Gaétan Méthot, dernier témoin d’une autre époque pour les paramédics

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 14 septembre 2021
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Gaétan Méthot prend sa retraite après 43 ans de services comme paramédic sur la Côte-Nord. On l’aperçoit ici lors d’une petite cérémonie pour souligner son départ à la caserne de l’entreprise Paraxion à Baie-Comeau. Photo courtoisie

Gaétan Méthot tire sa révérence comme paramédic sur la Côte-Nord après 43 ans de service. Avec son départ, une page d’histoire se tourne puisqu’il est le dernier parmi ses collègues à avoir connu les balbutiements de ce métier.

Quarante-trois ans, c’est le nombre d’années de pratique reconnues officiellement par le ministère de la Santé et des Services sociaux au nouveau retraité de 60 ans. Mais dans les faits, il faut en ajouter quelques-unes pour véritablement cerner la belle carrière de Gaétan Méthot, devenu ambulancier un peu par hasard à l’âge de 14 ans à Sept-Îles, où il est né et a vécu pendant près de 30 ans.

On était alors dans le milieu des années 70. Le transport par ambulance était sous la gouverne des entreprises funéraires un peu partout au Québec. M. Méthot raconte qu’Edgar Mallet, le propriétaire de la maison funéraire à son nom et qui habitait sur sa rue, l’avait interpellé tout bonnement en lui demandant si ça l’intéressait de « faire de l’ambulance, de la maison funéraire et de laver des chars ».

Ses premiers transports, il les a faits sans formation en accompagnant deux employés. Puis, voyant son intérêt, son employeur lui a proposé de suivre une formation avec l’Ambulance Saint-Jean, le seul prérequis nécessaire. « Dans ce temps-là, ça prenait juste une carte d’Ambulance Saint-Jean pour faire de l’ambulance. Ça ne prenait pas grand-chose, mais c’était ça », se souvient le Baie-Comois d’adoption.

À l’époque, il était trop jeune pour avoir un permis de conduire, donc pas question d’être au volant de l’ambulance. Il restait auprès du patient.

En 1979, le ministère a lancé au Québec la formation de technicien médical d’urgence d’une durée de 120 heures. Même si le jeune employé allait encore à la polyvalente, il l’a suivi à temps partiel au Campus Mingan, devenu le cégep de Sept-Îles.

Gaétan Méthot a pratiqué son métier à Sept-Îles et à Port-Cartier, toujours en association avec le domaine funéraire, jusqu’à ce que l’amour l’amène à déménager à Baie-Comeau à la fin des années 80. Il est alors entré en poste pour l’ancienne Maison funéraire Serge Julien.

Il aura connu toutes les phases de développement dans son domaine, notamment la réforme de 1989 qui a entraîné la scission des secteurs ambulancier et funéraire. Même s’il a choisi le premier, il a toujours gardé un pied dans l’autre et continue toujours.

Le jour et la nuit

Gaétan Méthot ne s’en cache pas : le métier d’ambulancier paramédic d’aujourd’hui n’a aucune commune mesure avec sa pratique dans les années 70. « C’est complètement le jour et la nuit », assure-t-il en faisant référence notamment à l’évolution de la formation et des compétences des jeunes diplômés du programme collégial en soins préhospitaliers d’urgence. On est loin de la carte de l’Ambulance Saint-Jean.

« Avant, c’était toujours le gaz au fond, les flashes et les sirènes. On est chanceux qu’il n’est pas arrivé plus d’accidents que ça. Aujourd’hui, les protocoles sont différents, il y a des priorités selon ton patient », explique-t-il.

Il y a aussi la technologie et l’arrivée des moniteurs défibrillateurs à l’intérieur des véhicules ambulanciers au milieu des années 90 qui a considérablement changé la donne.

« Avant, c’était plus du transport. Notre rôle était de prendre le patient, d’essayer de le stabiliser et le conduire à l’hôpital. On n’avait pas de moniteur cardiaque. Tu massais, tu massais, tu ventilais. Aujourd’hui, on essaie aussi de le stabiliser, mais on est capable de détecter plus de choses. On a plus de formations et de protocoles à suivre », raconte-t-il.

Le paramédic retraité considère que dans le temps, « les gens qui appelaient l’ambulance, ça nécessitait vraiment l’ambulance. Aujourd’hui, on appelle l’ambulance alors que parfois, ça pourrait être le transport adapté, le taxi ou la famille », indique-t-il, sans vouloir généraliser cependant.

Des interventions difficiles

Son métier l’a évidemment amené à intervenir dans des situations très difficiles à vivre, que ce soit lors de très graves accidents, de suicides ou de tentatives de suicide, à titre d’exemples. Il garde notamment en tête la sortie de route survenue entre Baie-Comeau et Franquelin il y a plusieurs années, au cours de laquelle il avait contribué à secourir le conducteur d’un poids lourd chargé de goudron liquide et littéralement collé à son siège.

« C’est sûr que quand c’est des affaires qui sortent de l’ordinaire, ça te reste (en tête) plus longtemps, mais après une journée ou deux, il faut se dire, on tourne la page, sinon, c’est sûr qu’on va se retrouver en psychiatrie. À un moment donné, il faut que t’en parles, que t’évacues et que tu tasses ça », conclut M Méthot, tout en se disant extrêmement fier de sa carrière de paramédic, à laquelle il met fin non sans peine.

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