À peine sept places disponibles sur la Côte-Nord – La pénurie de familles d’accueil devient critique

Par Charlotte Paquet 24 avril 2018
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Responsable du dossier des familles d’accueil à la DPJ Côte-Nord, Nancy Bergeron lance « un cri du cœur » à la population afin de recruter de nouvelles familles d’accueil dans la région. Photo courtoisie

Responsable du dossier des familles d’accueil à la DPJ Côte-Nord, Nancy Bergeron lance « un cri du cœur » à la population afin de recruter de nouvelles familles d’accueil dans la région. Photo courtoisie

Baie-Comeau – La Côte-Nord a besoin de nouvelles familles d’accueil. Sur les 167 places existantes, à peine sept sont disponibles sur son immense territoire. La situation devient critique, particulièrement à Baie-Comeau, à Sept-Îles et à Havre-Saint-Pierre.

« C’est vraiment un cri du cœur qu’on lance à la population », affirme Nancy Bergeron, chef de l’administration des programmes de ressources intermédiaires et de ressources de type familial à la Direction de la protection de la jeunesse de la Côte-Nord.

La campagne régionale Accroche ton cœur au mien vient d’être lancée. Elle veut courtiser des familles d’accueil en devenir pour les jeunes de 0 à 17 ans. Actuellement, 95 familles sont réparties d’un bout à l’autre de la Côte-Nord. C’est trop peu. Il en faudrait une douzaine de plus.

« Pour nous donner un peu de souffle, si on pouvait en développer cinq à Baie-Comeau, cinq à Sept-Îles et deux à Havre-Saint-Pierre, dont une en protection de la jeunesse et l’autre en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme », souligne Mme Bergeron. Par contre, peu importe les secteurs de la région, des nouvelles familles d’accueil seraient bienvenues. « On veut des gens capables d’accueillir des jeunes, de s’investir et de leur offrir un milieu sécurisant », ajoute-t-elle.

Le taux d’inoccupation se situe à 4,2 %. Le ministère de la Santé et des Services sociaux recommande un taux de places disponibles autour de 15 %.

La situation

Preuve que la situation est très difficile, une seule place était récemment disponible à Baie-Comeau, mais pour les 0 à 5 ans. « Pour les plus vieux, je n’en avais plus », souligne la porte-parole. Autre exemple, du côté de Havre-Saint-Pierre, toutes les places étaient occupées. Les sept places disponibles se trouvaient en Haute-Côte-Nord, à Port-Cartier, à Sept-Îles et à… Schefferville.

Dans la mesure du possible, les enfants sont hébergés dans leur milieu naturel afin de moins les déraciner tout en favorisant leur réintégration dans leur milieu familial le plus rapidement possible. Il est déjà arrivé, cependant, que des jeunes soient hébergés ailleurs sur le territoire. Par contre, même si une place est vacante à Schefferville et qu’il y a des besoins ailleurs, le jumelage sera impossible.

Quand le nombre de places vacantes est petit, il peut être difficile de réussir le jumelage dans la bonne ressource et le pairage avec les autres jeunes hébergés dans la famille d’accueil et même avec les enfants biologiques de la famille. Comme le souligne Nancy Bergeron, si un jeune de 12 ans a des problèmes de comportement d’ordre sexuel, la DPJ ne l’enverra pas dans un milieu où il y a des jeunes enfants.

Malgré la pénurie de familles d’accueil, aucun enfant n’est laissé en plan, assure la porte-parole. De toute façon, quand une famille vit des problèmes, la Loi sur la protection de la jeunesse oblige à retirer un jeune de son milieu. La première option consiste à vérifier dans son entourage immédiat (tantes, oncles, grands-parents) si une famille d’accueil de proximité peut être trouvée.

Si aucun enfant n’est laissé en plan, il peut cependant arriver que le départ d’un jeune du centre de réadaptation vers une famille d’accueil soit retardé, comme il est possible que des besoins de répit ne soient pas comblés chez les parents de jeunes atteints d’une déficience intellectuelle ou d’un trouble du spectre de l’autisme, conclut Nancy Bergeron.

Devenir famille d’accueil
L’amour des enfants au cœur de tout

Baie-Comeau – L’amour des enfants et le désir d’offrir une stabilité à des jeunes qui ne l’ont pas facile dans la vie, voilà ce qui explique la décision de Monique Dion et Michel Jean de devenir famille d’accueil. Et quatre ans plus tard, ils poursuivent cette belle aventure.

« Quand j’ai commencé à être famille d’accueil, ma dernière venait de partir. Je ne pouvais pas croire que la maison resterait vide. Il y en a qui ont hâte que les enfants quittent, mais moi, j’ai versé une larme à chaque fois », raconte la mère de quatre enfants, qui ne pouvait se résoudre à voir inoccupées quatre des cinq chambres de sa maison. Aujourd’hui, un adolescent de 17 ans et un autre de 15 ans en occupent deux.

Au départ, le couple avait convenu d’offrir deux places à des jeunes, peu importe qu’il s’agisse d’enfants ou d’adolescents. Aujourd’hui, il ne dispose plus que d’une seule place dans les faits puisque le plus âgé est devenu sous sa tutelle à sa propre demande.

La tutelle se caractérise par le fait que Mme Dion et son mari possèdent les droits parentaux. « Tu peux agir comme si c’était ton enfant », précise-t-elle. Dans le cas du plus jeune, qu’ils ont sous leur aile depuis janvier 2017, il s’agit d’un placement à long terme, soit jusqu’à ses 18 ans.

Donner une chance
Oui, il y a la maison vide et l’amour des enfants qui ont motivé la décision du couple de devenir famille d’accueil, mais il y a plus. Le couple souhaite offrir de la stabilité aux enfants, leur servir d’exemple afin qu’ils réalisent que des milieux stables, ça existe.

« On se dit que les nôtres (nos enfants) ont été chanceux et qu’on a aussi été chanceux, car on a eu des enfants faciles. Alors, pourquoi ne pas donner cette chance-là à des jeunes qui n’ont pas nécessairement été chanceux dans la vie », mentionne Mme Dion.

La dame et son conjoint souhaitent aussi quel les jeunes développent leur autonomie, leur estime de soi et leur confiance afin qu’ils prennent conscience qu’eux aussi peuvent aspirer à avoir une belle vie, lance-t-elle en conclusion.

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