Conférencier invité à la Chambre de commerce – Denis Lebel croit fermement à l’avenir de la forêt

Par Sandro Célant 11 mai 2018
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Sur la photo, la directrice générale de la Chambre de commerce de Manicouagan Josée Parisée pose en compagnie de Denis Lebel, qui a agi à titre de conférencier-invité. Photo Le Manic

Baie-Comeau – De passage à Baie-Comeau la semaine dernière, le nouveau directeur général du Conseil de l’Industrie forestière du Québec (CIFQ), Denis Lebel, a tenu des propos optimistes sur la situation et l’avenir de la forêt au Québec.

« La forêt a un avenir incroyable et il faut qu’on le vende bien ensemble et que l’on travaille bien là-dessus ». Invité de la Chambre de commerce de Manicouagan à titre de conférencier, l’ancien ministre fédéral a amorcé son allocution par cette citation, jeudi midi, lors d’un dîner organisé à l’Hôtel le Manoir.

Prenant la parole devant une soixantaine d’entrepreneurs et d’intervenants du milieu des affaires, le nouveau titulaire du CIFQ a évidemment parlé de l’importance capitale des forêts sur les plans économique et social.

Générant près de 60 000 emplois directs, l’industrie forestière génère au Québec un chiffre d’affaire de 18 G$ annuellement, dont une balance commerciale de 8 G$ de surplus au Québec au niveau des opérations commerciales.

« Au total, 220 municipalités de la province, soit une ville sur cinq, dépend de l’industrie forestière. Chacune des régions amène son lot. Ici, l’approvisionnement et le sapin représentent des défis et c’est pourquoi il faut travailler tout le monde ensemble afin de trouver des solutions », a ajouté l’ancien maire de Roberval.

États-Unis

Denis Lebel a évidemment abordé la question du conflit commercial avec les Américains, qui concerne principalement trois points majeurs, soit le bois d’œuvre, le papier non couché et le papier surcalandré utilisé pour les encarts, les circulaires et les magazines.

« Le dossier du bois d’œuvre est extrêmement important, car il est exporté à 45 à 50 % et représente près de 60 % de nos revenus. C’est très important que l’on garde ces portes-là ouvertes. »

Trois composantes majeures font partie du bois d’œuvre, le prix du 1000 pieds-mesures de planche, qui se vend aujourd’hui à 640 $ comparativement à 360 $ il y a quelques années, le nombre de mises en chantier aux États-Unis, qui en 2008-2009, a baissé sous le cap des 500 000. En mars dernier, il a atteint le 1,3 million. Le troisième volet est lié à la valeur du dollar canadien.

« Avec une moyenne de 1,3 million de mises en chantier annuellement, on vend plus de bois et ils en ont plus besoin. C’est sûr que si l’une de ses trois composantes change, on est dans le trouble et c’est pourquoi il faut profiter de cet argent-là pour réoptimiser nos procédés et nos processus et investir dans nos usines. »

Principal fournisseur

Le dirigeant de la CIFQ précise que dans l’ensemble, tout se passe assez bien en précisant que les défis sont hauts avec les États-Unis, car ils ont besoin d’importer 30% de leur consommation actuellement, n’étant pas autosuffisants dans le domaine.

Même si les Américains cherchent à regarder ailleurs pour leurs besoins, le Canada représente le principal fournisseur d’un pays qui est en manque de main-d’œuvre spécialisée et qui achète et utilise de plus en plus de produits transformés.

Part du marché

« Nous sommes présentement à une part de marché de 29 % alors que nous étions à 30 ou 31 %. Le défi est de maintenir le cap et de tenter de combler à la demande en moussant davantage nos produits comme le préfabriqué, qui procure au Québec une place de choix dans tout le Canada », a également indiqué l’ex-ministre conservateur lors de cette allocution.

Il se montre optimiste de voir le conflit se régler

Baie-Comeau – Même si le dossier est loin d’être réglé, Denis Lebel s’est montré très optimiste face au conflit qui oppose le Canada et les États-Unis.

Le conférencier invité par la Chambre de commerce de Manicouagan affiche cette confiance en revenant sur les expériences du passé entre les deux pays. « Cela va faire la cinquième fois et quand t’as eu quatre en quatre, je pense qu’on aura cinq en cinq autant dans le bois d’œuvre que dans le papier couché », a lancé le dirigeant aux représentants de la presse.

Conscient que la crise forestière vécue au cours des dix dernières années n’a pas été facile, le porte-parole prévoit des jours meilleurs en précisant que le cycle est favorable pour les années 2018 et 2019.

« Il faut maintenant faire preuve de prévisibilité et assurer une meilleure planification au sein des entreprises. Il va falloir ouvrir nos horizons afin de mieux travailler et voir l’avenir ensemble », a-t-il fait valoir.

La baisse du taux de natalité (moyenne de 1,7 enfant par famille), le manque de main-d’œuvre sur le terrain, l’immigration, les changements climatiques ont été d’autres aspects considérés par l’ex-politicien, conscient des nombreux ajustements à apporter

Produits diversifiés

La forêt possède une vaste richesse et les dirigeants impliqués travaillent de plus en plus à augmenter l’offre de produits diversifiés comme les granules, le charbon de bois et le biocarburant liquide ou solide, qui démontrent un beau potentiel.

Dans la région, des démarches sont aussi en cours afin de valoriser davantage la matière issue de la forêt. « Ce sont des projets qui sont, disons embryonnaires, qui nécessitent pas mal d’investissement et qui sont dans des marchés très nichés également », a reconnu Karine Otis, directrice au développement industriel pour Innovation et développement Manicouagan.

La responsable multiplie les contacts et les négociations avec des parties intéressées tout en gardant un lien étroit avec la papetière Résolu de Baie-Comeau, un partenaire associé de près au développement de ce secteur.

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