Une vague ou un vote de confiance

Par Raphaël Hovington 6:00 AM - 21 octobre 2022
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Pour notre chroniqueur, l’ampleur de la victoire de la CAQ de François Legault n’est pas une vague, mais un vote de confiance. Photo archives

Maintenant que la poussière est retombée, on peut parler de la dernière campagne électorale au Québec. Les partisans d’une refonte du mode électoral soutiennent que 42 % de la population ne sera pas représentée à l’Assemblée nationale. C’est faux! Il me semble que le peuple québécois a élu 125 députés le 3 octobre dernier.

On parle d’une vague caquiste, mais je n’y crois pas. Pour qu’il y ait une vague, il faut y ait un énorme désir de changement résultant d’une grande insatisfaction comme ce fut le cas en 2011 quand Jack Layton a soulevé un tsunami orange au pays, devançant même les bloquistes au Québec pour former l’opposition officielle à Ottawa.

Les Québécois viennent de reporter au pouvoir la CAQ forte de 90 députés. Un balayage, oui, mais fruit d’un vote de confiance envers un PM et son équipe. C’est l’élection de la continuité et non l’élection de la « distorsion démocratique », comme certains se plaisent à la stigmatiser.

Tout le monde a un député même s’il ne correspond pas à la petite croix que l’électeur a apposé sur son bulletin de vote dans l’isoloir. Ailleurs dans le monde, là où le vote proportionnel est en usage, on assiste à beaucoup d’instabilité politique. A-t-on le goût de retourner aux urnes à tous les deux ans pour se retrouver devant des résultats à peu près identiques? Non, je ne le pense pas. Au lendemain de cette élection, le vrai débat ne porte pas sur la proportionnelle mais sur la reconnaissance des partis politiques à l’Assemblée nationale.

Au départ, la règle était la même pour tout le monde : 20 % du vote ou 12 députés élus.  Pourquoi devrait-on la changer parce qu’on est insatisfait des résultats de l’élection? Ni Québec solidaire, ni le Parti québécois, ni le Parti conservateur n’ont réalisé ces scores électoraux pour se qualifier. La CAQ ne veut rien savoir d’une réforme du mode de scrutin et le Parti libéral refuse de céder du temps de parole et des ressources financières aux autres partis d’opposition.

Alors, le PQ brandit la menace de bloquer le parlement. Rien de bien constructif dans cette attitude de Pascal Bérubé et de ses deux collègues! Avant l’élection, le PQ était en sursis et il le demeure toujours. Il a perdu ses châteaux-forts de l’Est-du-Québec et de la Côte-Nord. Comment expliquer le revirement de la population dont la fibre nationaliste était si forte que personne ne pouvait la fléchir ni dans Duplessis où le PQ régnait depuis 1976, ni dans René-Lévesque où elle était bétonnée depuis 2003 après de courts épisodes libéraux (1983-1994) et adéquiste (2002-2003) dus à de l’insatisfaction envers des décisions de gouvernements péquistes.

La première explication qui vient à l’esprit, c’est la mort annoncée du PQ avant le déclenchement des élections. Paul St-Pierre Plamondon a renversé la vapeur in extremis, mais pas suffisamment pour que ses candidats puissent conserver les circonscriptions de René-Lévesque et de Duplessis. La CAQ chauffait le PQ depuis l’élection de 2018. Cette fois, elle a tablé sur des candidats connus et bien implantés dans leur milieu, avec le résultat qu’Yves Montigny a devancé son adversaire de 7 290 voix et que Kateri Champagne Jourdain distance sa rivale de 3 960 voix.

La Côte-Nord a choisi de retourner à « la table des décisions » car sa population souhaite être désenclavée par la construction d’un pont sur la rivière Saguenay et s’accroître via des mesures d’attractivité qui lui permettront de retrouver sa vigueur économique d’antan et tout son poids politique. Si elle pèse bien peu actuellement dans la balance démographique, elle compte bien que cette situation évoluera avec l’arrivée de deux députés du « bon bord » à l’Assemblée nationale.

Se pourrait-il qu’elle prenne enfin goût au pouvoir et qu’elle veuille en faire autant au fédéral? Depuis l’élection de Pierre Poilievre comme chef du Parti conservateur du Canada, la dynamique est appelée à changer à Ottawa, surtout que les libéraux de Justin Trudeau risquent de se heurter à un vent de changement causé par l’usure du pouvoir.

Les conservateurs sont affamés de pouvoir. Ils sont arrivés au deuxième rang dans Manicouagan en 2019 et 2021. Les émules d’Éric Duhaime ont aussi marqué des points le 3 octobre. Est-ce suffisant pour que les bloquistes se sentent menacés dans leur château-fort de la Côte-Nord? L’avenir nous le dira!

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