Beaucoup de déceptions autour de la révision du régime forestier
Si elle souhaite participer à la croissance économique, l’industrie forestière devra constamment s’ajuster aux exigences du marché et aux exigences environnementales dans la lutte aux gaz à effet de serre (GES).
Attendues avec impatience par l’ensemble de l’industrie, les modifications apportées par Québec au régime forestier déçoivent de façon générale en raison principalement des lacunes au chapitre de la prévisibilité et de la planification.
Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a présenté à la fin de la semaine dernière les mesures mises en place pour améliorer la situation, notamment au chapitre de la révision des mécanismes de mise en marché des bois. Or, c’est trop peu pour faire face à la situation, selon les principaux acteurs socioéconomiques.
Au Conseil de l’industrie forestière du Québec, Jean-François Samray parle d’un point de départ, mais insiste sur le fait qu’il « reste encore beaucoup de travail à faire ». Au bout du fil, il fait référence à la prévisibilité nécessaire au chapitre des volumes de bois accordés aux usines et à la planification des opérations. « On pense qu’il y a encore un grand chantier à réaliser. »
Sur la Côte-Nord, il y a une particularité majeure dont il faut tenir compte, reconnaît le PDG en faisant référence aux ravages de la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Les dommages, il les a d’ailleurs constatés de visu au cours de l’été lors de son passage en région. « De voir la couleur des arbres, on se serait cru en novembre, mais pas en été. Pour nous, il y a un enjeu », insiste celui qui réclame des mesures pour permettre à l’industrie de récolter ce bois avant qu’il ne soit trop atteint.
Par rapport à la fermeture de la papetière de Baie-Comeau depuis le 28 mars, Jean-François Samray espère une conversion qui permettrait à l’usine de produire autre chose que du papier journal en raison du déclin de la demande. « Le timing est là pour la conversion. Il ne peut y avoir un meilleur timing que maintenant. »
Insatisfaction
Le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, se dit aussi très insatisfait de la réforme du régime forestier, d’autant plus qu’il anticipe que de longs délais seront nécessaires avant de voir les retombées concernant l’amélioration des processus de planification forestière en vue d’une meilleure prévisibilité.
Le contexte actuel de crise dans l’industrie sur la Côte-Nord demandait des actions rapides, mais ce n’est pas le cas, déplore l’élu. Il en veut à l’intention du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), Pierre Dufour, de mener un projet pilote en Outaouais, une région de feuillus, afin de collecter des données qui risquent de ne pas pouvoir s’appliquer dans une région de conifères.
« Clairement, sur la Côte-Nord, on a une particularité liée au coût de la fibre, due à son éloignement, et au bois qui est affecté par la tordeuse. (…) On ne pourra jamais se comparer avec l’Outaouais », assure Yves Montigny, qui continue de réclamer des mesures adaptées aux réalités de la région.
En revanche, il reconnaît que des changements apportés au chapitre de la mise en marché des volumes de bois seront bénéfiques pour l’industrie nord-côtière.
Dans un communiqué, l’Alliance forêt boréale affirme d’ailleurs qu’outre la révision de ces mécanismes de mise en marché, ses principales demandes ou propositions ne trouvent pas écho dans la révision du régime forestier qui a été présentée. Elle dit sentir une réticence « au sein du ministère pour aller de l’avant avec des mesures concrètes et la régionalisation des processus ».
Rendez-vous raté
Pour sa part, le député de René-Lévesque, Martin Ouellet, parle d’un rendez-vous raté pour lequel l’industrie nourrissait beaucoup d’attente. « C’est comme si on gérait la foresterie de crise en crise et de comité en comité », lance-t-il, déçu.
Oui, « une petite avancée » au chapitre des attributions des volumes de bois a été réalisée pour améliorer la prévisibilité, mais du côté de l’opérationnalisation, les attentes sont loin d’être comblées.
Martin Ouellet voit la révision du régime forestier comme une simple mise à jour qui ne répond pas à grand-monde dans l’industrie.
Enfin, du côté du syndicat Unifor, qui représente les travailleurs de Produits forestiers Résolu à Baie-Comeau et de Rémabec à Port-Cartier, la déception est également palpable. Son directeur au Québec, Renaud Gagné, parle d’une « nouvelle occasion ratée de corriger les graves injustices créées au fil de réformes passées », en faisant notamment référence à la reconnaissance du droit à la syndicalisation.
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