Produits forestiers Résolu : les travailleurs craignent le pire

2 octobre 2013
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Baie-Comeau – En apprenant que de nouvelles coupures de postes seraient réalisées à l’usine de Baie-Comeau de Produits forestiers Résolu, les travailleurs et les syndicats qui les représentent se sont dits inquiets et déçus de la manière de faire de la compagnie.

Julie-Andrée Verville

Les travailleurs se sentaient acculés au pied du mur, en sortant de la rencontre avec la direction, vendredi. Ils sont confrontés à un choix déchirant : conserver les trois machines en fonction, mais perdre 90 de leurs emplois et ouvrir la convention collective pour que les coûts de main-d’œuvre soient diminués, et passer des horaires de 8 à 12 heures ou perdre 150 de leurs emplois en fermant une machine à papier, sans toucher à leur convention. «On aimerait mieux que ça ne se passe pas ainsi. On n’a pas le choix, on a seulement le choix 1 ou le choix 2. Ce ne sont pas des nouvelles plaisantes. Si l’usine ferme, ce ne sera pas drôle pour l’économie de Baie-Comeau», a mentionné Michelle Émond, une travailleuse, après la rencontre.

Plusieurs craignent le pire, soit que la direction de Produits forestiers Résolu mette la clef dans la porte de l’usine, dans un avenir proche. «Dépendamment des marchés qui sont à la baisse, il y a des coupures à faire et, si on ne veut pas que ce soit chez nous, il faut faire un choix pour sauver les coûts de production. S’ils ferment l’usine, c’est tout le monde qui perd sa job», pense Michel D’Aigle, un autre travailleur.

Mécontentement des syndicats

Du côté du Syndicat Canadien des Travailleurs Unis du Papier local 375, qui compte 115 membres, le président Martin Lavoie est mécontent de la façon de faire de l’entreprise. «Nous, on désapprouve le fait que la compagnie vienne jouer dans notre convention collective avant qu’elle échoue. Il n’y a pas de négociation là-dessus. Ils marchent avec de la grosse dictature. Ce n’est pas une manière de faire les choses pour un environnement de travail sain», soutient-il.

Ce dernier considère que l’entreprise menace les travailleurs de plusieurs façons, d’abord en lançant un ultimatum pour que les employés prennent une décision. «On nous dit qu’on ne joue pas dans notre convention, mais que c’est nous autres qui allons le faire, mais on nous dit qu’on peut aussi juste fermer la machine et ne pas toucher à nos convention. On pellette ça dans notre cour», indique M. Lavoie. «On n’a pas le choix, c’est de la dictature. On pensait qu’ils allaient nous laisser tranquille avec toutes les concessions qu’on a faites. C’est de l’acharnement», ajoute-t-il.  

Le syndicat Unifor local 352, qui représente 280 employés des 420 de l’usine, souhaite obtenir plus d’informations sur la situation et réussir à négocier avec l’employeur, d’ici la fin de la semaine. «On veut avoir tous les enjeux des options offertes avant de faire un choix. Ce sont des options qu’ils offrent, mais pas des négociations. On impose des coupures et de faire plus de sous-traitance, en fait de faire le travail à moins cher. Ils veulent aller jouer dans la convention collective à leur manière», explique le président du syndicat, Yoan Bérubé.

Pour rallier ses membres, Unifor a organisé des rencontres près de la statue McCormick sur place La Salle, à tous les jours depuis samedi, afin que les travailleurs se soutiennent et se mobilisent. «[Les dirigeants] jouent dans la santé mentale des gens. Ils essaient de diviser pour mieux régner, de faire peur aux travailleurs, mais on a convoqué notre monde pour que personnene  reste seul […] Si on ne fait rien, qu’est-ce que nos enfants vont faire? C’est le temps qu’on se réveille», indique M. Bérubé.

 

Photo : À l’occasion d’une assemblée générale des employés de l’usine de Baie-Comeau de Produits forestiers Résolu, tenue ce vendredi, pendant l’arrêt des opérations de la papetière, la direction a annoncé que deux scénarios s’offraient aux travailleurs, impliquant des coupures d’emplois de l’ordre de 90 ou 150 postes. (Le Manic)