L’absence de pont coute un demi-million $ de plus à Sacopan

Par Charlotte Paquet 22 mars 2017
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Baie-Comeau – L’absence d’un pont enjambant la rivière Saguenay nuit à l’économie de la Côte-Nord, ce n’est un secret pour personne. Sacopan ouvre ses livres pour le prouver. L’entreprise de Sacré-Cœur paie un demi-million de dollars de plus par année en frais de transport pour la seule et unique raison que la fiabilité du service de traversiers fait peur au monde du camionnage.

« Des compagnies de transport ne veulent pas venir. On réussit à en trouver malgré tout, mais ça nous coute 500 000 $ de plus par année que si notre usine était située sur la rive sud et à une même distance de Montréal », affirme Guy Deschênes, président-fondateur de Sacopan et toujours président du conseil d’administration.

L’entreprise d’une centaine d’employés fabrique 10 millions de panneaux de portes intérieures embossées par année. Sacopan est le seul manufacturier dans cette niche au Canada. La majeure partie de sa production est destinée aux États-Unis. Un acheteur important se trouve même en Californie.

L’insécurité, ça se paye!

Si les camionneurs se font tirer l’oreille pour assurer l’expédition de ses panneaux de portes, c’est que le service de traversiers reliant Baie-Sainte-Catherine à Tadoussac les insécurise en raison du temps d’attente qui peut s’allonger pour toutes sortes de raisons.

« Ils ne sont jamais certains de toucher une rémunération juste lorsqu’ils viennent ici. Ceux qu’on a, ils nous chargent en conséquence », indique l’homme d’affaires.

Or, bon an mal an, au moins 2 000 voyages de camion sont nécessaires pour les opérations de Sacopan, autant pour le transport de produits finis à l’extérieur de la région que pour la réception de produits destinés à la fabrication.

Pour acheminer les panneaux de porte chez les clients, les camions semi-remorques arrivent à Sacré-Cœur vides, mais repartent chargés à ras bord. « Ils subissent deux fois les effets de cette traversée-là avec les aléas et l’insécurité », déplore Guy Deschênes. Il rappelle que si un camionneur arrive à Baie-Sainte-Catherine tardivement en fin de soirée, il court le risque de devoir attendre encore plus longtemps puisque les départs sont aux heures pendant la nuit.

Sacopan n’est pas la seule entreprise dans ce cas. Son président fondateur parle aussi de Bersaco, de Boisaco et d’autres. Le service de traversiers nuit à leurs rendements. « C’est un problème majeur qui brime nos marges bénéficiaires, mais aussi nos avantages concurrentiels. Nos compétiteurs sont à l’étranger », dit-il.

Un pont s’impose

La Côte-Nord réclame la construction d’un pont enjambant la rivière Saguenay depuis des lustres et Guy Deschênes pousse encore et toujours dans le même sens, car l’actuel service de traversiers est loin de répondre aux attentes.

« C’est une entrave qui nous gène dans notre développement, qui nous irrite sur le plan humain et qui augmente les risques de décès et de blessures sur la route », conclut l’homme d’affaires, qui a passé son message aux représentants de la consultation sur la sécurité routière de la Société de l’assurance automobile du Québec, en février, à Baie-Comeau.

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