La crevette au large de Sept-Îles : catastrophique!

Par Emy-Jane Déry 5:27 PM - 6 juillet 2023
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L’industrie de la crevette est en chute libre. Photo : Produits de la mer du Canada

Les pêcheurs de crevette au large de Sept-Îles remarquent une baisse d’environ 50 % des captures comparativement à l’an passé, du jamais-vu qui inquiète le milieu. 

« Catastrophique », c’est le mot qui vient en premier à la bouche de Patrice Élément, directeur général de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec, lorsqu’on lui parle des récoltes de la ressource au large de Sept-Îles. 

En quatre ou cinq jours, un bateau rapportait à bord environ 38 000 livres de crevette en 2022. Depuis le début de la saison, en avril, les pêcheurs ont beau sortir deux ou trois journées supplémentaires, ils ne reviennent pas avec des masses. On parle de 20 000 livres en sept jours. 

C’est une baisse de l’ordre du jamais-vu, selon M. Élément. 

L’estuaire et le golfe du Saint-Laurent comptent quatre zones de pêche à la crevette. Celle de Sept-Îles serait la plus durement frappée. 

« Prédation par le sébaste, augmentation de la température de l’eau et baisse du taux d’oxygène sont les trois facteurs problématiques identifiés qui font l’unanimité dans l’industrie », pointe M. Élément. 

Maintenant, lequel est le plus responsable du déclin, on l’ignore. Définitivement, la crevette nordique n’est pas avantagée par les changements climatiques, contrairement à d’autres espèces comme le homard. 

Moratoire

Le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette estime qu’il est trop tôt pour parler de moratoire. 

« L’écosystème du golfe change tellement rapidement, à cause des changements climatiques, que c’est extrêmement difficile même pour les scientifiques de dire ce qui va se passer dans un an, deux ans, cinq ans, mais c’est sûr que ce que l’on voit cette année, c’est extrêmement inquiétant », dit-il. 

Un groupe de travail a été mis sur pied par Québec pour tenter de trouver des pistes de solutions, afin d’assurer la pérennité de l’industrie de la crevette. 

Il faut aussi penser aux communautés qui en dépendent, fait valoir M. Élément. L’exemple le plus frappant pour lui est celui du village de Rivière-au-Renard, à Gaspé. 

« C’est une communauté de 4 000 personnes et il y a 450 emplois directs reliés à l’industrie de la  la crevette : transformateurs, pêcheurs et les services qui n’existeraient pas sans ça. » 

Une des solutions proposées par le milieu est la levée du moratoire de la pêche au sébaste. Selon plusieurs, le poisson serait un des principaux prédateurs de la crevette. 

Pour sa part, Pêches et Océans n’écarte pas une fermeture partielle de la pêche à la crevette en 2024. Les données de la présente saison et les relevés scientifiques devront être analysés. 

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