Ours polaires à Blanc-Sablon: curieux, mais pas affamés

Par Émélie Bernier 11:27 AM - 30 mars 2023 Initiative de journalisme local
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Photo courtoisie Andrew E. Derocher

Le spécialiste des ours polaires Andrew E. Derocher insiste: lorsque votre chemin croise celui d’un ours polaire, ce n’est pas le temps de lui tirer le portrait, mais plutôt le temps de déguerpir pour vous mettre à l’abri.

Normal, des ours qui se baladent dans les rues de Blanc-Sablon ? Nous avons posé la question au chercheur et professeur au département des sciences de la biologie à l’Université de l’Alberta Andrew E. Derocher, Ph. D.

“La présence d’ours de la population du Détroit de Davis à Blanc-Sablon n’est pas anormale…Ce n’est pas la place où ils veulent être, mais ils se retrouvent là quand la glace sur laquelle ils se déplacent a des comportements étranges. Comme ils sont en général en bonne santé et bien nourris, ils ne sont pas en train de chercher de la nourriture sur terre”, indique le spécialiste des ours polaires.

La population du détroit de Davis, dont font partie les spécimens observés dans ce secteur de la Basse-Côte-Nord, est l’une des 19 populations d’ours polaires mondiales, dont 13 se trouvent au Canada.

Elle compte environ 2000 individus dont la vie est intimement liée au couvert de glace durant une bonne partie de l’année.

Photo courtoisie Andrew E. Derocher

” Il y a toujours eu des ours polaires voyageant le long de la côte du Labrador au Québec pour se nourrir de phoques. On a des rapports qui datent d’aussi loin que la venue de Jacques Cartier sur leur présence dans le Golfe-Saint-Laurent. Dans le secteur plus au sud, les glaces sont très dynamiques. Ce que nous pensons, c’est que les ours veulent maintenir le contact avec la glace de la mer, mais que parfois de grands vents ou des tempêtes vont amener la glace près de la rive et ils vont se diriger vers la terre où ils sont susceptibles d’interagir avec les humains. “

Un ours polaire a même été aperçu au Lac-Saint-Jean en 1939. ” L’ours a été tué, mais ça montre qu’ils ont un très grand territoire et peuvent se déplacer sur de longues distances. “

Photo courtoisie Andrew E. Derocher

Les experts, dont M. Derocher, estiment que la population du détroit de Davis est globalement en santé. Le nombre de spécimens qui la composent se maintient depuis plusieurs années, notamment grâce à l’abondance de phoques du Groenland dont elle se nourrit.

” Il y a 7 millions de phoques du Groenland (harp seal) pour 2000 ours polaires. Les ours sont donc généralement en bonne condition “, précise M. Derocher.

Si ” un ours en santé est généralement moins inquiétant qu’un ours affamé “, le chercheur préconise tout de même une extrême prudence en présence de l’animal qui, rappelons-le, est un prédateur carnivore.

“Mon seul conseil est d’être très prudent en présence des ours polaires. L’ours polaire est un animal imprévisible . Même si les ours bien portants (fat) ne sont normalement pas dangereux, ils peuvent quand même tuer quelqu’un très facilement. Si vous voyez un ours, ce n’est pas le temps de sortir le cellulaire pour faire une photo, c’est le temps de vous mettre à l’abri. “

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