À quand la Maison du premier ministre ?
En mai 2019, Brian Mulroney, accompagné ici de son épouse Mila, a été honoré à Baie-Comeau, sa ville natale.
Plus le temps passe et moins ce projet ne semble être à portée de main ! En juin dernier, la Ville de Baie-Comeau l’a mis sur la glace faute de financement. S’il y a un dossier où on se traîne les pieds, c’est bien celui de la Maison du premier ministre Brian Mulroney.
Le p’tit gars de Baie-Comeau a quitté la politique il y 30 ans, mais au soir du 4 septembre 1984, il créait toute une surprise en remportant les élections fédérales pour devenir quelques jours plus tard, soit le 17 septembre, le 18e premier ministre du Canada. Au Centre Henry-Leonard, c’était l’euphorie générale. Je m’en souviens, car j’étais là.
Les Baie-Comois étaient en liesse. Un fils de la place leur donnait une visibilité extraordinaire en devenant premier ministre du Canada. Baie-Comeau figurait à nouveau sur l’atlas mondial après l’y avait été sous l’impulsion du colonel McCormick. Enfant, Brian Mulroney aspirait déjà à accéder à la plus haute fonction du pays. Il allait enfin entrer dans l’histoire du Canada par la grande porte, lui, fils d’électricien à l’emploi de QNS, né le 20 mars 1939 à l’Hôpital Boisvert. Destiné aux plus grands honneurs, il allait propulser le Canada dans le XXIe siècle bien avant l’heure tant par son rôle sur la scène internationale, notamment en militant en faveur de la libération de Nelson Mandela, que par la création de liens économiques durables avec les États-Unis.
Quelques années après son retrait de la vie politique, ses amis ont entrepris d’honorer sa mémoire en cherchant un lieu à Baie-Comeau pour y établir un musée Mulroney. Le projet circule depuis la fin des années quatre-vingt-dix. Il a d’abord été question d’une salle dans le parc des Pionniers, d’un lieu « non identifié » dans la paroisse Ste-Amélie et enfin d’un musée dans l’ancienne bibliothèque du pavillon Mance, autrefois école anglaise. Le site du musée s’est déplacé sur place La Salle dans un édifice désaffecté, puis est retourné au pavillon Mance que l’on espérait voir devenir l’Espace Bleu de la Côte-Nord.
Et là tout s’arrête. Entre-temps, l’Université Saint-François Xavier d’Antigonish en Nouvelle-Écosse a inauguré l’Institut Brian Mulroney en 2019 au terme de quatre années d’efforts pour réunir 100 millions de dollars afin de souligner « l’extraordinaire contribution » de l’un de ses bacheliers à l’histoire du Canada. En 2022, l’Université Laval lançait à son tour une campagne de financement de 80 millions de dollars pour le Carrefour international Brian Mulroney destiné à ses étudiants en droit, là même où le p’tit gars de Baie-Comeau a étudié pour devenir avocat et entamer une prestigieuse carrière au pays.
Ici, une corporation a vu le jour en 2007 pour rendre hommage au plus illustre fils de Baie-Comeau. Seize ans plus tard, nous sommes toujours au point de départ. La Maison du premier ministre est sur la glace. Pourtant d’importantes sommes d’argent ont été dépensées pour créer une exposition à caractère historique, trois fois plutôt qu’une. Le projet est sur la glace parce qu’il manque un peu plus de trois millions de dollars pour que les plus jeunes découvrent l’histoire d’un p’tit gars de chez eux devenu premier ministre. Tous ces jeunes de moins de 30 ans ne connaissent pas Brian Mulroney. Ils n’étaient pas nés lorsqu’il a quitté la politique en laissant un legs très impressionnant pour assurer la prospérité économique du Canada et une place de choix sur la scène internationale.
À quand la Maison du premier ministre ? Le temps presse si on veut l’honorer de son vivant, car M. Mulroney est âgé de 84 ans. Certes, on lui a remis l’Ordre de Baie-Comeau en 2012 et on lui a consacré un buste sept ans plus tard, mais est-ce suffisant ? La réponse est NON. Il faut faire plus. Sous le couvert de l’anonymat, on me dit qu’une vénérable institution de Baie-Comeau pourrait s’impliquer pour créer le Pavillon Mulroney.
Si la chose est vraie, pourquoi ne pas asseoir autour d’une même table toutes les personnes intéressées à concrétiser ce projet dans les meilleurs délais. Comme l’écrivait Denise Bombardier en 2018 dans l’une de ses chroniques : « Une société qui refuse de reconnaître les meilleurs de ses citoyens souffre d’un sérieux complexe d’infériorité. C’est une société qui a perdu sa capacité d’admiration, un des sentiments les plus nobles qui soient ». J’ose croire que ce n’est pas le cas des Baie-Comois, sinon l’initiative pourrait venir d’ailleurs sur la Côte-Nord comme des Septiliens ou même des Port-Cartois.
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