2 août, jour du dépassement de la Terre

Par Émélie Bernier 12:00 PM - 21 juillet 2023 Initiative de journalisme local
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Manger moins de viande est une des bonnes habitudes à adopter pour retarder le jour du dépassement.  Photo Pexels/ Tom Fisk.

Le jour du dépassement de la Terre correspond au moment dans l’année où l’humanité aura consommé toutes les ressources renouvelables que la planète est en mesure de produire durant une année. Fixé au 25 décembre en 1971, celui-ci a été atteint le 13 mars en 2023 au Canada. Le 2 août marquera ce moment fatidique à l’échelle de la planète. Le coupable ? La consommation effrénée, surtout dans l’hémisphère nord.

« C’est un indicateur qui a été développé dans les années 1990 par le Global Footprint Network (GFN). Puisqu’on consomme davantage, on produit davantage et on vient de plus en plus gruger les ressources naturelles. Le concept permet de sensibiliser à l’égard de notre impact sur la planète. Il demeure toutefois généralement méconnu », avance Maxime Maheu-Moisan, coordonnateur en sensibilisation à la Corporation de protection de l’environnement de Sept-Îles (CPESI).

Des nuances sont importantes puisque chaque pays n’atteint pas le point de bascule au même moment.  

« Le 2 août, c’est la date pour la planète en 2023, mais il existe aussi des dates par pays. Par exemple, si toute la planète consommait comme les Canadiens, le jour du dépassement arriverait le 13 mars. S’ils consommaient comme l’Éthiopie, on y arriverait en décembre ! On voit la différence flagrante avec les pays en voie de développement en raison du modèle économique, mais aussi des différences culturelles », commente le coordonnateur. Au Qatar, le jour du dépassement est survenu le 10 février dernier.

« Le problème, c’est qu’on continue bien sûr à consommer au-delà de cette date, mais, ce faisant, on puise dans les réserves non renouvelables de la planète. C’est un peu comme vivre à crédit, en puisant dans le capital naturel », illustre Maxime Maheu-Moisan.

Une autre nuance doit être apportée. « Il y a des ressources non renouvelables dont on a besoin même dans un contexte où on essaie d’être le plus vert possible, comme le lithium pour les batteries des voitures électriques, par exemple. Tout dépend de ce qu’on en fait, de la manière dont on récupère ces ressources. On est dans une société de consommation où on achète puis on jette. Il y a l’obsolescence programmée et peu de choses se réparent, avec les impacts que l’on sait. »

La capacité de la planète à absorber toute cette pollution n’est pas infinie, rappelle-t-il. « C’est aussi un enjeu, mais il est moins pris en compte lors de cette analyse par l’ONG (GFN). »

Lorsqu’il fait des ateliers dans les écoles ou auprès des citoyens pour faire la promotion de pratiques écoresponsables, Maxime Maheu-Moisan aborde le concept du jour du dépassement. « C’est un outil de communication très parlant ! »

Comment peut-on agir pour retarder le jour du dépassement ? « De façon générale, il faut réduire la consommation et s’inscrire dans une logique de décroissance », convient Maxime Maheu-Moisan.

Des secteurs particuliers sont parfois ciblés par le GNF et un de ses partenaires, le Fonds mondial pour la nature. « L’an passé, les interventions pointaient directement vers notre alimentation. 55 % de la biocapacité de la planète est utilisée pour nous nourrir. Dans ce calcul, il est question des cultures, des pâturages, des espaces forestiers, des zones de pêche… », explique M. Maheu-Moisan.

L’agriculture vient peser lourd dans la balance. « On nourrit les bêtes qu’on mange et on fait de la déforestation pour avoir de plus grands champs dans l’agriculture traditionnelle. L’effet est très important par rapport à notre consommation. Si on coupait notre consommation de viande en deux, qu’on réduisait le gaspillage, ça aiderait à retarder la date du jour du dépassement. Ça ne suffirait pas, mais c’est un élément important ! »

Quelques actions à faire pour retarder le jour du dépassement :

– Consommer moins de viande (surtout la viande rouge) ;

– Réduire le gaspillage alimentaire ;

– Réduire ses émissions de gaz à effet de serre (transport actif, covoiturage, limiter l’usage de l’avion) ;

– Réduire sa consommation générale (appareils électroniques, vêtements, etc.).