Ça brasse au conseil municipal de Ragueneau

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 17 juin 2022
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Le dossier d’un employé suspendu avec solde par la municipalité de Ragueneau a soulevé les passions parmi la trentaine de citoyens présents à la séance du conseil municipal du 13 juin.

Une trentaine de citoyens ont envahi la salle du conseil municipal de Ragueneau, le lundi 13 juin, pour faire pression sur leurs élus afin de cesser d’utiliser des deniers publics pour payer un employé suspendu depuis près de six semaines à la suite de manquements au code d’éthique et de déontologie. Certains ont demandé son congédiement pur et simple.

Le 30 mars, l’homme en question a été surpris par deux autres membres du personnel à poser des gestes inappropriés devant un ordinateur pendant ses heures de travail. Une plainte écrite à cet effet a été reçue par la municipalité.

Lors d’une séance extraordinaire tenue le 9 avril, les élus ont suspendu sans solde le travailleur, mais il a pu puiser dans sa banque de vacances. Dans le procès-verbal, on indique qu’il a, en 2012, « reçu une lettre d’avertissement pour des gestes inappropriés d’une autre nature qui, à l’époque, n’avaient pas fait l’objet d’une plainte formelle ». Il y est également écrit que l’employé n’a pas contesté les récents gestes qui lui sont reprochés.

Le 12 mai, en séance régulière, le conseil municipal a choisi de suspendre l’employé avec solde cette fois-ci, le temps de mener une enquête administrative.

La municipalité a réquisitionné l’ordinateur en cause utilisé le 30 mars et un deuxième auquel l’employé avait accès afin de les faire analyser par des firmes spécialisées. Les résultats sont attendus incessamment. Selon le maire Raymond Lavoie, les premiers constats seraient probants par rapport à des utilisations non conformes.   

Malgré la pluie d’arguments émanant de l’assemblée, le conseil municipal est resté de marbre : on attend le résultat de l’enquête avant de décider de quoi que ce soit pour la suite des choses. Le maire a assuré les citoyens que c’est sur le conseil de l’avocat de la municipalité que l’employé est suspendu avec solde.

Si c’était ailleurs

Des personnes ont souligné aux élus que d’autres employeurs n’auraient pas hésité une seconde à congédier l’individu à la lumière des gestes reprochés, que le conseil municipal s’est bien gardé de nommer explicitement.

« La meilleure chose à faire, c’est de s’en débarrasser. Pour le bien de tout le monde, tu le déoff et advienne que pourra. S’il nous amène en cour, on verra », a lancé Jean-Charles Girard, résident de Ragueneau et ex-maire de Chute-aux-Outardes, en faisant aussi référence aux assurances de la municipalité si pareille situation se présentait.

Le maire de Ragueneau, Raymond Lavoie, a dû calmer des citoyens mécontents à quelques reprises.

Après cette sortie, le maire Lavoie s’est tourné vers ses conseillers pour prendre leur pouls, mais ils sont restés sur leurs positions : on attend. Le public a réagi par du chahut.

Les citoyens ne comprennent pas que l’employé puisse continuer de recevoir sa paye assis dans son salon après ce qu’il a fait, ce qu’un résident a illustré en parlant de « plaisir personnel ».

« Y fais-tu de l’over avec ça? », a lancé une personne avec sarcasme. « Vous êtes ici pour nous protéger, mais on ne le sent pas ben ben », a mentionné une autre. « Quand quelqu’un fait quelque chose (de mal), il faut qu’il soit puni », a ajouté une citoyenne.

« On ne demande pas la lune, juste un peu de jugeote », s’est écrié un résident qui aurait souhaité que « la municipalité applique le même règlement que n’importe quel employeur appliquerait ailleurs », selon lui.

Manque d’écoute

Nataly Ruel, qui a démissionné de son poste de conseillère municipale en mai en raison de son inéligibilité à l’exercer puisqu’elle n’habitait pas Ragueneau depuis un an lors de l’élection de novembre 2021, s’est désolée du statu quo du conseil dans le dossier de l’employé et du manque de considération des commentaires issus du public.

Au centre, on aperçoit Nataly Ruel. La citoyenne aurait souhaité que le maire Raymond Lavoie utilise son droit de veto pour suspendre sans solde l’employé au comportement répréhensible.

« On continue d’attendre l’avis de l’avocat. On a peur des poursuites. Après le dossier qui va être déposé, il n’y en aura pas de poursuites. Je me demande bien comment une personne pourrait se sortir d’une situation comme celle-là », a confié au journal Le Manic celle qui aurait souhaité que le maire Lavoie utilise son veto et suspende sans solde l’employé dans l’attente de la fin de l’enquête.

À ce jour, le dossier des manquements au code d’éthique et de déontologie de la part de l’employé a occasionné à la municipalité des dépenses de près de 10 000 $ en travaux d’expertise des ordinateurs par les firmes Garda World et Valitek et en frais d’avocat.

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