Lacs de la Côte-Nord: en meilleure posture qu’ailleurs

Par Émélie Bernier 6:00 AM - 9 août 2023 Initiative de journalisme local
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Le Lac-Saint-Onge, courtoisie OBV Haute-Côte-Nord

La faible densité de population, les températures fraîches et une moins grande activité anthropique près des plans d’eau contribuent à dresser un portrait somme toute positif de l’état des lacs sur la Côte-Nord.

Trois organismes de bassin versant se partagent la majeure partie du territoire nord-côtier, l’OBV Haute-Côte-Nord, l’OBV Manicouagan et l’OBV Duplessis. 

« De manière générale, la qualité de l’eau des lacs est bonne sur notre territoire. Il y a de l’eutrophisation dans les lacs, mais c’est un processus naturel de vieillissement. Comme ailleurs, il peut être accéléré par les activités anthropiques (ndlr : humaines) », résume la directrice de l’OBV de Duplessis, Aurélie Le Hénaff. 

La quantité restreinte d’activité agricole et de villégiature est également favorable à la santé des lacs. « Le responsable de l’eutrophisation est principalement le phosphore qui provient notamment des rejets d’eaux usées. Le phosphore est un nutriment pour les algues aquatiques qui, en se développant, font baisser le taux d’oxygène dans les lacs », résume Mme le Hénaff.

Pour le moment, les cyanobactéries ne sont pas présentes sur le territoire de l’OBV Duplessis. « Pas à notre connaissance », ajoute sa directrice.

À l’OBV Manicouagan, le nouveau directeur René Labrosse concède que le changement de garde à la tête de l’organisme a ralenti les activités pour la saison 2022. « On est en remaniement, mais notre objectif est d’établir de nouveaux protocoles, basés sur la science, pour l’analyse des lacs. Ce qu’on voit, de notre côté, c’est que ça ne regarde pas très bien », dit-il.

Les échanges avec les riverains l’incitent à faire cette affirmation qu’il ne peut toutefois pas appuyer par des analyses concrètes à ce moment-ci. L’analyse annuelle d’une douzaine de lacs est dans la mire, dont le lac Migneault.

Le cas du lac Saint-Onge

À l’OBV de la Haute-Côte-Nord et avec l’aide de bénévoles et de collaborateurs, trois lacs sont actuellement suivis de près, soit les lacs des Cœurs, Gobeil et Saint-Onge. Ce dernier, au statut de « méso -eutrophe », fait moins bonne figure.

Catherine Émond, de l’OBV Haute-Côte-Nord, en plein échantillonnage. Courtoisie

« Le lac Saint-Onge est celui qui est dans le moins bon état trophique dans ces trois-là. La santé des lacs dépend notamment de l’effet anthropique, mais pas uniquement de ça », indique la chargée de projets de l’OBV de la Haute-Côte-Nord Catherine Emond.

La municipalité des Escoumins a toutefois un plan d’action en branle afin d’améliorer la qualité de l’eau, d’atténuer les rejets dans l’environnement et de respecter le règlement sur l’évacuation des eaux usées des résidences isolées de la loi sur la qualité de l’environnement du gouvernement du Québec.

Des inspections étaient prévues jusqu’en juillet dernier. « Une fois le rapport d’inspection déposé, des installations septiques devront être rectifiées (couvercle, etc.) ou entièrement remplacées si celle-ci démontre une contamination à l’environnement. En conformité avec le règlement Q-2, R22, les citoyens concernés devront construire une nouvelle installation septique dans un délai maximal de 24 mois », précise le plan d’action.

La Municipalité des Escoumins donne accès à un programme d’aide financière pour la réfection ou la construction d’installations septiques.

Myriophylle à épis. Courtoisie OBV Haute-Côte-Nord

Haro sur les espèces envahissantes

Certains lacs de la Haute-Côte-Nord sont aux prises avec des espèces exotiques envahissantes, dont le myriophylle à épis qui affecte les lacs Jérôme et Gobeil, à Sacré-Cœur et Les Bergeronnes

« Du myriophylle à épis a été détecté dans seulement deux lacs de la Haute-Côte-Nord et on souhaiterait que ça ne se propage pas. Pour ce faire, on demande d’éviter de circuler dans les secteurs où le myriophylle à épis est présent et de laver les embarcations après la navigation sur les lacs », conclut Mme Emond.

Il est également important de signaler la présence de ces espèces si vous les observez, et ce, peu importe le secteur.

Un Réseau de surveillance volontaire des lacs (RSVL) permet d’ailleurs un suivi de nombreux lacs en collaboration avec les citoyens, les ministères et associations concernés ainsi que les municipalités.

Des données sont recueillies dans ce cadre depuis 2004. « L’échantillonnage sur plusieurs années consécutives est la meilleure stratégie de suivi dans le cadre du RSVL », estime-t-on.

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