Le gouvernement caquiste lance finalement sa consultation sur le troisième lien

Par Thomas Laberge 1:25 PM - 27 février 2024 La Presse Canadienne
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La ministre des Transports du Québec, Geneviève Guilbault, tient une pile de classeurs alors qu'elle participe à une conférence de presse pour annoncer qu'elle ne construira pas un troisième lien pour les automobiles entre Lévis et Québec, le jeudi 20 avril 2023, à l'Assemblée législative de Québec. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

Sans esclandre, le gouvernement du Québec a finalement lancé sa consultation sur le troisième lien et la mobilité pour les régions de la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, sous la forme d’un questionnaire en ligne. Après sa défaite dans Jean-Talon, le premier ministre François Legault avait dit vouloir prendre le pouls de la population.

Le ministère des Transports explique que la consultation publique vise à obtenir une vue d’ensemble des besoins et des préoccupations de la population en matière de mobilité dans ces deux régions.

«Les résultats obtenus permettront d’alimenter la réflexion du gouvernement sur les pistes de solution à privilégier pour améliorer la mobilité dans chacune des deux régions et entre elles», peut-on lire dans le communiqué.

Parmi les questions, on retrouve par exemple: «Considérez-vous qu’il y a un problème de mobilité dans les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches?»

On demande également aux citoyens s’ils pensent que la construction de nouveaux axes routiers ou d’un lien additionnel de transport routier entre les deux rives permettrait d’améliorer la mobilité dans ces deux régions. L’idée d’un lien exclusivement réservé au transport en commun est également évoquée.

Les participants sont aussi invités à s’exprimer sur leurs fréquences de déplacement dans ces régions et sur leur temps de déplacement, en plus de fournir des informations sur leur âge et leur niveau de scolarité, notamment. La consultation se tiendra jusqu’au 22 mars.

Même si elle vise à recueillir les opinions à l’égard de la mobilité dans les régions de la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, les citoyens d’ailleurs au Québec sont invités à y prendre part. Les questions sont toutefois plus nombreuses pour les participants issus des régions concernées.

Défaite dans Jean-Talon

Moins de 24 heures après sa cuisante défaite dans Jean-Talon face au Parti québécois (PQ) en octobre dernier, le premier ministre François Legault a pris tout le monde par surprise en annonçant qu’il voulait consulter la population de Québec au sujet du troisième lien et que toutes les options étaient sur la table.

«Les citoyens ne sont pas satisfaits du gouvernement de la CAQ. Je pense qu’il y a un lien à faire avec le troisième lien, donc il faut aller les consulter», avait alors affirmé M. Legault en point de presse à l’Assemblée nationale.

Le candidat du PQ dans Jean-Talon, Pascal Paradis, a toutefois été élu avec plus de 44 % des votes après avoir pris position contre l’aménagement d’un troisième lien autoroutier.

La volte-face du premier ministre survenait quelques mois après que la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, eut annoncé l’abandon du volet autoroutier du projet au profit d’un tunnel réservé au transport en commun.

Rappelons que la Caisse de dépôt et placement du Québec a aussi eu le mandat du gouvernement de se pencher sur le troisième lien, en plus d’étudier un scénario de transport en commun pour la ville de Québec.

«Le 3e lien est mort et enterré»

Les partis d’opposition à Québec sont sceptiques au sujet de l’initiative du gouvernement.

«Ce que nous observons n’est qu’une façade de consultation de la population, une illusion. La CAQ a déjà octroyé le mandat à la Caisse de dépôt pour le projet à Québec. François Legault cherchait à restaurer le lien de confiance avec la population, mais il est peu probable que ce lien soit rétabli avec ce simple questionnaire», a soutenu le libéral Monsef Derraji.

«Le 3e lien est mort et enterré et c’est la CAQ qui tient la pelle, ce n’est pas une consultation qui arrive 10 ans en retard qui va changer ça. Est-ce que François Legault lance une consultation seulement pour pouvoir faire une 3e campagne électorale sur le 3e lien? Les gens de Québec et de partout méritent mieux que le fantôme d’un projet autoroutier de 10 milliards $», a indiqué le solidaire, Etienne Grandmont.

«C’est bien de consulter la population, mais on se demande d’où sort cette consultation-ci à ce moment-ci, et à quoi elle va servir alors que le gouvernement a envoyé à CDPQ Infra le mandat de la mobilité et des transports dans la région de Québec. Les questions semblent orientées vers les réponses souhaitées, alors que les grands projets d’infrastructures qui coûtent des milliards, on ne les lance pas pour des raisons électoralistes, mais sur la base d’études scientifiques», a affirmé le péquiste Pascal Paradis.