Un nouveau programme pour les soins dans les régions éloignées du Québec
Le ministre de l'Économie et de l'Innovation, Pierre Fitzgibbon, prend la parole lors d'un événement à Québec, le 2 février 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot
Un nouveau programme visant à améliorer l’accès aux soins en régions éloignées a été présenté vendredi matin entre autres par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, et le PDG de CTS – Catalyseur Technologie Santé, Jean-Pierre Robert.
Dans le cadre du congrès Première ligne en santé 2024, ils ont vanté le potentiel du programme Harfang qui implantera à terme des technologies québécoises adaptées aux régions pour favoriser l’accès et l’équité dans les soins de santé.
«L’innovation en santé, c’est clairement l’une des priorités pour notre gouvernement, a déclaré M. Fitzgibbon dans une allocution au Palais des Congrès. Notre réseau fait face à des enjeux importants, la société québécoise est confrontée au vieillissement de la population, elle est aussi confrontée à l’augmentation importante des dépenses d’exploitation du réseau.»
Comme son collègue ministre de la Santé, Christian Dubé, M. Fitzgibbon estime que la contribution du privé en santé est une opportunité. «Je pense qu’on doit de plus en plus miser sur des collaborations avec le privé, les organismes de recherche et les entreprises», a-t-il soutenu.
Une vision qui n’est pas partagée par tous. Jeudi, alors que le ministre Dubé devait faire un discours à l’événement Première ligne en santé 2024, il a été interrompu par des manifestants qui contestaient la place du privé en santé en scandant «Pas de privé en santé!»
L’allocution de M. Fitzgibbon de vendredi s’est déroulée sans anicroche.
Au Québec, près d’une personne sur cinq vit dans une région éloignée et n’a pas le même accès aux soins de santé que les habitants des grands centres. On observe plusieurs disparités, notamment des coûts supplémentaires, un accès plus difficile aux services, un manque de ressources spécialisées ainsi que des lacunes en termes de sensibilisation à la santé pour les gens qui résident dans des secteurs ruraux.
Ces iniquités ont des conséquences sur l’état de santé des Québécois qui sont en région éloignée, entre autres sur leur espérance de vie.
Dans un premier temps, le programme Harfang va sonder les établissements de santé et les CIUSSS dans des endroits ciblés pour évaluer leurs besoins particuliers. Ensuite des projets pilotes qui mettent de l’avant des technologies verront le jour avant d’être implantés de façon plus permanente.
«Normalement, les entreprises, quand elles commencent à commercialiser, (…) elles implantent dans les grands centres, et ensuite, elles vont ailleurs. Ce qui arrive, c’est que les régions éloignées sont souvent négligées. Les gens ne sont pas nécessairement au courant que ces technologies sont là ou elles ont moins les ressources pour évaluer ces technologies et comment ça pourrait les aider», a commenté en entrevue Jean-Pierre Robert, président-directeur général du CTS.
Pour identifier les technologies québécoises adéquates, CTS travaillera en collaboration avec le Bureau de l’innovation en santé et services sociaux du ministère de la Santé. Un premier projet pilote devrait voir le jour d’ici six mois, dans une région éloignée qui n’a pas encore été déterminée. Deux autres projets sont prévus l’an prochain.
L’objectif est que les professionnels et de la santé et les patients puissent profiter de technologies qui évitent que l’un ou l’autre se déplace. «Tout tourne autour des soins à distance», précise M. Robert.
Il souligne que le Québec dispose des ressources et de l’expertise nécessaires pour y arriver. «On a ce qu’il faut en termes de technologie, soit de santé numérique, soit de technologie médicale pour le diagnostic à distance, qui sont disponibles ici, issues d’entreprises du Québec», dit-il.
Le mouvement Desjardins a contribué à hauteur de 350 000 $ au programme Harfang. Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et la Ville de Montréal contribuent au projet au niveau fonctionnel des opérations.
Le rôle des CLSC bonifié
Une autre initiative en santé a été annoncée vendredi, cette fois par la ministre responsable des Aînés et ministre déléguée à la Santé, Sonia Bélanger.
Le rôle des CLSC sera bonifié afin qu’ils deviennent le point d’accès principal aux soins et aux services pour les personnes âgées. Cela permettra aux aînés de retrouver à un seul endroit tous les programmes pour les personnes âgées et les proches aidants. Le personnel de la santé pourra aussi mieux repérer les personnes en perte d’autonomie afin d’agir en prévention.
Selon Mme Bélanger, «au fil des ans, le rôle des CLSC n’a pas été suffisamment valorisé» et ces établissements étaient tout désignés pour répondre à une recommandation du Commissaire à la santé et au bien-être qui souhaitait implanter des bureaux régionaux pour les aînés afin de faciliter l’accès au soutien à domicile.
Cette bonification du rôle des CLSC sera mise en branle au courant de cette année et sera terminée d’ici l’automne 2025, indique un communiqué du ministère.
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