu’il n’est pas étonnant qu’il se répercute sur la Côte-Nord. «Dans les dernières années, ça a augmenté de façon généralisée dans le réseau de la santé. Dans les dernières périodes de 2011-2012, le nombre de dossiers a augmenté en flèche, donc on a commencé l’année 2012-2013 avec un taux très élevé», constate M. Gagnière.

Assurance-salaire

Au 31 mars, 8,96 % de la totalité des heures travaillées au CSSSM ont été payées en assurance-salaire, ce qui semble être un peu en deçà des autres établissements de la région. À titre de comparaison, cette donnée se chiffre à 10,11 % pour le Centre de protection et de réadaptation de la Côte-Nord et à 9,03 % pour le CSSS de Sept-Îles, en date du 9 mars. Ces deux derniers résultats, pourraient toutefois s’améliorer puisqu’une période restante doit être comptabilisée pour compléter l’année financière.

 

Photo : Le directeur des ressources humaines au CSSSM, Réal Gagnière, est préoccupé par le taux d’absentéisme des employés causé par des problèmes de santé mentale. Il croit toutefois qu’il s’agit d’un problème de société puisque les facteurs qui y sont reliés sont souvent d’ordre personnel. (Archives Le Manic)

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