Biomasse forestière: la Côte-Nord réunit les conditions gagnantes

13 mai 2015
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Forestville – Le développement de la filière biomasse forestière (ou bois-énergie) est promis à un bel avenir sur la Côte-Nord, une région qui réunit les conditions gagnantes nécessaires pour en faire un succès. Les efforts des dernières années des partenaires impliqués dans l’aventure devraient bientôt porter fruit.

Charlotte Paquet

«Il n’y a pas de raison qu’on ne pousse pas dans ce sens. Les conditions gagnantes sont là. La ressource est là et tout près des municipalités. On a les professionnels compétents pour lancer cette filière énergétique. On a une région froide et on paie très cher pour le transport du mazout», explique l’ingénieur forestier Olivier Doucet, un véritable passionné de tout ce qui touche la biomasse forestière nord-côtière.

Chargé de projet pour la Société des ressources de Forestville, M. Doucet occupe aussi le poste de coordonnateur au sein du Consortium innovation technologique énergie Côte-Nord (CITEC), en plus d’être associé aussi au Centre de formation professionnelle de Forestville (Pavillon de la foresterie) comme soutien technique. Il s’agit de trois des organismes impliqués dans le développement de la filière biomasse forestière.

Travaux considérables

Depuis 2013, des travaux considérables de recherche et de développement ont été effectués en région. Ils ont notamment permis au Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB) de réaliser la phase II d’une étude sur l’utilisation optimale de la biomasse en forêt boréale. Le CITEC a mené une analyse de la demande en conversion à la biomasse forestière de chaufferies institutionnelles au mazout.

Une analyse de la biomasse disponible et des marchés potentiels sur la Côte-Nord s’est également concrétisée. Il a aussi été question de tests de performance sur un prototype de centre de conditionnement mobiles de plaquettes de bois pour des fins de chauffage; de développement et production d’un broyeur nord-côtier à la biomasse forestière; et du développement d’une unité thermique mobile pour la production d’énergie à partir de la biomasse provenant des forêts de la région.

«Des innovations en matière d’équipements nord-côtiers de transformation et de production d’énergie à partir de la biomasse forestière sont en développement ou en cours de commercialisation. Les stratégies de développement actuel des équipementiers en bois-énergie nord-côtier préconisent des équipements mobiles et polyvalents fabriqués sur demande et en usine», peut-on d’ailleurs lire dans un rapport préliminaire produit par M. Doucet à la suite d’une mission tenue dans la Vallée de la Matapédia, des leaders en matière de biomasse forestière, en décembre dernier.

Ça s’en vient

Le travail des dernières années devrait déboucher prochainement. Des annonces pourraient être faites, à propos notamment la fabrication d’un prototype de broyeur pour transformer le bois en plaquettes forestières servant à alimenter les unités thermiques, également appelées chaufferies.

Un groupe d’entreprises se penche d’ailleurs sur la possibilité de construire des unités thermiques mobiles sur la Côte-Nord. Le projet avance rondement. Pour les alimenter, il faut principalement du bois sec et sain, donc du bois mort, mais encore debout. Il s’agit d’une ressource laissée de côté par les industrie du sciage et des pâtes et papiers. Le bois coupé et empilé depuis quelques années est également recherché. Ces bois ont le grand avantage d’avoir un taux d’humidité de 30 % et moins.

La conversion d’un système de chauffage à l’électricité ou au mazout à un système à la biomasse forestière peut permettre des économies de 50 % à 70 % de la facture d’énergie.

Rappelons que la Fabrique Saint-Luc de Forestville chauffe son église et son presbytère à la biomasse forestière depuis 2012. Elle a été l’une des premières au Québec à acquérir une unité thermique de petite puissance, en l’occurrence de 100 kilowatts-heure. La chaufferie sert en quelque sorte de laboratoire aux artisans du développement de la filière biomasse forestière. 

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