Le milieu communautaire va brasser la cage

Par Steeve Paradis 20 septembre 2016
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Baie-Comeau – Excédés de réclamer depuis des années, sans succès, un meilleur financement de leurs activités, les groupes communautaires québécois en général et nord-côtiers en particulier vont exprimer leur ras-le-bol de façon tonitruante entre le 7 et le 9 novembre.

Affirmant que le gouvernement québécois est sourd à leurs réclamations, les regroupements d’organismes communautaires et de groupes populaires passent maintenant à l’attaque. « Même si ce n’est pas dans notre culture de mener des actions dérangeantes, on en est rendus à poser ce genre de geste et ça va déranger à la grandeur de la Côte-Nord », lance Michel Savard, de la Table des groupes populaires de Baie-Comeau, s’excusant à l’avance des inconvénients causés par ces gestes. « Ça ne fait pas notre affaire, mais on n’a pas le choix. »

Le sous-financement chronique de leurs activités, accompagné par l’augmentation de la charge de travail, les coupures en services sociaux et l’étendue du territoire en ce qui a trait à la Côte-Nord, font des ravages au sein des organismes de la région. D’ailleurs, 39 % d’entre eux doivent fermer leurs portes durant 12 semaines ou plus, faute de sous pour offrir leurs services à l’année. « C’est une entreprise de démolition en cours et c’est la population qui en paie le prix », se désole Nancy Lamontagne, de la Table régionale des organismes communautaires (TROC) de la Côte-Nord.

Outre le rehaussement significatif du financement global du réseau communautaire québécois (sur la Côte-Nord, le manque à gagner annuel est évalué à 6,5 M$), le regroupement réclame aussi la reconnaissance de l’action communautaire autonome comme moteur de progrès social ainsi qu’un réinvestissement majeur dans les services publics et les programmes sociaux.

Une plus grosse enveloppe budgétaire annuelle permettrait aussi aux organismes d’éviter le financement par projet spécifique, qui crée un effet pervers selon eux. «Avec le financement par projet, ce ne sont plus les membres qui décident des actions, ce sont les programmes », soumet Anne Gagné, du Regroupement des femmes de la Côte-Nord.

Vieille même cassette

En matière de sous-financement des organismes communautaires, sacrifiés sur l’autel du néo-libéralisme, Michel Savard a l’impression d’utiliser la même vieille cassette depuis longtemps. « Mais cette cassette commence à être partagée par des économistes du FMI (Fonds monétaire international), qui proclament aussi la fin du néo-libéralisme. Ça fait pourtant longtemps qu’on le dit.

La situation précaire des organismes communautaires fait en sorte que dans la région, près de 60 % d’entre eux doivent abandonner certains de leurs services, faute de financement adéquat, souligne Cindy Berger de la TROC. De plus, près de la moitié doivent diminuer le nombre d’heures de travail hebdomadaires de leur personnel ou encore diminuer les salaires afin de pouvoir opérer à l’année, ajoute-elle.

Et quelles seront les actions perturbantes qui seront mises en place début novembre? Motus et bouche cousue du côté des responsables, si ce n’est que les actions auront lieu dans l’ensemble du Québec et que celles sur la Côte-Nord auront « une couleur régionale ».

L’action communautaire touche beaucoup de gens, soit 45 000 personnes sur la Côte-Nord, ce qui représente près de 50 % de la population régionale. À titre d’exemple, la TROC Côte-Nord regroupe 95 organismes totalisant 315 salariés et plus de 2500 bénévoles.

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