De la farine au Jardin de l’Ours endormi

Par Colombe Jourdain 6:00 AM - 9 mars 2023
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Mirika Gagné et Francis Forcier sont les copropriétaires du Jardin de l’Ours endormi à Ragueneau. Photos courtoisie

Produire de la farine sur la Côte-Nord? C’est l’un des défis que se sont lancés Francis Forcier et Mirika Gagné, les copropriétaires du Jardin de l’Ours endormi, situé dans le rang 2 à Ragueneau.

M. Forcier a d’abord travaillé pour différents producteurs de la région avant de se lancer. Mme Gagné travaille comme professionnelle dans le réseau de la santé. C’est M. Forcier qui s’occupe du Jardin à temps plein.

« On a acheté une terre en 2017-2018. Je ne savais pas trop quoi en faire. Dernièrement, en débutant un cours d’apiculture, on officialisait l’entreprise et on se lançait pour de vrai! », raconte M. Forcier. Le prix de la terre ici comparé à sa région natale du Centre-du-Québec a aussi penché dans la balance dans le choix de s’établir ici.

Première farine nord-côtière

Il s’agirait de la première production de farine sur la Côte-Nord. « Chaque nouveau pas de l’avant mérite d’être souligné », soutient l’entrepreneur en parlant de l’agriculture nord-côtière, en expansion depuis quelques années.

La plante de sarrasin sert dans la chaîne de production des petits fruits et des abeilles à plusieurs niveaux, en servant d’engrais vert et de nourriture pour les pollinisateurs.
« Le sarrasin, c’est une culture extrêmement appropriée pour notre climat et ça s’adapte à quasiment tous les types de sol. C’est très tolérant pour les températures qu’on a ».

M. Forcier indique avoir essayé la plupart des céréales et même si cela semblait bien fonctionner, son choix a été d’y aller avec le sarrasin, plus facile à faire pousser dans la région.
Pour tirer le maximum de cette culture, les grains sont moulus sur place pour en faire de la farine. La première production artisanale du Jardin a donné une dizaine de sacs de farine. M. Forcier espère en produire une centaine à partir de l’automne.

« Au début, je ne pensais même pas en vendre. J’ai tellement eu la piqûre et j’ai vu aussi l’intérêt des gens pour ça. On avait des kilos de grains donc on a acheté le moulin pour les transformer manuellement. On cherche à trouver l’équilibre entre le manuel et la machine ».

D’ailleurs, M. Forcier est justement à développer une machine maison pour battre le grain, inspiré de ce qui se faisait au 18e et 19e siècle. « La machine va frapper sur la tige et les grains tombent. Ça permet de réduire les coûts et le temps de production ».
Il vise l’été 2024 pour avoir une production optimale, en ajoutant des ruches, notamment, et en augmentant sa superficie de terre cultivable à un hectare de sarrasin.
« Cette année, on devrait avoir six ruches dans le but de faire du miel et des sous-produits de la ruche. On va augmenter à chaque année le nombre de ruches, en fait on va les doubler », précise M. Forcier.

Plans futurs
Il n’y a aucun bâtiment présentement sur la terre de Mme Gagné et M. Forcier. La construction d’un bâtiment qui aurait plusieurs usages pourraient leur permettre de faire la transformation de leurs produits directement sur place.

Pour les petits fruits, les propriétaires aimeraient sortir du lot et peut-être les offrir en hiver où c’est plus difficile à trouver, en les lyophilisant. « On voudrait vraiment percer le marché d’hiver. L’été, on se retrouve tous au marché avec les mêmes produits, donc il faut se différencier », amène-t-il.
M. Forcier base son plan de développement en fonction de demeurer le seul à travailler dans l’entreprise, vu la difficulté de trouver de la main-d’œuvre, même s’il ne ferme pas la porte à avoir un assistant dans le futur.

Il rêve de voir l’agriculture se développer encore plus sur la Côte-Nord. Il pense aussi collaborer avec d’autres entreprises de la région, championne de l’économie circulaire. Pour ceux qui veulent en connaître plus sur le Jardin de l’Ours endormi, il existe une chaîne sur Youtube.

« L’objectif de l’entreprise est de faire ce qu’on peut avec les ressources qu’on a sur place. On veut montrer que tout se fait. J’ai d’autres idées encore plus hot que la culture de sarrasin. Il y a moyen de faire beaucoup de choses par nous-mêmes. On veut inspirer et faire rêver », conclut Francis Forcier.

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