23 avril 2024
Des ordinateurs pour chauffer une serre
Un projet pilote de récupération de la chaleur dégagée par les cheminées du centre de données d’Argo Blockchain à Baie-Comeau doit s’amorcer au cours de l’année 2022. Il vise le chauffage d’une serre expérimentale.
L’année 2022 devrait être la bonne pour lancer à Baie-Comeau un projet pilote d’économie circulaire unique au Québec : la récupération de la chaleur dégagée par un centre de données, en l’occurrence celui d’Argo Blockchain, pour chauffer une serre expérimentale.
« À notre connaissance, il n’y a pas encore de centre de données qui l’ont fait », mentionne Édith Corbeil, chargée de projet en économie circulaire chez Synergie 138, un volet de la SADC Manicouagan.
Elle rappelle que l’expérience pourrait permettre d’ouvrir la porte à de la culture à l’année sur la Côte-Nord. « On n’en voit pas, car les coûts seraient astronomiques en mazout et en propane. Ce serait une première. »
Si tout va bien, les travaux d’installation de la serre et les raccordements nécessaires s’amorceront après la fonte des neiges sur un terrain disponible derrière le centre de données d’Argo Blockchain, anciennement GPU.one, rue William-Dobell. Plusieurs équipements devront aussi être acquis.
Comme l’explique Mme Corbeil, la chaleur, « il faut aller la capter le plus près possible de la source et la condenser pour que ce soit efficace ».
De la recherche
Le projet en question chemine depuis juin 2019. Une somme de 32 500 $ a été consacrée à des travaux de recherche réalisés par le Centre d’expertise et de développement en forêt boréale (CEDFOB) du cégep de Baie-Comeau afin de développer une nouvelle technique de récupération de chaleur pour le chauffage de serres en milieu nordique.
L’École de technologie supérieure (ETS) de Montréal a apporté sa contribution par une modélisation des bénéfices du projet au chapitre de la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES). Elle continuera d’être associée au projet.
« Ça diminue de 91 % les émissions de GES par rapport à un mode traditionnel de chauffage au mazout ou au propane », poursuit Mme Corbeil. Si on ne peut atteindre 100 % de réduction, c’est qu’une source de chauffage alternative au propane est prévue pour faire face au délestage d’électricité en périodes de pointe de la demande hivernale, selon l’entente initiale entre la Ville de Baie-Comeau et le centre de données.
Investissements et producteurs
La réalisation du projet pilote nécessitera un investissement de 650 000 $. Des bailleurs de fonds ont été sollicités et déjà la Ville de Baie-Comeau a levé la main pour un montant de 20 000 $. « Mais le gros morceau va rentrer en janvier », souligne Édith Corbeil en référence à la réponse attendue de la Société du Plan Nord pour sa participation financière.
L’expérience de récupération de la chaleur dégagée par les cheminées d’Argo Blockchain pour chauffer une serre durera un an. Ses résultats permettront de déterminer si cela vaut le coût d’étendre la méthode à un complexe de serres.
D’ores et déjà, on sait que le fait de capter la chaleur diminuera le bruit émanant des ventilateurs installés sur la toiture de la bâtisse. « C’est pour ça qu’Argo est content », laisse tomber la chargée de projet.
À l’intérieur de la serre de 150 mètres carrés, trois partenaires utilisateurs de la Manicouagan cultiveront leur parcelle. Il s’agit de la Ferme Manicouagan, de la Coopérative de solidarité Gaïa et de la Maison des familles de Baie-Comeau. Le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB) y aura aussi fera aussi des essais d’acclimatation en serre de petits fruits nordiques.
« C’est vraiment pour tester le modèle, pour que ça leur (aux utilisateurs) donne le goût de se lancer à plus grande échelle », note Édith Corbel, en parlant de la possibilité d’une deuxième phase d’expérimentation.
