Obtenir 15 MW pour un centre de données : Baie-Comeau reçoit un feu vert conditionnel d’Hydro-Québec

Par Charlotte Paquet 3 avril 2018
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Un promoteur a besoin de 15 mégawatts pour mettre en place un centre de données dans ce bâtiment à vendre de la rue William-Dobell à Baie-Comeau. Photo archives Le Manic

Baie-Comeau – La Ville de Baie-Comeau a pratiquement reçu le feu vert d’Hydro-Québec pour accorder au promoteur d’un centre de données les 15 mégawatts (MW) d’énergie qu’il réclame. Mais avant de sabler le champagne, le moratoire imposé par le gouvernement du Québec sur tous les projets énergivores reliés aux chaines de blocs (blockchains) doit être levé.

« On a eu une réponse pas de réponse, mais c’est une réponse », a admis le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, devant la suite des choses. Rappelons qu’un promoteur, dont l’identité demeure confidentielle pour le moment, a effectué une offre d’achat sur un bâtiment de la rue William-Dobell afin de lancer ses activités. Sa seule condition : que la Ville puisse l’alimenter à la hauteur de 15 MW.

La Ville attendait depuis quelques semaines déjà la réponse d’Hydro-Québec à sa demande d’augmenter à 62 MW la puissance souscrite du poste Bégin, ce qu’elle considérait comme sa puissance réelle, afin de pouvoir alimenter ce promoteur.

La société d’État a cependant appris aux autorités municipales, récemment, que la puissance souscrite avait été abaissée à 50 MW en 2017, étant donné que la barre des 47 MW d’énergie n’avait jamais été dépassée, même en période de pointe hivernale. Cette décision était passée sous le radar, avoue le maire.

Malgré tout, Hydro-Québec accepte de rehausser la puissance souscrite du poste Bégin à 62 MW, mais à la condition que Baie-Comeau ait un client à qui vendre cette énergie. « Ils nous ont dit que le client de l’avenue William-Dobell, ils ne pouvaient pas l’autoriser comme client, car il y avait un moratoire », explique M. Montigny.

Tout est sur la glace

Ce moratoire imposé par le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau, touche la centaine de propositions énergivores déposées à la société d’État ces derniers mois. M. Moreau souhaite analyser la situation avant de décider des orientations à privilégier.

Le maire Montigny est confiant pour le projet de centre de données à Baie-Comeau. Il considère que les signaux reçus des sphères gouvernementales sont positifs. Selon lui, la seule raison qui pourrait faire avorter le projet serait l’imposition de tarifs trop élevés, mais il est d’avis que le ministre Moreau n’empruntera pas cette voie.

Appui d’Arcand

L’élu baie-comois est également heureux d’avoir le soutien du ministre responsable de la Côte-Nord, Pierre Arcand, dans ce dossier. D’ailleurs, ce dernier a récemment défendu auprès de son collègue les avantages de la région Manicouagan dans le secteur des chaines de blocs.

« Il est clair qu’en tant que ministre responsable de la Côte-Nord, je lui ai dit qu’il y avait dans la région de la Manicouagan en particulier des connexions qui seraient probablement plus faciles et je pense qu’il a pris bonne note de ça et je vais certainement lui rappeler. Encore une fois, je pense qu’il y a de bonnes possibilités ici », a déclaré le ministre Arcand lors de son passage à Baie-Comeau, au début de la semaine dernière.

Le maire Montigny souligne que le promoteur attend lui aussi la suite des choses pour s’installer à Baie-Comeau. « Nous, on continue toujours de parler à notre client et il est très satisfait de voir notre travail », souligne-t-il, tout en rappelant que son créneau n’est pas dans la cryptomonnaie.

Si le projet se réalise, la Ville de Baie-Comeau empocherait de nouveaux revenus pouvant aller jusqu’à 1,3 M$ avec les tarifs actuels. Pour une municipalité qui prévoit un mur de 2 M$ à son budget de 2019 si rien n’est fait, cette bouffée d’oxygène serait indubitablement bien accueillie.

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