Dans quel monde vivons-nous?

Par Raphaël Hovington 6:01 AM - 29 avril 2022
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La guerre en Ukraine fait partie des grands bouleversements qui chavirent notre monde, commente notre chroniqueur. Photo iStock

Vous arrive-t-il de vous poser cette question? Moi, c’est presque devenu une habitude quotidienne depuis quelques mois. Je n’ose presque plus ouvrir mon téléviseur pour voir et écouter les bulletins de nouvelles, tellement c’est déprimant.

Depuis deux ans, nous sommes bombardés au jour le jour, d’heure en heure, par un flot ininterrompu (ou presque) d’informations concernant la pandémie de la COVID-19. De la première à la sixième vague, sans exception, nous avons en quelque sorte été pris en otage par ce terrible virus qui a malmené notre univers au quotidien. Des milliers de personnes ont été emportées par ce fléau, surtout chez les aînés.

L’économie a été malmenée. Plusieurs travailleurs ont perdu leur emploi. Des programmes sociaux ont été mis en place pour épauler plusieurs d’entre eux. On a découvert le monde du télétravail et l’univers des visioconférences est entré dans nos vies, réduisant au maximum tous nos contacts physiques.

Certaines de nos libertés si chères ont été cadenassées. Fini les rassemblements! Avènement des couvre-feux! Lavage de mains à l’entrée des commerces, où le nombre de clients était limité! Port du masque obligatoire dans les lieux publics, et ce n’est pas terminé!

Enfin, je ne veux pas vous faire revivre ces événements, mais, avouons qu’ils ont sérieusement affecté le moral de bien des personnes au Québec et dans le monde. Je nous félicite de notre patience collective et de notre sens du devoir commun. Ces mesures, si contraignantes furent-elles, ont permis de sauver des vies et d’éviter de plus grandes catastrophes.

Je nous félicite aussi d’avoir su résister aux chants des sirènes complotistes et aux klaxons des camionneurs en mal de publicité, ces pourfendeurs de la démocratie qui cherchaient à influencer les plus faibles d’entre nous pour excuser leur manque de civisme et de cohésion sociale.

PUIS, Poutine a déclaré la guerre à l’Ukraine! Depuis presque deux mois, nous assistons à des scènes d’horreur et de dévastation. Joe Biden parle de génocide. L’ONU évoque de possibles crimes de guerre. La presse a démonisé le chef du Kremlin. Le président Volodymyr Zelensky réclame de l’aide internationale à cor et à cri pour défendre l’intégrité de son pays et protéger ses citoyens de l’invasion russe.

Pour nous qui sommes à l’autre bout du monde, même si les rues de Marioupol, de Kiev et quelques autres villes de l’Ukraine nous sont devenues presque familières, les enjeux de ce conflit sont loin d’être apparents.

Au début de l’affrontement, le président russe évoquait la nécessité de « dénazifier » le régime ukrainien. Il s’opposait surtout à l’entrée de ce petit pays, dont il nie l’existence, dans l’OTAN. Ses visées réelles sont encore floues aujourd’hui, même si les analystes croient qu’il cherche à se frayer un corridor terrestre vers la Crimée.

Je ne suis pas politicologue, ni spécialiste de la guerre. Mais comme bon nombre de nos concitoyens, j’ai remarqué qu’en dehors des voies diplomatiques, les chances de mettre un terme à ce différent sont minces. Les sanctions économiques n’ont pas d’effets réels sur l’inflexible volonté de Vladimir Poutine, mais elles plongent le monde dans un univers inflationniste.

On se plaignait de la COVID et de son impact sur le prix des approvisionnements; maintenant, c’est la faute de la guerre. À vouloir sanctionner la Russie pour les visées impérialistes de son président, on finit par se punir soi-même, comme par un effet boomerang.

C’est le prix à payer pour ne pas entrer « réellement » en guerre même si on admire le courage des Ukrainiens et leur résistance à l’envahisseur. C’est aussi une guerre nourrie d’images, presque en temps réel, plus tristes les unes que les autres.

C’est encore une guerre où la désinformation est omniprésente et risque à tout moment de servir d’élément déclencheur vers quelque chose de pire encore. C’est enfin une guerre où 5,2 millions de citoyens ont été contraints de fuir leur pays. C’est comme-ci 63 % des Québécois pliaient bagage en l’espace de 60 jours.

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