Chaînes de blocs : réactions mitigées dans le milieu

Par Charlotte Paquet 7 juin 2018
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Jason Lagacé est très déçu de l’annonce de ce matin. Selon lui, elle risque de placer les petits entrepreneurs québécois comme lui en compétition avec les plus gros, comme Bitmain, Photo Le Manic

Baie-Comeau – L’annonce tant attendue du gouvernement du Québec dans le domaine de la technologie des chaînes de blocs est accueillie de façon mitigée dans le milieu manicois. Si elle satisfait certaines attentes, elle est loin d’en combler d’autres.

Jeudi matin, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec ont dévoilé leur plan de match. Cinq cents mégawatts (MW) d’énergie pour des projets liés à cette technologie émergente sont débloqués, même si les 300 demandes reçues représentent un potentiel de 15 000 MW, selon la société d’État.

De plus, la Régie de l’énergie obtient la responsabilité de fixer un tarif réservé à cette nouvelle catégorie de consommateurs et de sélectionner les dossiers à retenir en fonction notamment de maximiser les revenus d’Hydro-Québec et les retombées économiques au Québec.

« On est beaucoup plus satisfait qu’on s’attendait. On avait vraiment des signaux qui nous disaient qu’ils allaient fixer un tarif par décret ministériel et qui aurait eu pour effet de porter atteinte à des projets qu’on travaille depuis plusieurs mois à Baie-Comeau », se réjouit le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny.

L’élu est particulièrement heureux d’avoir la possibilité de défendre sa demande de 350 MW, soit la capacité projetée du futur poste de distribution, auprès de la Régie de l’énergie. « Pour nous rien n’est perdu. On sent qu’on a eu une écoute du gouvernement du Québec », assure-t-il.

Par contre, il déplore que seulement 500 MW soient débloqués alors que les besoins sont si grands. Il ne comprend pas qu’Hydro-Québec puisse affirmer ne pas avoir la capacité de faire plus alors qu’elle ouvre les vannes de plusieurs barrages ces temps-ci. « Je vous dis que 500 MW pour tout le Québec, c’est beaucoup trop peu », a insisté M. Montigny, qui compte défendre son point de vue auprès des autorités concernées.

Incertitude et délais

Pour Jason Lagacé, qui a déposé auprès d’Hydro-Québec une demande de 120 MW d’énergie afin de lancer un projet de minage de cryptomonnaie dans l’ancienne usine de Kruger à Ragueneau, la déception est grande. Il considère que l’annonce conjointe de jeudi matin ne fait que prolonger l’incertitude et les délais. Des investisseurs prêts à faire équipe avec lui risquent de lui faire faux bond.

« On est en train de se rapprocher du  pire des scénarios », souligne-t-elle, en faisant référence à la réalisation de son projet. « Le gouvernement et Hydro-Québec viennent de statuer qu’ils sont incapables de prendre des décisions et s’en remettent à la Régie de l’énergie”, ajoute-t-il.

Le jeune promoteur est d’avis que les petits joueurs québécois comme lui risquent d’être écartés par de plus gros en raison des retombées économiques dont la Régie de l’énergie devra tenir compte. Il pense au géant mondial de la cryptomonnaie, l’entreprise chinoise  Bitmain, qui a récemment discuté avec le ministre des Ressources naturelles, Pierre Moreau.

Bitfarms

Du côté de Bitfarms, qui réclame notamment 200 mégawatts à Hydro-Québec pour créer plus de 500 emplois à Baie-Comeau, la réaction est également mitigée. D’un côté, son directeur des relations publiques, Bahador Zabihiyan, se dit satisfait qu’Hydro-Québec et le gouvernement « aient pris le temps de bien comprendre les risques et le potentiel de cette technologie-là au Québec ».

D’un autre côté,avoue le porte-parole, une grande crainte demeure pour l’entreprise : celle d’une hausse rétroactive du tarif LG qui toucherait ses installations existantes ( 130 MW). « Ce sont les projets existants qui permettent de financer nos autres projets, comme celui de Baie-Comeau », souligne-t-il.

Plus de détails à venir

 

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