DOSSIER | La famille Trudel en affaires depuis 78 ans

Par Colombe Jourdain 12:10 PM - 5 avril 2023
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Richard Trudel, Sylvie Bouchard, Manon Côté, Simon Trudel et Jean-Luc Desbiens dans l’une des serres du Centre jardin Trudel.

Ce qui a commencé par un simple poulailler est devenu ce que l’on connaît maintenant sous le nom de Centre jardin Trudel. Et comme se plaît à le dire Manon Côté, gérante, le « Centre jardin, ce n’est plus juste un centre jardin ».

C’est en 1945 que la Ferme Trudel voit le jour, une ferme laitière installée près de la rivière Amédée à Hauterive. Les frères Benoît et Honorat Trudel acquièrent l’entreprise agricole qui sera en opération jusqu’à la fin des années 80.

Les Trudel offraient aussi des services d’embellissement. Un des bâtiments de la ferme a été déménagé en 1991 pour ouvrir officiellement le Centre jardin Trudel lors de la fermeture des opérations agricoles.

Benoît Trudel, le grand-père de Richard, laisse ensuite la ferme à ses deux fils aînés, Jean-Marie et Fernand, le père de Richard. La troisième génération est André, Richard, Claudette et Bernard Trudel. Finalement, Simon, 22 ans, le fils de Richard, reprend les rênes alors que son père est toujours dans l’entreprise.

« Mon père est décédé en décembre 1992. J’ai eu les parts de mon père. On était Jean-Marie, Henri, Claudette, Bernard et moi. Quand Jean-Marie est décédé, il a légué ses parts à ses huit enfants qu’on a rachetés, il y a cinq ans. On a ensuite acheté les parts d’André Trudel, mon cousin », énumère Richard Trudel.

Tous ces transferts ne se sont pas faits facilement, d’ailleurs le notaire des Trudel leur a dit n’avoir jamais vu un dossier aussi complexe. Simon, 22 ans, est la quatrième génération des Trudel, il est associé à son père depuis un peu plus d’un an. 

« J’ai commencé à travailler ici, j’avais 13 ans, je n’ai jamais été ailleurs. J’ai tout fait dans l’entreprise, de charrier des poches à être au comptoir, la cour en arrière, le déneigement, j’ai fait de tout. Quand André a voulu prendre sa retraite, j’ai racheté ses parts. J’ai été au cégep et j’ai fait un AEC en administration des affaires que j’ai faite à distance tout en travaillant ici », lance-t-il. 

« J’étais la seule relève de la famille à être intéressée à continuer l’entreprise familiale », ajoute Simon. « Et Simon est le plus jeune franchisé Botanix », indique le papa. « Malgré la transition, la base n’a pas changé, le fait que ce soit familial, il y a une continuité », rapporte Mme Côté.

Auparavant, le Centre jardin était fermé l’hiver, cependant depuis quelques années, en diversifiant son offre en magasin avec la décoration et les produits provenant d’artisans locaux, la demande était là, surtout pour leur boutique de Noël. « Le monde a commencé à nous demander de la décoration parce qu’il n’y en a plus beaucoup ici », souligne Richard Trudel.

Mme Côté veut démystifier le centre jardin « qui n’est plus qu’un centre jardin. Le Centre jardin, je veux qu’il soit associé à 365 jours par année, à des cadeaux, à du cocooning, à de la zénitude, à ce que les gens ont besoin ». M. Trudel renchérit:
« On favorise beaucoup les artisans locaux de la Côte-Nord. »

Des employés fidèles

Et quel est le secret de cette belle longévité? Selon père et fils, ce sont les employés de l’entreprise qui sont fidèles et passionnés. Effectivement, l’une des employées les plus anciennes, Sylvie Bouchard, y travaille depuis 35 ans et la gérante, Manon Côté, y est depuis 25 ans, même chose pour Jean-Luc Desbiens. Ils ont même un salarié qui a 72 ans.

« On a vraiment un personnel fidèle. Pour travailler au Centre jardin, il faut être passionné. C’est saisonnier et c’est exigeant », soutient Mme Côté. La diversification des opérations permet maintenant à l’entreprise baie-comoise de rouler à longueur d’année et de conserver son personnel.

Manon Côté a vécu plusieurs transitions lors des changements de propriétaire.

« Je n’ai pas senti qu’il y avait une pression. Ce n’est pas comme si eux nous font sentir qu’ils sont là (montrant vers le haut) et que moi je suis là (montrant vers le bas). J’ai continué à gérer comme habituellement. C’est une entreprise basée sur l’humanisme, on redonne beaucoup au communautaire », mentionne-t-elle. 

Comme Simon le dit, son père et lui, en tant que supérieurs, « ne sont pas très tannants ». Richard Trudel ajoute : « On aime le travail bien fait, mais il y a des manières de parler aux employés. On n’est pas chialeux. »

Futur

Mme Côté aimerait bien attirer la clientèle touristique, entre autres, les croisiéristes qui débarquent à Baie-Comeau.

De nouveaux partenariats locaux sont aussi dans les plans futurs comme pour Savon Boréale avec qui l’entreprise développe un savon noir exclusif au Centre de jardin Trudel. Ils ont déjà des ententes avec, entre autres, Cadellia et ChampiNord pour offrir leurs produits. 

« Le Centre jardin va continuer à évoluer », conclut la gérante.

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