Annie Proulx : le cancer lui arrache son conjoint et sa sœur en peu de temps

Par Charlotte Paquet 1 juin 2016
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Baie-Comeau – Annie Proulx est une véritable force de la nature. Résiliente et battante à la fois, elle fonce littéralement dans la vie. Elle refuse de s’apitoyer sur son sort, même si bien d’autres dans sa situation le ferait. Le cancer ne lui a-t-il pas enlevé son conjoint et sa sœur en moins de six mois…

Le 28 août 2015, Sylvain Ouellet rendait l’âme à La Vallée des Roseaux après avoir tout donné pendant 18 mois pour déjouer les pronostics face à son cancer des voies biliaires. Il n’avait que 45 ans. Il laissait dans le deuil sa conjointe et leurs deux enfants, la petite Sandrine, qui n’avait même pas deux ans, et Edward, huit ans.

Le 5 février 2016, Manon Proulx laissait échapper son dernier souffle dans la même maison de soins palliatifs, après une récidive fulgurante d’un cancer du col de l’utérus diagnostiqué en 2013. Elle avait tout juste 40 ans. Elle laissait dans le deuil son conjoint et leur fils de 16 ans, mais aussi une sœur de deux ans son aînée qui vivait un second deuil en peu de temps.

La vie a bien beau lui avoir volé deux personnes très proches, Annie Proulx trouve le courage de lui pardonner et d’apprendre à travers les épreuves.

Le sens du mot

Aujourd’hui, le mot cancer prend un sens particulier pour la Baie-Comoise. « C’est sûr que je suis plus sensible à ça maintenant. Je pensais que ça arrivait juste aux autres ou que ça arrivait plus tard, pas jeunes comme Sylvain et Manon. J’ai appris à la dure. J’ai eu la totale », raconte-t-elle.

« Ce qui a été le plus difficile là-dedans, c’est que t’as une sœur et t’as un conjoint. T’es toute seule pour aider. Il faut presque que tu en choisisses un, car ton énergie a des limites », affirme Annie Proulx qui a cru jusqu’à la fin que le père de ses enfants s’en sortirait. Il s’était tellement battu… « On est préparé à ce qui s’en vient, mais, finalement, on n’est jamais prêt à ça », ajoute-t-elle par rapport à la mort.

Questionnée sur les qualités nécessaires pour accompagner un proche atteint d’un cancer, la quadragénaire répond qu’il faut beaucoup d’amour et de dévouement. « Il faut les écouter beaucoup. Il faut que tu sois un poteau pour eux », souligne-t-elle.

Pour passer au travers ces mois de tourments et d’espoir, Annie Proulx ajoute qu’il faut accepter l’aide offerte et même la réclamer au besoin. Ayant un vaste réseau d’amis, ils en ont beaucoup bénéficié. « Les gens arrivaient avec des repas. On a eu des chèques-cadeaux de gens qu’on ne connaissait pas du tout. Sur les cartes, les gens nous disaient : “Gâtez-vous”. »

Créer son futur

Dans une situation comme la sienne, d’autres auraient pu en vouloir à la vie, mais pas Annie Proulx. « Écoute, la vie, je fonce dedans. Tu retrousses tes manches et tu continues. S’apitoyer sur son sort, ce n’est pas en moi. J’ai de la résilience », lance-t-elle, avant de souligner qu’avec deux jeunes enfants, il faut continuer d’avancer.

« Je n’attends plus que la vie décide pour moi. Je fais mes choix. C’est moi qui crée mon futur avec ce que j’aime. Je remplis ma vie de projets », assure-t-elle d’un ton décidé. Un beau projet qui s’en vient, c’est des vacances aux Îles-de-la-Madeleine avec ses enfants et deux autres familles d’amis.

Participer aux rencontres du groupe Arc-en-ciel lui a également été d’un précieux secours. « Je pensais ne pas en avoir besoin, mais il restait un mais », raconte-t-elle. Selon elle, vivre un deuil, ça ne s’apprend pas à l’école.

Il n’en reste pas moins que l’absence de Sylvain est difficile à vivre. Ce qui lui manque le plus de son homme, c’est sa présence, son amour, le regard qu’il portait sur ses enfants et… ses grandes mains, dit-elle avec un sourire lui éclairant le visage.

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