Projet Wampum : Revivre le passé en vue de se réconcilier

13 Décembre 2012
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Baie-Comeau – D’ex-pensionnaires autochtones parcourent le Québec pour raconter leur histoire, parfois heureuse, parfois douloureuse, dans le cadre d’un projet de réconciliation entre leur peuple et les Allochtones, mis en place par le gouvernement fédéral via la Commission de vérité et de réconciliation du Canada.

Marlène Joseph-Blais

L’équipe du Projet Wampum s’est arrêtée dans la Manicouagan, le 5 décembre, où elle a rencontré la population, dont plusieurs personnes issues de la communauté de Pessamit, pour revisiter le passé et entamer un processus de paix. Deux rencontres ont eu lieu, au cégep de Baie-Comeau ainsi qu’à l’Ouvre-Boîte culturel, rassemblant plus d’une centaine de participants au total. Orchestrée par un regroupement de professionnels nommé Les Pléiades Associées, cette tournée de plusieurs régions du Québec aboutira, en avril 2013, à un événement national de commémoration qui aura lieu à Montréal. C’est à ce moment que sera présentée la ceinture wampum, fabriquée par un artiste huron-wendat à l’aide de perles provenant du coquillage wampum, qui seront imprégnées de l’esprit des participants des quatre coins de la province.

Revivre le passé

Un membre de l’équipe des Pléiades Associées et Innu de Mashteuiatsh, Alexandre Bacon, a d’abord introduit l’historique des pensionnats autochtones au Québec. «On ne parle pas souvent des Indiens dans l’histoire du pays. Ils étaient là quand le Canada a été découvert. Ensuite ils ont disparu on ne sait pas où et ils sont ressortis lors de la crise d’Oka!», a-t-il raconté avec humour, mentionnant qu’à un moment, quand les Blancs eurent besoin de bois, la forêt fut coupée et seuls les Amérindiens restèrent debout. «On était face au problème indien. Il fallait les civiliser. Le gouvernement s’est dit : On ne les tuera pas physiquement, mais on va les tuer culturellement et on va tuer leurs droits», a relaté M. Bacon.

Tour à tour, les quatre ex-pensionnaires invités ont raconté les souffrances vécues pendant leur jeunesse, l’enfer dans lequel ils se sont retrouvés à la sortie du pensionnat et, finalement, la façon dont ils ont réussi à s’en sortir. «J’avais six ans quand j’ai fait mon premier voyage au pensionnat. Ma mère avait rempli ma valise de belles choses comme l’amour et le respect. Lorsque je suis rentré à la maison, ma petite valise était devenue beaucoup plus grosse, pleine de colère, de haine et de honte», a exprimé Marcel, avant de révéler son ancien quotidien, caractérisé par un mélange d’alcool, de drogue et de violence. Sobre depuis près de 20 ans, Marcel a présenté son épouse Louisette, qui a aussi témoigné des étapes traversées.

Marie, une autre invitée originaire de Mashteuiatsh, a quant à elle illustré le ravage causé par son passage au pensionnat, le qualifiant de destruction de l’enfance, de l’estime de soi et de l’amour propre. «Quand je vivais tout ça, je pensais à mon frère et ma sœur, qui étaient tout petits et je me demandais ce qu’ils pouvaient bien être en train de vivre dans les autres pièces», a-t-elle laissé tomber avec émotion.

Réconciliation

En remerciant les personnes s’étant déplacées pour l’occasion, Alexandre Bacon a souligné l’importance d’un tel exercice. «Entendre cette histoire difficile est nécessaire pour retrouver les fondements de nos relations», a-t-il observé. Pour clore cette activité d’échange et de partage, les participants se sont réunis autour d’un goûter concocté par la communauté de Pessamit. Les gens présents ont été invités à déposer une prière auprès des perles qui formeront la ceinture wampum.

 

Photo : Après un passage dans le Bas-Saint-Laurent, le Projet Wampum s’est arrêté sur la Côte-Nord la semaine dernière. La tournée se poursuivra en 2013, alors que l’équipe visitera entre autres l’Abitibi-Témiscamingue et le Centre du Québec. (Le Manic)

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