Tragédie de Portneuf-sur-Mer : Mathieu Jean a tout tenté pour les sauver

Par Anne-Sophie Paquet-T. 4:00 PM - 13 juin 2023
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Un fait connu des gens du village, une section du banc de sable de Portneuf-sur-Mer est immergée à marée haute, soit à la hauteur de l’ancienne Épicerie Louise Brisson. Photo courtoisie Francis Simard

La tragédie de Portneuf-sur-Mer aura aussi marquée Mathieu Jean et sa belle-famille. Faisant partie du groupe de pêcheurs au capelan cette nuit-là, le Bergeronnais aura tout tenter pour sauver les victimes, il ira même jusqu’à mettre sa vie en péril. Entrevue avec les témoins de ce drame.

Mathieu Jean et sa belle-famille étaient sur le banc de sable. Le groupe de pêcheurs continuait à souhaiter que du capelan roule quand ils ont aperçu une lumière semblant être celle du VTT venu chercher les quatre adolescents. Quelques minutes plus tard, ils décident de partir également.

Sur le chemin du retour, quelques kilomètres plus loin d’où s’est déroulé la soirée de pêche, la marée avait monté sur le banc de sable. « Je trouvais ça bizarre qu’il ne réponde pas », se souvient-il. Plus loin sur le banc de sable, il marche dans l’eau pour analyser son retour, et c’est là qu’il entend des cris au loin. 
Il s’approche des hurlements en VTT, mais l’obscurité l’empêche de bien voir ce qui se passe.

« Je n’ai pas réfléchi pis je suis allé dans l’eau », se remémore-t-il. Immergé dans l’eau glaciale, il a nagé jusqu’aux personnes en détresse, à des dizaines de pieds de lui. Selon les témoins de l’île, l’homme est resté plus de trente minutes dans les eaux à 4 degrés. Il a tout tenté pour sauver des vies. Mathieu dépose un genou sur le sable et lance un cri de détresse. Les témoins conservent cette scène en mémoire. Il est bleu, même mauve, il ne peut plus marcher ni parler. Son état de conscience est difficile.

Un retour au goût amer

Les membres de la famille gardent un goût amer de l’attitude du duo de policiers sur place. « C’est un ambulancier qui nous a accueillis pour nous écouter. Il nous a accompagnés jusqu’aux agents de la SQ sans qu’ils se déplacent eux-mêmes », témoignent les survivants qui ressentent encore de l’indignation. 

Douze heures après les tristes événements, Mathieu Jean et quelques membres de sa belle-famille sont revenus sur les lieux du drame. Un de leur VTT était demeuré enlisé dans le sable. Après avoir demandé comment ils pourraient le récupérer, la réponse de la policière leur a laissé un sentiment de stupéfaction. 

« On va peut-être envoyer un hélicoptère pour chercher votre quatre roues », a-t-elle répondu à la famille désespérée, d’après leurs souvenirs. Ils en ont encore le cœur brisé sachant que cette solution n’a jamais été possible pour eux et, surtout, pour les cinq âmes qui sont parties trop vite. 

« Éviter d’autres drames »

« On doit éviter d’autres drames ». De consensus, ils trouvent anormal ce manque d’aide et de déploiement pour leur porter secours.

« Je n’ai peut-être pas été capable de sauver des vies cette nuit-là, mais si au moins quelque chose peut être mis en place pour en sauver plus tard, ce sera ça », s’exclame avec regret, Mathieu Jean.

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