Victime d’une arnaque téléphonique, Christine Perron alerte les gens

Par Charlotte Paquet 6:25 PM - 26 novembre 2019
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Christine Perron a été victime d’une arnaque téléphonique à la mi-octobre.En racontant son histoire, elle veut éviter que d’autres se fassent prendre. Photo courtoisie

Christine Perron a été victime d’une arnaque téléphonique le mois dernier. Après quelques semaines à encaisser le coup, un deuxième appel frauduleux lui parvenait. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle alerte la population dans l’espoir d’éviter à d’autres d’avoir à vivre avec des comptes de banque vides et le sentiment de s’être fait voler leur intelligence.

Le 17 octobre, la Baie-Comoise, une femme reconnue pourtant comme brillante et allumée, s’est retrouvée à la merci totale d’un présumé agent de la GRC qui lui a fait croire que son identité avait été usurpée à Toronto par des narcotrafiquants mexicains. Ce type d’arnaque fait les manchettes depuis quelques mois.

« Ils avaient fait des gros transferts d’argent sous mon identité et il y avait un mandat d’arrestation et de saisie de mes biens et mes liquidités. Donc, il me fallait les mettre à l’abri », explique la dame, en référence au stratagème utilisé.

On lui a fait vider ses deux comptes de banque et acheter 42 cartes prépayées dans trois commerces de Baie-Comeau. Le fraudeur réussissait à convertir ensuite les cartes en argent comptant. Elle a perdu quelques milliers de dollars dans l’aventure. Or, comme elle a effectué elle-même les retraits, Christine Perron ne peut réclamer un remboursement auprès de ses deux institutions financières, comme dans un cas de fraude.

« Il (l’arnaqueur) a joué dans ma tête pendant quatre heures, il m’a fait peur pendant quatre heures. J’avais peur des véhicules de police que je croisais, car il y avait un mandat d’arrestation contre moi. Il m’aurait demandé de marcher dans le milieu de la rue et je l’aurais fait. C’était plus vrai que vrai », raconte-t-elle.

Après presque quatre heures à faire religieusement ce que son interlocuteur lui demandait au téléphone, la dame a tout à coup réalisé le merdier dans lequel elle s’était placée. « Il me restait 40 $ dans mon compte quand il m’a demandé 500 $. Il m’a dit de les emprunter et que j’allais les ravoir le lendemain. Là, j’ai vu l’arnaque et j’ai appelé le 911. »

Passer le chapeau

Le lendemain matin, Mme Perron s’est présentée au travail à l’aluminerie Alcoa, mais son patron l’a retournée à la maison pour décompresser. Elle a cependant eu le temps de réunir quelques employés pour raconter son histoire.

En fin d’après-midi, ô surprise, une collègue s’est présentée chez elle pour lui remettre une somme de 450 $. « Ils ont passé le chapeau », dit-elle, touchée de cette attention.

La victime a eu très honte de s’être laissée berner ainsi, mais ça s’estompe avec le temps, avoue-t-elle. « C’est pas glorieux. (…) J’ai eu plusieurs épreuves dans ma vie, mais celle-là, c’est le sentiment de viol, que quelqu’un a volé mon intelligence. »

Christine Perron est en lien avec le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels et consulte une travailleuse sociale depuis l’événement dramatique. « J’ai la chance d’avoir un très bon emploi. On se remet financièrement, mais c’est plus long à se remettre psychologiquement. »

Vol de données

Comme tous les clients de Desjardins, la Baie-Comoise s’est fait précédemment dérober des données personnelles. Elle croit que sans cela, elle n’aurait probablement pas embarqué dans le scénario des arnaqueurs, soit le faux agent de la GRC et deux présumés policiers de la Sûreté du Québec auxquels elle a aussi parlé au téléphone. Elle se considère victime de dommages collatéraux liés au vol de données.

Si elle a décidé de raconter son histoire, c’est après avoir reçu un nouvel appel d’un présumé agent de la GRC il y a une dizaine de jours. Il tentait de l’extorquer à nouveau sans savoir qu’elle avait déjà mordu à l’hameçon un mois plus tôt.

Elle a aussi appris que plusieurs personnes avaient été approchées par les mêmes criminels et sait pertinemment que d’autres le seront aussi. « Présentement, ils appellent beaucoup. Il y a un sentiment d’alerte. Il faut alerter les gens », fait-elle valoir en conclusion.