15 ans plus tard… Marie-Ève sauve encore des vies

4 Décembre 2013
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Baie-Comeau – Aujourd’hui, 15 années ont passé depuis que la jeune Marie-Ève Gagnon est décédée dans un accident de la route sur le boulevard Pierre-Ouellet, une triste histoire qui a toutefois motivé ses parents à exiger l’installation d’un muret séparateur, qui s’est concrétisé moins de deux ans plus tard et qui sauve encore des vies.

Julie-Andrée Verville

C’est le 4 décembre 1998 que Marie-Ève, âgée de 17 ans, a perdu la vie, alors qu’elle était passagère d’une voiture dont la conductrice a perdu la maîtrise sur une chaussée enneigée et glissante. Le véhicule s’est retrouvé dans la voie inverse et a été heurté par une autre automobile. Le coroner, Dr Arnaud Samson, qui avait remarqué que la moitié des accidents de la route survenus sur le boulevard Pierre-Ouellet, au cours des 10 dernières années, impliquaient le déplacement de véhicules sur les voies contraires, recommandait au ministère des Transports l’installation d’un muret séparateur pour créer une route à chaussées séparées.

«Tout est parti du rapport du coroner. M. Samson m’a dit : tout ce que j’avais à faire, je l’ai fait. Maintenant, le reste vous appartient. Je l’ai compris comme un message», se souvient la mère de Marie-Ève, Monique Tremblay. Ainsi, a débuté le processus menant à la remise au ministère d’une pétition pour demander l’installation d’un élément séparateur sur le boulevard Pierre-Ouellet.

En sa mémoire

Le 4 mai 1999, ne pouvant pas célébrer le 18e anniversaire de Marie-Ève, ses parents ont pensé à honorer sa mémoire en recueillant les signatures des gens afin de réclamer le muret, qui avait déjà été recommandé par le passé, mais jamais aménagé. «Qu’est-ce qu’on fait en tant que parents, puisqu’on ne peut plus la fêter. C’est de là qu’est partie l’idée de la pétition. C’était l’énergie du désespoir qui nous poussait», se rappelle le père de la défunte, Denis Gagnon. Avec la collaboration de nombreux bénévoles et de leur fils Simon, la pétition rassemblait quelque 17 500 noms et a été remise par la famille de Marie-Ève en mains propres au ministre délégué aux Transports, Jacques Baril, en juin 1999.

Pour les parents de Marie-Ève, il s’agissait d’une façon de réaliser le rêve de leur fille, qui suivait des cours de natation et de sauvetage. «On lui avait demandé pourquoi elle faisait tout ça et elle nous avait répondu qu’elle voulait sauver des vies. Nous, on voulait ce que Marie-Ève voulait faire : sauver des vies pour ne pas que d’autres parents vivent ce qu’on a vécu», précisent Mme Tremblay et M. Gagnon.

Un baume

Fruit de la mobilisation de toute la communauté, un ilot séparateur était finalement installé à l’été 2000, prenant la forme d’une glissière de sécurité, afin d’éviter que les voitures se retrouvent sur l’autre côté de la chaussée, un projet réclamé depuis une vingtaine d’années et qui a coûté 3,8 millions $. «Ça ne nous redonne pas notre fille, mais c’est sûr qu’elle a sauvé des vies. Ça a réglé le problème des collisions face à face. Il y en avait qui avaient peur de circuler là-dessus. Après 15 ans, les gens nous disent encore merci, parce qu’ils ont évité la catastrophe et on leur dit : c’est parce que vous avez signé», indiquent les instigateurs de la pétition.

Quinze ans plus tard, la famille de Marie-Ève Gagnon tient à remercier tous ceux qui ont embrassé la cause, en signant la pétition ou en faisant progresser le dossier. «On voudrait remercier la population des environs, le coroner qui nous a lancé l’appel, le juge Claude Tremblay pour son appui, la famille, les amis, les bénévoles, les journalistes et Karine qui nous a accompagnés toutes ces années avec des pensées attentionnées», soutiennent son frère Simon Gagnon et ses parents.

 

Photo : Quinze ans plus tard, la famille de Marie-Ève Gagnon, décédée le 4 décembre 1998 d’un accident de la route sur le boulevard Pierre-Ouellet, tient à remercier tous ceux qui ont collaboré à la mise en place d’un muret séparateur sur cette artère. On aperçoit le frère de la défunte, Simon Gagnon, et ses parents Monique Tremblay et Denis Gagnon. (Courtoisie Denis Gagnon)

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