Controverse autour des boîtes de chocolat

16 janvier 2013
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Baie-Comeau – La Table de concertation des associations de personnes handicapées (CAPH) de la Côte-Nord met en garde les commerçants de la région par rapport à une controverse entourant l’entreprise Chocolat Unik, distributrice de boîtes de chocolat posées sur les comptoirs de nombreux commerces.

Marlène Joseph-Blais

À la CAPH, autant qu’à la Table régionale des organismes communautaires (TROC) et qu’à l’Association des handicapés adultes de la Côte-Nord (AHACN), on affirme ne jamais avoir reçu d’aide financière, ni de don en matériel, provenant de la Fondation d’Aide aux Handicapés du Québec (FAHQ), à qui profite la vente de ces chocolats. «Ce que je veux, c’est que les commerçants soient au courant que nous ne recevons pas d’argent d’eux. Je suis capable d’affirmer que nous n’avons jamais rien reçu de leur part», a indiqué la coordonnatrice régionale de la CAPH, Sylvie Vaillancourt, ajoutant qu’elle préfère sensibiliser la population puisqu’elle considère que leur argent ne va peut-être pas à la bonne place.

La coordonnatrice adjointe de la TROC, Anne Gagné, et Stéphanie Jourdain, de l’AHANC, abondent dans le même sens. «Je n’ai pas du tout eu connaissance de cet argent-là et je ne pense pas qu’il y ait des organismes d’ici qui en aient bénéficié», a avancé Mme Gagné. Mise au parfum de cette histoire par des organismes de la région, la Chambre de commerce de Manicouagan a contacté ses membres en leur recommandant de retirer les boîtes et de cesser leur participation à ce commerce, en précisant toutefois qu’ils sont libres d’agir comme ils le souhaitent.

Chocolat Unik se défend

Sur ces boîtes, on peut lire que la FAHQ «[aide] les personnes handicapées en leur donnant gratuitement de l’équipement médical reconditionné». Le propriétaire de Chocolat Unik, Sylvain Daneau, qui est aussi vice-président de la FAHQ, s’insurge des allégations dont il est l’objet. Il défend son entreprise en écartant toute accusation de fraude et en répétant qu’il a bâti tout cela avec son cœur. «J’offre un produit moins cher qu’au dépanneur, en faisant travailler du monde et en réussissant à donner un pourcentage à la charité. Qu'on arrête de me parler de fraude. Revenu Canada est venu ici et ils n’ont rien trouvé. Si c’était une fraude, l’entreprise serait déjà fermée», a-t-il souligné, se disant le plus transparent possible.

Des organismes de la région ont mentionné que seulement 3 % du 2 $ recueilli pour chaque barre vendue serait remis à la FAHQ, ce qui, selon M. Daneau, est tout à fait normal. «En 2013, je ne peux pas croire que quelqu’un s’attend à ce que le 2 $ payé soit entièrement donné à la charité. Je paie le produit, la TPS, la TVQ, les boîtes, le salaire du personnel et le mien et j’ai un taux de vol de 20 %», a-t-il dit.

Quant à l’absence de dons effectués sur la Côte-Nord, M. Daneau estime qu’elle s’explique par le fait qu’aucune demande n’a été administrée. «Il n’y a pas de liste d’attente à la Fondation. Les personnes handicapées qui ont besoin de matériel n’ont qu’à nous téléphoner et nous leur en fournirons, comme c’est le cas dans d’autres régions», a-t-il souligné.

Accusations

Le 1er janvier, le quotidien La Presse publiait un article évoquant des faits selon lesquels la compagnie Chocolat Unik et son président seraient liés à la famille Baker, autrefois propriétaire des entreprises Chocolat 3 Étoiles, Chocolats Cinq Étoiles et Chocolat suprême, qui ont toutes fait faillite au début des années 2000. Le 2 novembre 2012, la Gendarmerie royale du Canada déposait des accusations contre quatre individus en lien avec des allégations de fraude évaluée à 1,4 M $. Il s’avère qu’au moins un de ces quatre accusés travaille actuellement pour Chocolat Unik et que M. Daneau a déjà été employé par l’une des entreprises citées dans l’enquête.

 

Photo : Des boîtes telles que celle-ci se retrouvent sur les comptoirs de divers commerces de la Manicouagan depuis des années. Des organismes de la région affirment ne jamais avoir perçu d’argent provenant de la Fondation. (Le Manic)