L’éclosion de conjonctivite entraîne des mesures de prévention plus strictes

9 octobre 2014
Temps de lecture :

Baie-Comeau – L’éclosion de conjonctivite virale survenue dans la Manicouagan au début 2014 aura finalement permis de mettre à jour les mesures de prévention et de contrôle des infections à l’échelle provinciale, selon le bilan présenté par la Direction de la santé publique.

Karine Boivin Forcier

Le rapport d’investigation réalisé par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), en collaboration avec la Direction de la santé publique (DSP) de la Côte-Nord et Centre de santé et de services sociaux de la Haute-Côte-Nord–Manicouagan (CSSSHCN–M), a mis en évidence l’importance des mesures de prévention et de contrôle des infections.

Tant à l’échelle régionale que provinciale, la gestion de l’éclosion a permis d’acquérir de nouvelles connaissances, d’identifier des problématiques dans différents services et d’y trouver des solutions. «Ça démontre que des éclosions qu’on connaît moins peuvent arriver et nous voulons pouvoir prendre les mesures pour réagir à n’importe quelle situation», a souligné Roger Dubé, directeur des services professionnels et hospitaliers.

Le CSSSHCN–M termine d’ailleurs la rédaction d’un guide sur le sujet. «Ça nous a permis de définir des principes de prise en charge qui seront efficaces dans n’importe quel type d’éclosion. Il faut réagir rapidement et intensément pour contrôler l’épidémie», ajoute M. Dubé.

Mesures rigoureuses

Au service d’ophtalmologie du CSSSHCN–M, les mesures sont plus rigoureuses, notamment en ce qui a trait au lavage des mains et à la désinfection des surfaces. Les procédures de retraitement, lorsque les appareils ont été en contact avec un patient et doivent être désinfectés, ont aussi été améliorées.

Par ailleurs, si des patients doivent être vus pour des problématiques semblables à une conjonctivite, on essaie de leur donner une place vers la fin de la clinique. De même, la salle d’attente du service d’ophtalmologie fait l’objet d’une attention particulière.

Ampleur extraordinaire

Avec plus de 1 400 personnes touchées entre le 1er décembre 2013 et le 13 mai 2014, l’éclosion de conjonctivite virale a pris une envergure inégalée à travers le monde. Les interventions effectuées par les partenaires du réseau de la santé ont toutefois permis de limiter la durée de l’éclosion à cinq mois, un délai jugé adéquat par les auteurs du rapport.

Mentionnons que le quart des 939 cas étudiés dans le rapport présentaient une infection acquise en milieu hospitalier.Les femmes ont été plus touchées que les hommes, avec 60 % des cas. L’incidence a été plus élevée chez les enfants d’âge préscolaire (0-5 ans), avec 55,2 cas pour 1 000 habitants.

Le rapport a également constaté que des cas provenant de la communauté ont constitué la source d’introduction de l’éclosion à l’hôpital Le Royer. Le service d’ophtalmologie est ensuite devenu une source d’exposition, contribuant à la propagation au sein de l’hôpital et dans la communauté. Cette situation est semblable à celle d’autres éclosions de ce type.

Adénovirus

Rappelons que l’éclosion qui a touché la Manicouagan a été causée par l’adénovirus de type 8, un virus très virulent. Ce virus se démarque aussi par sa capacité de survie prolongée (jusqu’à 49 jours) sur les surfaces et sa résistance élevée aux désinfectants communément utilisés, ce qui a contribué à l’ampleur de la propagation dans la Manicouagan.

Ce virus cause également une conjonctivite très sévère, d’où l’attention particulière qui lui a été portée. Ainsi, certains des patients ont conservé des séquelles, notamment des cicatrices à la cornée, et bénéficient encore d’un suivi. Il s’agit cependant d’une très faible proportion des personnes touchées, selon Roger Dubé.

 

Photo : Le directeur de la santé publique par intérim, le Dr François Desbiens, le directeur général du CSSSHCN–M, Réal Gagnière, et le directeur des services professionnels et hospitaliers, Roger Dubé, ont présenté les conclusions du rapport d’investigation sur l’éclosion de conjonctivite virale survenue au début de 2014.

Partager cet article